Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Quand les tambours s’arrêteront » de Hugo Fregonese.
« Quelquefois il est plus facile d’être brave qu’honnête »
En 1880, dans la ville de Spanish Boot, Sam Leeds se fait chasser car il a tué un de ses concitoyens. Bien que le meurtre ait eu lieu en état de légitime défense, le maire ne veut rien entendre. Ce dernier, du nom de Joe Madden, décide également de faire partir les prostituées. Alors que Sam quitte définitivement la ville, il retrouve les femmes sauvagement assassinées par des Apaches Mescaleros. Ce groupe est en route vers la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis pour rejoindre une guerre et son chemin passe par Spanish Boot...
« Mieux vaut risquer un homme que d’exposer toute une ville »
Le réalisateur Hugo Fregonese a sans aucun doute l’un des parcours les plus atypiques parmi tous les cinéastes qui ont œuvré à Hollywood dans les années 50. Et pour cause : d’abord journaliste sportif dans son Argentine natale, il viendra poursuivre ses études à New York au milieu des années 30. Là, il saisit l’opportunité de travailler comme consultant puis assistant de production sur des petites productions cinématographiques. Se prenant au jeu, il retourne alors en Argentine où il réalise ses premiers films, avant de revenir travailler – comme réalisateur cette fois - à Hollywood au début des années 50. Là il réalisera pour les studios Universal puis 20th Century Fox une dizaine de films de série B, pour l’essentiel des westerns et des films noirs. Des projets de second plan, souvent bien ficelés, et qu’il parviendra le plus souvent à transcender pour en tirer le meilleur. A l’image de « L’étrange M. Slade » ou de l’excellent « Le raid », dont le visionnage est fortement recommandé.
« Il faut croire que les bonnes cartes viennent en main une fois que la partie est finie »
En 1951, il signe ainsi le western « Quand les tambours s’arrêteront », adaptation du roman « Stand at Spanish Boot » de Harry Brown (qui décrochera l’année suivante l’Oscar du meilleur scénario pour « Une place au soleil » de George Stevens). L’histoire d’un village de l’ouest qui doit faire face au siège des indiens Mescaleros, sur le seuil de la guerre et bien décidés à en décimer tous les habitants. Bien avant « Alamo » (1960) et « Rio Bravo » (1959), Fregonese donne ici ses premières lettres de noblesse au western de siège, thématique qui compte parmi les grands classiques du cinéma américain (de « Beau Geste » à « Assaut » en passant par « Les chiens de pailles » ou même « Maman j’ai raté l’avion »). Il faut dire que qu’avec son huis clos immersif, son ambiance électrique (rythmée par le bruits des tambours qui accompagnent les attaques successives des indiens), sa violence sèche et sa durée resserrée, le film offre un spectacle des plus haletants. Mais il y a aussi dans « Quand les tambours s’arrêteront » une dimension religieuse évidente (rédemption du héros qui était rejeté par la communauté, sacrifice de celui qui l’avait rejeté, église comme dernier rempart face à la barbarie, pécheurs massacrés d’entrée) qui donne une toute autre dimension au récit. Rarement un western de série B aura été aussi puissant et aussi prenant. Dans le genre, c’est un vrai bijou.
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Le DVD : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition, et proposé en version originale américaine (5.1) ainsi qu’en version française (5.1). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées Bertrand Tavernier et Patrick Brion.
Édité par Sidonis Calysta, « Quand les tambours s’arrêteront » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 26 juin 2020.
Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.