[SƎANCES FANTASTIQUES] : #7. The Woman in Black

Par Fuckcinephiles

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Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'oeuvre de la Hammer, que des pépites cinéma bis transalpin en passant par les slashers des 70's/80's; mais surtout montrer un brin, la richesse d'un cinéma fantastique aussi riche qu'il est passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !


7. La Dame en Noir de James Watkins (2012)
Si la Hammer à connu une renaissance timide depuis le début des années 2010 (Let Me In et The Lodge sont leurs seuls vrais faits d'armes), force est d'avouer que les plus beaux hommages offerts à la firme sont venus de l'extérieur - et surtout du côté du cinoche hispanique -, que ce soit aussi bien sur le petit que sur le grand écran.
Pas le plus cité et encore moins le plus manchot du lot, La Dame en Noir du brillant James Watkins (Eden " Fucking " Lake), adaptation d'un texte fantastique de la romancière Susan Hill (déjà porté sur le petit écran dans un honnête téléfilm en 1989), n'en reste pas moins une petite bombe qu'il est toujours de bon ton de rappeler à l'occasion... Et cette section est justement l'outil parfait pour le faire.

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On y suit les aléas d'Arthur Kipps (Daniel Radcliffe, brillant dans l'un de ses premiers rôles post-Harry Potter), jeune notaire dans le Londres du début du XXème siècle, qui a dut mal à se remettre de la mort de sa femme, décédée à la naissance de leur fils, quatre ans plus tôt.
Il est obligé de se rendre dans le petit village perdu de Crythin Gifford pour régler la succession d'une cliente récemment morte.
Dans l'impressionnant manoir de la défunte, il ne vas pas tarder à découvrir d'étranges signes qui semblent renvoyer à de très sombres secrets.
Face au passé enfoui des villageois mais aussi à la mystérieuse femme en noir qui hante les lieux et s’approche chaque jour davantage de lui, Arthur va basculer dans le plus épouvantable des cauchemars...
La Dame en Noir, ou l'itinéraire de deux âmes torturées par la perte d'un être cher, qui ne reviendra jamais plus : Kipps, forcé d'élever seul son petit garçon, reste traumatisé par la disparition de sa femme - l'élément vital de son existence -, morte en donnant la vie, et Jennet Humfrye, déchiré par la mort du fruit de ses entrailles - engloutie dans les marais -, alors qu'elle tentait de l'arracher à la famille (celle de sa sœur) qui le lui avait enlevé (inconsolable, elle se pendra dans la chambre même du bambin).

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Deux âmes frappées par la tragédie qui déambulent dans le monde tels des morts-vivants, ce qu'est réellement Jennet d'ailleurs, la fameuse " Dame en Noir ", dont le spectre hante le village ou est envoyé Arthur.
À chaque fois que l'on apercevra sa silhouette, des enfants commettront d'effroyables suicides, signe de représailles à l'encontre des villageois qu'elle estime responsable de la mort de son fils; à chaque fois qu'Arthur la verra, un môme d'une dizaine d'année périra affreusement (autant dire que la côte de popularité du bonhomme, mais surtout l'indice de population des moins de douze ans du village, n'est pas au beau fixe).
Sombre de bout en bout, incroyablement élégant et d'une froideur hypnotique, la péloche étreint son auditoire pour ne plus jamais le lâcher, emprisonnant son spectateur comme tous ceux s'aventurant maladroitement sur la presqu'ile ou se dresse le manoir gothique des Humfryes.
Abordant le thème foutrement casse-gueule de la maison hantée, en égrainant tous ses vieux tips faciles (le fauteuil qui bascule dans le vide, les portes qui s'ouvrent et se ferment toute seule, les apparitions dans le miroir ou les fenêtres, les planches de bois qui grincent,...) avec un respect sans bornes, Watkins dégaine une vérité presque indiscutable : c'est toujours dans les vieux pots que l'on concocte les meilleurs cauchemars, et il fait de son petit moment de flippe classique un vrai film d'épouvante à l'ancienne, entre agressivité et surnaturel, cauchemar et pourriture, poésie romanesque et fragilité mature.

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Le tout dans le cadre embrumé de Crythin Gifford (magnifié par la superbe photo de Tim Maurice-Jones), rappellant l'âge d'or d'une Hammer ou Van Helsing débarquait (trop souvent) en Transylvannie pour traquer du suceur de sang légendaire.
Porté à bout de bras par un Daniel Radcliffe tout en maturité et en sagesse (il véhicule à lui seul dans son apparence raide et désemparé, toute la tragédie et l'intensité de l'histoire), frappé par de jolies séquences tétanisantes (une gamine qui s'immole par le feu, la scène du marais, la scène de la chambre de l'enfant de Jennet, ...) appuyée par la musique ténébreuse de Marco Beltrami, The Woman on Black est un conte gothique morbide, modeste et attachant, qui vous glace le sang autant qu'il vous touche en plein cœur; un petit bijou d'épouvante soft, ou l'ambiance et l'atmosphère sont privilégiés à l’esbroufe sonore et visuelle, ou le cinéaste joue son histoire, au lieu de se jouer de son spectateur, si rare dans le cinéma fantastique d'aujourd'hui.
Tellement rare que cela méritait bien un billet, juste pour le rappeler.
 
Jonathan Chevrier