Synopsis : " L'auteure à succès, Veronica Henley, se retrouve piégée dans un monde effroyable dont elle doit percer le mystère avant qu'il ne soit trop tard. "
Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position "je m'installe comme à la maison" ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique...
Nouveau produit surfant sur la vague actuelle des films de genre américain politisé, par les producteurs de Get Out (2017) et Us (2019) de Jordan Peele, Antebellum est le premier long métrage écrit et réalisé par le duo Gerard Bush et Christopher Renz ( Bush + Renz pour les intimes ou le marketing). On suit l'histoire de Veronica Henley ( Janelle Monàe), une auteure à succès, engagée dans la lutte des droits civiques, qui se retrouve piégée dans un cauchemar terrifiant, celui d'une plantation du XIXe siècle, en pleine guerre de Sécession, dont elle doit parvenir à percer le mystère pour s'en échapper. Il est difficile d'en dire plus sur l'intrigue sans spoiler, même si le marketing du film s'en est déjà bien chargé.
Il est fort probable que vous soyez tombé récemment sur cette tagline tapageuse, inscrite sur les affiches du film dans le métro, en allant travailler le matin : " Surtout, ne spoilez pas la fin ". Le genre de promotion qui met la puce à l'oreille aux spectateurs sur la présence d'un twist, en plus des bandes annonces qui vont jusqu'à truquer certains plans de manière très peu subtile pour cacher les spoils. Malheureusement, si vous avez vu la bande annonce d' Antebellum, il y a de fortes chances que vous deviniez assez rapidement le fameux twist qui, en plus d'être terriblement prévisible, n'apporte strictement rien à l'histoire, ni à son propos politique. Certains parlent même de twist à la Shyamalan. Une comparaison assez facile pour un retournement qui n'en a aucunement la malice. Les révélations finales dans les films du cinéaste ont pour but d'apporter un autre regard à l'histoire en y dévoilant une vérité cachée, à l'image de Sixième sens (1999)ou encore Le Village (2004).
Si le premier long métrage du duo recèle quelques qualités techniques et esthétiques (un beau plan-séquence d'ouverture trop démonstratif, une séquence finale esthétiquement belle pour les yeux, mais terriblement vaine et maladroite dans son propos), Antebellum ne fait que surfer sur la vague du cinéma de genre américain actuel. Le film arrive après Get Out et Us et veut s'inscrire dans la continuité thématique de ses deux aînés, mais avec la pertinence et la subtilité d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Le film repose sur un dispositif de narration intéressant sur le papier mais qui, à l'écran, se révèle terriblement artificiel : jouer sur les temporalités de deux époques différentes, qui ont en commun le constat d'un racisme latent, inscrit dans les gênes des Etats-Unis d'Amérique, des fondements de son histoire jusqu'à notre époque contemporaine. Les cinéastes citent en ouverture l'écrivain William Faulkner : " Le passé ne meurt jamais. Il n'est jamais passé ". Un propos politique loin d'être inintéressant dans son constat, mais qui manque cruellement de pertinence et de subtilité, en grande partie gâché par ce twist artificiel et sacrifié sur l'autel de la promotion du long métrage.
Antebellum finit par nous achever avec un appel à la rébellion par la violence, dans un final dont la maladresse du message politique nous reste en travers de la gorge. Il provoque même un malaise assez similaire à celui ressenti devant The Birth of Nation de Nate Parker, film primé à Sundance en 2017, et qui prônait également la violence comme réponse au Naissance d'une nation de D.W. Griffith (1915). Pourtant prometteur sur le papier, Antebellum rate le coche en refusant pleinement sa dimension politique.
Ce film est interdit aux moins de 12 ans.
" Antebellum s'avère être un thriller psychologique bas de gamme, en grande partie sacrifié par un marketing outrageux et une structure narrative aussi vaine qu'artificielle. "