Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 20 Septembre au 26 Septembre
Dimanche 20 Septembre. Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve sur France 2.
En 2049, la société est fragilisée par les nombreuses tensions entre les humains et leurs esclaves créés par bioingénierie. L’officier K est un Blade Runner : il fait partie d’une force d’intervention d’élite chargée de trouver et d’éliminer ceux qui n’obéissent pas aux ordres des humains. Lorsqu’il découvre un secret enfoui depuis longtemps et capable de changer le monde, les plus hautes instances décident que c’est à son tour d’être traqué et éliminé. Son seul espoir est de retrouver Rick Deckard, un ancien Blade Runner qui a disparu depuis des décennies...
Y avait-il projet plus casse-gueule que ce Blade Runner 2049 ? En effet, comment se dresser face à l’œuvre Scottienne ? Tout simplement en brandissant un héritage sans pour autant caresser nos souvenirs. Car, loin des résurrections de certes saga culte des années 80, le cinéaste ne tient pas à proposer quelque chose de réconfortant ou familier. Blade Runner 2049 est une proposition radicale, hermétique et âpre, dans un certain sens on pourrait presque parler de blockbuster élitiste tant il ne peut que polariser les opinions. C’est là que réside toute la force, et faiblesse pour certains, de cette proposition. Denis Villeneuve s’empare totalement de l’œuvre originale pour l’amener autre part, dans ses contrées cinématographiques pour faire scintiller de manière aussi surprenante qu’évidente une profonde tristesse qui vient, dans la glaçante solitude, cueillir.
Mais aussi... TF1 propose Black Panther de Ryan Coogler. 28 aout. Le choc. Chadwick Boseman est mort. Un petit séisme pour celui qui n’était plus seulement un acteur, mais bel et bien un symbole. Le premier superhéros noir, aura émerveillé une toute jeune génération d’afro-américan qui trouve dans ce Black Panther un modèle. Alors oui, le film de Coogler s’est extirpé de son cadre cinématographique, mais néanmoins, il reste une prouesse au sein de l’empire Marvel. Avec ses instants Bondien, Black Panther est une œuvre aussi sociale que politique, émouvante et galvanisante.
Lundi 21 Septembre. Chambre avec Vue de James Ivory sur France 5.
Lucy Honeychurch, en voyage à Florence avec une vieille cousine, tombe amoureuse d’un jeune Anglais, qui comme elle a été témoin d’un meurtre. Mais, elle étant « convenable » et lui pas, elle rompt puis s’impose des fiançailles de convenances avec un autre. Ayant désespéré tour à tour les deux jeunes hommes, malheureuse, elle décide de repartir, pour Athènes cette fois.
James Ivory n’a d’américain que la nationalité, car, quand on se plonge dans sa filmographie on termine avec la certitude que le cinéaste est un anglais pure souche et ce n’est pas Chambre avec Vue qui retirera ce sentiment. En effet, cette première adaptation de l’œuvre de E. M Forster — il en réalisera deux autres, Maurice et Howards End, est l’incarnation même du cinéma Ivorien. Le désir qui enflamme et se retrouve heurter dans la rigidité d’une époque, la minutieuse scrutation des milieux aristocratiques anglais ou encore la fougue masculine sont autant de réflexion qui irrigue une œuvre sensuelle et précieuse. Car, Chambre avec Vue est un film délicat, sensible et précieux qui bénéfice en plus d’une superbement distribution de Maggie Smith à Judi Dench en passant par une Helena Bonham-Carter toute jeune et d’un Daniel Day Lewis tout jeune également.
Mais aussi... W9 programme Pirates des Caraibes : la Malediction du Black Pearl de Gore Verbinski. Qui aurait cru en 2003 qu’une saga de pirates pourrait émerger dans le milieu du blockbuster américain ? Il faut dire que le genre était devenu inexistant et plutôt ringard. Il fallait bien tout le génie de Verbinski, qui, au sein de ce premier volet, parvient à reprendre les codes de ce type de film en l’ancrant dans son époque. En ressort un spectacle virevoltant, aussi fun que titanesque qui ne cesse d’offrir des images fortes.
Jeudi 24 Septembre. Quatre Mariage et un Enterrement de Mike Newell sur Cherie25.
Charles, jeune séducteur aux nombreuses conquêtes, a atteint l’âge ou ses connaissent se marient. Dès lors, il se retrouve garçon d’honneur et doit faire face à ses anciennes aventures. Heureusement, il peut compter sur ses plus proches amis, Fiona, Gareth, Tom, Matthew et Scarlett. Lors d’un mariage, Charles rencontre Carrie, charmé par elle il la revoit a un second mariage, la voici fiancée, elle ne tardera plus a se marier…
Incontournable de la romcom, Quatre mariages et un enterrement est certes un film réalisé par Mike Newell, mais c’est surtout un film scénarisé par Richard Curtis. L’homme s’est imposé au fil des années comme une référence en matière de romcom réussie, en témoigne Coup de foudre à Notting Hill, Love Actually ou plus récemment Il Etait Temps. Le long-métrage porté par Hugh Grant est l’un de ses premiers essais cinématographiques et contient déjà toute la caractérisation de son univers. Tourbillonnant, aussi désinvolte que cocasse, Quatre mariages et un enterrement contourne élégamment les pièges du genre et faisant exister des personnages un brin loufoques. Mais c’est surtout quand cette ritournelle du mariage vient s’interrompre et que subtilement apparait la gravité, que le génie de l’écriture de Curtis s’anime. S’il est un maitre de la romcom, c’est peut-être parce qu’il parvient à faire du genre un reflet de nos vies, aussi drôle qu’elles puissent être il n’en oublie jamais les instants de tristesses qui la parsème.Thibaut Ciavarella