Dans son premier roman autobiographique, Gaël Faye racontait, avec beaucoup d’émotions, son enfance au Burundi entre un père français et une mère Tutsie. Entre sa bande de copain, l’implosion du couple de ses parents, il va vivre le génocide et le coup d’état. Son roman mêlait avec une grande humanité et beaucoup de talent la Grande Histoire à son histoire personnelle ; gros succès en librairie couronné par le Goncourt des Lycéens. Un beau moment de lecture.
Appliqué et bon élève, Eric Barbier essaie de rester dans les traces du roman, quitte à se casser les dents. Il reste à hauteur d’enfant ici aussi mais ne parvient que très rarement à reproduire la puissance émotionnelle de sa matière première. Terrible, le plus grand moment d’émotion du film surgit lors du générique de fin avec la chanson « Petit Pays » de Gaël Faye, tout est dit… enfin presque. Son film est un survol du roman et des personnages à l’image de cette bande de copains faisant les 400 coups, ou la professeur de français, ou de l’histoire du vélo volé dont il n’exploite toutes les possibilités narratives ; mais il parvient tout de même à tenir la route du récit. Par contre, lorsqu’il doit intégrer la Grande Histoire de cette partie de l’Afrique entre Zaïre, Burundi ou Rwanda, les maladresses sont nombreuses, le propos pas toujours clair, les parties pris légion ; mais pire que tout, il perd le spectateur dans les méandres d’un conflit trop ardu pour trouver sa place dans un film tout public de 1h45.
Comme souvent, un bon roman hérite exceptionnellement d’un film à la hauteur. Les lecteurs du roman ne pourront être que déçus ; les autres seront paumés dans le récit historique et spectateurs d’une histoire humaine familiale qui aurait dû être passionnante.
Sorti en 2020
Ma note: 11/20