Et on finit cette sixième saison avec du très bon de la part des auteurs Nicolas Tackian et Véronique Lecharpy et du réalisateur Thierry Petit. L'intrigue, pour le moins originale au regard des précédentes enquêtes d' Alex Hugo, utilise à merveille l'éloignement de la civilisation, avec ce huis clos symbolique dans une petite communauté d'ex citadins venus se réfugier en quasi autarcie au cœur d'un village délaissé par les gens du cru. Et entre les rangs de permaculture, une bien vilaine graine a germé : celle d'un secret devenu trop lourd pour ces néo-paysans qui rêvent d'une vie plus saine, au plus proche de la nature. Encore que la nature humaine, elle, ne s'oublie pas si facilement et se retourne volontiers contre les siens. D'emblée, on sait que quelque chose cloche et soude de façon malsaine ce groupuscule d'utopistes. Pour autant, difficile de deviner. De prendre la mesure des événements, et l'étendue du gâchis que révèle, presque fataliste, le dénouement qui nous a fait secouer la tête avec dépit. Un moment, on se prend même à penser à un spectre de la Bête du Gévaudan. Avant de se souvenir que la plus bête des bêtes reste l'Homme, encore et toujours.
Dans cet épisode, le personnage d' Alex Hugo ( Samuel Le Bihan), diminué, malmené, n'est qu'un prétexte à faire éclater la colère qui gronde déjà dans les rangs de la communauté, fragilisée par l'omerta imposée par ses leaders. L'empêcheur de tourner en rond. Le coup de botte dans la fourmilière. En lieu et place du shérif des alpages, se substitue le personnage d'abord ténu, fragile et instable de Caroline ( Léna Bréban), au profit duquel s'opère un glissement d'abord imperceptible : celui d'une victime qui reprend peu à peu les rênes de son histoire. Comme pour confirmer cette volonté de se focaliser sur les protagonistes du drame qui lie tout ce petit monde, les récurrents ont fait place nette : on ne fera qu'apercevoir les acolytes d' Hugo, dans les seuls moments où la réalité, lucide, reprend ses droits.
Les paysages du Var, somptueux, offrent un cadre idyllique à cette parenthèse presque inattendue, entre deux règlements de comptes de trafiquants marseillais venus se canarder dans les montagnes. Intrigante, lancinante, oppressante même en plein air ( !), l'intrigue d' Un Rêve Impossible nous donne tout loisir d'élaborer les hypothèses les plus insensées... jusqu'au couperet final, désolant.
Clap de fin, donc, pour cette sixième saison un brin inégale, qui aura eu le mérite d'aller chercher autre chose au fil de ses quatre épisodes, d'explorer de nouvelles pistes, d'autres façon de mettre en scène le cow-boy des hauts sommets face au pire et au meilleur de ses congénères. On attend d'ores et déjà la diffusion en 2021 du premier épisode de la septième saison : La Voie de l'esprit. Et on a hâte.
Crédits: France 2