Quelques platitudes
La violence n’a jamais rien résolu, entend-on dire. Pour Rory Miller, cette platitude est tellement évidente et fausse qu’il faut une gymnastique mentale assez particulière pour la prononcer, et encore moins pour la croire.
Le fait est que certaines choses, en particulier les choses dangereuses qui arrivent très vite, ne peuvent être résolues que par la violence. Cet adage exaspère souvent les professionnels, car parfois le problème qu’ils ont résolu par la violence était leur propre survie ou celle d’un être cher. La survie est assez difficile à dévaloriser.
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La violence est le dernier recours de l’ignorant, autre platitude relevée par Rory Miller, ne montre que l’ignorance de la personne qui l’énonce. Ce serait une vérité idéale dans une société homogène de personnes riches ayant une éducation égale, juge Miller.
C’est une de ces idées qui ne fonctionne que si toutes les personnes impliquées choisissent d’y croire … et la première personne qui rejette l’idée dominera, tuera ou asservira les autres. C’est d’autant plus absurde que de nombreuses personnes qui s’occupent professionnellement de la violence sont assez bien éduquées et mondaines. Entendre une telle déclaration de la part d’une personne qui choisit d’ignorer la violence… n’est qu’embarrassant .
Peut-être Les platitudes irréfléchies sont le premier refuge des ignorants serait plus adéquat avec ce que nous offre le réel.
La violence engendre la violence. En quelque sorte. Mais c’est un peu comme dire que la maladie engendre la médecine. Il n’y a qu’une seule vérité : la violence est dangereuse, elle fait mal et il n’y a pas de victoire garantie, mais un acte de force est la seule chose qui peut arrêter un acte de violence.
Si un pied de biche vous vise la tête, il n’y a aucune forme de négociation qui puisse vous aider à temps. Si une partie de la définition du mot victoire de l’autre (assaillant ou non, d’ailleurs) est de vous apprécier brisé et de vous voir supplier, il n’y a pas de gagnant-gagnant.
Vous devez comprendre que non seulement il y a des gens qui aiment avilir les autres, mais qu’ils ont été très courants dans l’histoire et qu’ils sont encore la norme dans certaines cultures, nous prévient Rory Miller.
Historiquement violent
Parce que nous vivons dans une société où la faim est rare, où l’État de droit existe et où les armées d’invasion ou les bandits qui volent de la nourriture ou commettent d’autres transgressions ne bénéficient pas d’une couverture médiatique suffisante, nous oublions que ce niveau de violence a été la norme pendant la plus grande partie de l’histoire de l’humanité.
Des poches de violence existent même dans la société la plus riche. Et une société peut éclater lorsque les choses commencent à s’effondrer, prophétise Rory Miller.
Le choix des armes
A très courte distance, le couteau est bien plus polyvalent qu’un fusil. L’arme fait des dégâts dans une direction, du moins à l’extérieur car à l’intérieur, l’onde de choc peut faire d’autres dégâts.. Si vous pouvez éloigner suffisamment de vous la bouche de votre arme à feu, vous ne subirez aucun dommage.
Le couteau fait des dégâts bien plus important qu’une balle, même tirée à bout portant. Qu’un personnage se serve d’une arme à feu ou d’un couteau pour commettre son méfait en dit long sur sa personnalité.
Et cela nous amène à un autre concept qui est rarement vrai : Un tueur est un tueur. Pas vraiment, estime Miller.
Le couteau et l’arme à feu ont des compétences extrêmement différentes et pas seulement physiquement, mais aussi émotionnellement. Le tir peut être fait à distance, cliniquement. Le tir au pistolet est essentiellement un problème de mathématiques appliquées. Mis à part l’aspect de la traque, le tir ne semble parfois pas aussi réel ou immédiat que le travail au couteau.
Quoi qu’il en soit, même si votre personnage possède un sang-froid glaçant, cela ne signifie pas ou n’implique même pas qu’il puisse se débrouiller, physiquement ou émotionnellement, avec un couteau ou sans arme, constate Rory Miller.
Selon la personnalité de votre personnage, selon les circonstances, selon votre intention, le choix de l’arme sera un signe révélateur sur lequel le lecteur/spectateur prendra appui pour apprécier la situation.
L’arme, garantie de tuer
Les armes ne sont pas utilisées pour gagner des combats. Elles sont utilisées pour tuer des gens.
Rory Miller insiste sur l’idée que posséder une arme n’est pas un moyen de résoudre une situation conflictuelle. L’intention du personnage qui s’empare d’une arme est bien de donner la mort.
Aucune personne intelligente ne s’opposera à vous en se disant qu’elle vous laisse une chance. Ils ne vous prendront pas de front à moins de pouvoir vous piéger. Seul un amateur, et un idiot en plus, le laissera se transformer en combat. Si c’est assez sérieux pour utiliser une arme, je vais m’approcher le plus discrètement possible, confie Rory Miller, et vous tirer dessus dans la tête. Si je manque d’entraînement et que je ne pense pas que vous êtes armé, je vous tire dans la poitrine à deux reprises, puis je passe à une autre victime ou je fouille dans vos poches ou je m’en vais comme je suis venu.
Et il est bien plus crédible que la cible ou la victime soit en réelle danger face à un personnage avec une arme à la main, que ce soit une arme à feu ou un couteau ne change pas la donne.
Pour s’en sortir face à une arme, votre héros ne peut compter sur la chance. Pour que la réaction de votre protagoniste puisse contrer l’action d’un antagoniste, le protagoniste devra être capable d’observer le détail chez l’antagoniste indiquant que celui-ci est sur le point de lancer son attaque et le protagoniste doit avoir une réaction simple (et non une variété pour différentes situations) et que seul un entraînement pourrait lui permettre de prendre la bonne décision.
Une réaction ne peut pas battre une action. A moins qu’il ne soit entraîné, il faudra l’intervention d’un autre personnage pour sauver la mise au personnage face à un agresseur armé, explique Rory Miller.
Pourquoi la violence ?
Pourquoi faire usage de la violence ? Parce que cela fonctionne. La violence fonctionne. Les personnages de fiction peuvent avoir besoin de raisons et de justifications pour expliquer le recours à la violence pour légitimer les déprédations que leurs actes causent.
Les vrais criminels (et Rory Miller pense aux petits escrocs de rue, pas aux criminels psychopathes) n’ont pas besoin de rationaliser leurs actes. Car leurs actes se suffisent à eux-mêmes. Un agresseur peut s’attaquer à n’importe quelle personne dans la rue. C’est la réalité du monde et Rory Miller ne se veut pas alarmiste. Il prévient seulement qu’on ne peut pas fermer les yeux sur ce phénomène. Plus un groupe est pacifique, plus il est facile à victimiser.
Ce qui suit traite des niveaux de violence. Vous pouvez l’appliquer à vos personnages. Il est important de comprendre ces niveaux parce qu’on imagine difficilement le pire. Si vous vivez à un faible niveau de violence, les motivations et les croyances d’une personne qui fonctionne à un niveau supérieur peuvent vous être complètement étrangères.
La plupart des groupes sont composés en majorité de bonnes personnes qui évitent les conflits. Ils sont l’épine dorsale de la société et on croit généralement que cette attitude est ce à quoi les humains devraient aspirer.
Les gens bien sont des victimes faciles pour les manipulateurs, prévient Rory Miller. La manipulation est un niveau de violence extrêmement bas, mais c’est de la violence. Les commérages, les brimades subtiles, les menaces discrètes, le fait de réprimer quelqu’un et de former des alliances contre autrui sont tous des formes de contrainte, de pression morale ou physique sur autrui.
Les gens biens ne comprennent pas les manipulateurs ou ne comprennent pas vraiment pourquoi les gens peuvent être si méchants. En fait, ils ne comprennent pas comment ils peuvent l’être.
Les manipulateurs, en revanche, ne voient rien de mal dans ce qu’ils font.
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