Bravados

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Les Bravados » de Henry King.

« Je n’ai jamais vu ce type, mais il a la tête d’un chasseur »

Jim Douglass arrive dans la petite ville de Rio Arriba ; il souhaite assister à la pendaison qui doit se dérouler en ces lieux où la potence est en train d’être construite, celle destinée à quatre malfrats ayant tenté d’attaquer la banque, tuant par la même occasion l’un de ses employés. Suspicieux de la venue de cet étranger, le shérif interroge Jim sur ses véritables motivations et lui confisque ses armes le temps de son séjour en ville. Dans les rues de la cité, on le prend pour le bourreau venu pour exécuter les quatre prisonniers mais il détrompe vite les habitants ; d’ailleurs le véritable guillotineur arrive peu après…

« Si le coupable n’est aucun de vous, alors c’est vous tous ! »

En cette fin de décennie des années 50, Henry King est un cinéaste vieillissant, âgé de presque 75 ans, qui se trouve au crépuscule d’une carrière longue de près de cinquante ans. Pionnier du cinéma américain et de l’aventure hollywoodienne, il aura été l’un des rares cinéastes à succès de l’ère du muet à réussir la transition vers le parlant (avec ses collègues Cecil B. DeMille, John Ford ou encore Raoul Walsh). Et s’il fut l’un des grands noms du cinéma d’aventures (« Le cygne noir », « Capitaine de Castille », « Échec à Borgia »…), il se consacre alors davantage à des adaptations littéraires mélodramatiques, s’intéressant tout particulièrement à Hemingway (« Les neiges du Kilimandjaro », « Le soleil se lève aussi ») et Scott Fitzgerald (« Un matin comme les autres », « Tendre est la nuit »). Antépénultième film du cinéaste, « Bravados » (1958) sera non seulement son dernier film d’aventures mais aussi son dernier western.

« Je me suis institué à la fois leur juge, leur juré et leur bourreau... »

Les « Bravados », ce ne sont pas les braves. Mais plus tôt les bravades, ces attitudes qui consistent à remettre en cause et à défier l’autorité établie. Et qui caractérisent plutôt bien le héros du film, personnage mystérieux prêt à tout pour assouvir sa vengeance, quel qu’en soit le prix à payer, y compris se mettre du mauvais côté de la loi. Henry King nous surprend avec ce western qui joue sur de prime abord sur les faux-semblants pour se transformer rapidement en un questionnement moral sur les notions de justice et de vengeance. Son scénario, pour le moins étonnant, repose sur un switch final qui ne manquera pas d’interpeler le spectateur. Si le western ne manque de piquant ni de souffle, il souffre quand même pour le coup de quelques facilités scénaristiques un peu dures à gober (le brigand sanguinaire qui devient tout à coup un gentil père de famille, alors qu'il laisse son complice violer une jeune fille quelques scènes plus tôt). Mais parvient toujours à s’en sortir grâce à l’interprétation toujours digne de Gregory Peck, éternelle incarnation du héros américain juste, dont les convictions morales sont ici mises à mal. Si le film n’est pas déplaisant à suivre, on lui préfèrera néanmoins l’excellent « Joe Dakota » de Richard Bartlett (sorti en DVD chez le même éditeur) sorti la même année, qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau mais qui se révèle moralement bien plus malin.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de Présentations respectivement signées par Patrick Brion et Jean François Giré, ainsi que d’une interview de Joan Collins et du module « Bravados par Joe Dante ».

Édité par Sidonis Calysta, « Les bravados » est disponible en édition collector silver sous forme de digibook comprenant le blu-ray + le DVD + le livre « Les icônes du western : Gregory Peck » (88 pages) par Marc Toullec, depuis le 10 août 2020. 

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