Synopsis : " Edna, une octogénaire, disparaît subitement. Sa fille Kay et sa petite-fille Sam se rendent chez elle, dans sa grande demeure isolée, afin de mener les recherches et tenter de la retrouver. Quelque chose d'aussi mystérieux que néfaste et inquiétant semble entourer l'endroit... "
Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position "je m'installe comme à la maison" ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique...
Prévisibles, perfectibles, anxiogènes... ou faciles ? Découvrir un film de type épouvante, est aujourd'hui synonyme de tous les dangers. Pléthore de productions "grand public" nous font croire qu'il est un genre prolifique. Malheureusement, ce sont généralement ces dernières, allègrement mises en avant par un marketing bien appuyé, qui font également croire que ces mêmes spectateurs sont pris pour des vaches à lait. Les mêmes films, les mêmes histoires, les mêmes tics de mise en scène. Mais subsiste le cinéma indépendant. Subsistent ces quelques œuvres qui fondent avec aisance et assiduité le drame à l'épouvante. Des œuvres dépourvues de sorties en salles, mais qui, grâce à la pandémie, ont su trouver leur chemin et un certain auditoire via des plateformes de vidéo à la demande. Hansel & Gretel, The Nightingale, Judy & Punch ou encore The Lodge pour ne citer que l'évidence des projets plus récents. À cette liste, s'ajoute Relic. Premier long métrage pour la jeune cinéaste Natalie Erika James, Relic est une œuvre aussi perfectible, qu'elle n'en est très intéressante dans sa manière d'appréhender et d'exploiter les habituels gimmicks du cinéma d'épouvante.
D'anciens objets minutieusement installés. L'eau qui s'écoule dans une baignoire, qui se remplit, déborde. Une eau qui se déverse, s'écoule pièce après pièce, allant jusqu'à dévaler l'escalier qui mène au rez-de chaussée pour finalement arriver à un corps dénudé. Une femme âgée, debout, face à un salon plongé dans la noirceur de la nuit, mais dont jaillissent par intermittence le clignotement de lumières de Noël. Le regard happé, elle fixe quelque chose. Si à priori vide, une silhouette se détache du fauteuil suivant l'intermittence du clignotement des lumières. Aucun mouvement brusque. Le spectateur s'attend à ce que quelque chose bouge, à ce que le surnaturel apparaisse subitement pour le surprendre. Mais non. Simplement la confirmation, en une maigre fraction de seconde, qu'il va être question d'une présence au sein de cette maison. Un establishing shot suspect, bien trop connoté. Et le spectateur, est de son côté bien trop assidu pour se laisser berner. Sauf que le mouvement tant attendu, la surprise que l'on nommerait "jump-scare", est légère. Présente, mais pas dans la forme à laquelle le spectateur était en droit de s'attendre.
Une mise en situation représentative de ce que la cinéaste Natalie Erika James va proposer au travers de son œuvre horrifique. Une horreur latente. Une horreur qui va jouer sur les attentes du spectateur afin, non pas de le surprendre, mais de lui faire comprendre qu'elle ne souhaite pas le brusquer. Derrière cette couche horrifique des plus classiques, Relic dessine par son rythme, ses idées de mise en scène et ses choix narratifs, un drame intimiste et non un manège horrifique conventionnel. La silhouette qui émerge de la noirceur, la présence d'une menace sous le lit, ce suspense latent, ces longs plans de corridor et de pièces de maison plongées dans l'obscurité, les portes qui s'entre-ouvrent doucement, les bruits de grincement... Natalie Erika James use et abuse de gimmicks éculés du cinéma d'épouvante moderne afin d'inculquer une ambiance à son récit, mais ne cherche jamais à faire sursauter son auditoire. Lui faire peur, jouer sur ses attentes. Faire croire à la présence surnaturelle pour finalement raconter et mettre en image quelque chose d'ancré dans le réel.
Si par ses mêmes gimmicks narratifs et de mise en scène, Relic assume son statut de film d'épouvante, c'est finalement pour mieux nous conter une histoire sur la vieillesse. Les troubles liés à la vieillesse, les troubles mentaux et leurs répercussions sur la psychologie et le désamour dont peuvent faire preuve les proches des malades. De l'Alzheimer aux troubles schizophréniques, des souffrances qui vont venir justifier ce suspense latent, ces moments où l'on croit à une présence surnaturelle. Des troubles qui vont prendre forme, donner lieu à des séquences à teneur horrifique et justifiée, ou justifiables, par le prisme des divers symptômes liées aux maladies citées. Ça a du sens, c'est une belle manière de raconter une histoire à teneur universelle (perception des malades et le recul face aux personnes malades), mais le final donne l'impression que ce n'est qu'un prétexte à créer un énième film d'épouvante. Véritable plongée dans le palace mental d'une personne âgée souffrant de troubles mentaux. Et ce, jusqu'à ce que le piège se retourne contre les personnages, dans une seconde partie aussi intense que joliment pensée. Même si, malheureusement incohérent avec tout ce que met en place la cinéaste dans la première partie, plus intimiste et réaliste, de son film.
Du réalisme au surréalisme métaphorique il n'y a qu'un pas, et c'est finalement ce même petit pas, qui tend à nous laisser sur une note amère. Si la seconde partie, qui cède aux louanges du surréalisme et à une forme d'épouvante plus intense et viscérale est très agréable, car elle permet d'accélérer drastiquement un rythme jusque là nonchalant et monotone, elle demeure contradictoire avec tout ce qui a été mis sur place dans la première partie. Deux films en un, deux films qui se complètent, mais un second film qui donne l'impression que malgré tout, il fallait céder aux louanges du surréalisme, des cris, du grotesque. Un choix artistique compréhensible, pas désagréable au visionnage (bien au contraire), mais qui laisse croire à la facilité pour ne pas laisser le spectateur repartir sans son petit tour de manège. Et ce, sans parler d'une résolution finale difficilement compréhensible, car contradictoire avec la caractérisation des personnages établis au préalable.
Définitivement, Relic est un bon film d'épouvante qui tente de réinventer le film de maison hantée par le prisme de l'affrontement de la maladie au sein d'une famille. Un sujet pertinent qui permet de créer des sets-pieces horrifiques qui font sens (même si abrupts et maladroits par moments), un film visuellement maîtrisé et pourvu d'une seconde partie au découpage impeccable, intense et impressionnante dans sa gestion de l'espace, mais qui laisse le spectateur sur une note amère. Des facilités, une dernière incompréhension, des choix scénaristiques justifiables, avec la subtilité d'un éléphant dans une boutique de porcelaine, mais surtout contradictoires. Les personnages contradictoires, ne serait-ce pas ça, la réelle horreur du cinéma d'horreur moderne?
Au cinéma en France dès le 09 octobre 2020 et déjà disponible en vidéo à la demande au Canada
" Par moment maladroit dans sa manière d'amener ses set-pieces horrifiques et de développer son suspense, Relic demeure une formidable tentative de réinvention du film de maison hantée. La démence, l'héritage familial par le prisme de l'épouvante et de la peur que cela suscite. "