Thriller psychologique vénéneux, Little Fires Everywhere offre la sombre photographie d’une Amérique qui se consume à petit feu au milieu des années 90, gangrénée par un racisme ordinaire systémique. On y décèle évidemment la volonté des showrunners d’évoquer la situation actuelle en désignant cette période comme le terreau sur lequel s’est développé le conflit qui secoue le pays à quelques semaines d’une élection plus incertaine que jamais.
La série distille un malaise permanent, une menace constante dont on ne sait jamais vraiment d’où elle émane. De ses personnages, certainement. La rencontre sur fond de lutte des classes de la bourgeoise Elena et de l’artiste bohème Mia attise la braise, mais les autres protagonistes ne manqueront pas de jeter aussi de l’huile sur le feu.
La narration est maline, d’abord avare de révélations, elle fait fluctuer les rapports de force pour mieux nous perdre, jusqu’à ce qu’elle nous éclaire un peu grâce à un épisode pivot aux 3/4 de l’intrigue sans pour autant que la tension ne redescende. Bien au contraire, la situation devient insoutenable, les personnages montrent leur pire visage lorsque leurs petits secrets sont révélés.
Avec Reese Witherspoon au casting, on pense forcément à Big Little Lies, mais Little Fires Everywhere est plus sombre, plus radical. Si la notion de sororité donnait un peu de lumière à BLL, ici pas de respiration, c’est la guerre. L’affrontement Washington /Witherspoon tient toutes ses promesses et mérite à lui seul qu’on s’intéresse à elle(s).