Robert mckee : sur les scènes

Par William Potillion @scenarmag

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Une scène est une action à travers un conflit dans un temps et un espace plus ou moins continus qui fait basculer l’état émotionnel, ou l’état affectif, d’un personnage.

Cette action répond en quelque sorte à la question de comment il éprouve sa vie au moment de l’action ou plutôt comment l’action agit sur le personnage et ce qu’il éprouve en devient la conséquence (l’effet peut être agréable ou bien lui procurer un sombre déplaisir) et ce basculement se manifeste sur au moins une valeur ayant un degré de signification perceptible (McKee dit que l’observateur de l’action sur le personnage se rend compte de ce qu’il se passe dans le personnage. On comprend par exemple qu’il ressent soudain une vive antipathie alors qu’il rencontre cet autre personnage bien que la scène ait débuté sur le ton plutôt de la bonne humeur).
Et la scène se termine sur ce sentiment de répulsion, vu comme négatif à l’inverse de la belle humeur avec laquelle elle avait commencé.

Idéalement, chaque scène est un Story Events. C’est la terminologie qu’emploie Robert McKee. C’est un événement qui est tout à fait justifié dans le cours de l’histoire et qui emporte avec lui un changement affectif chez le personnage ou les personnages participant à cet événement qui prend place dans une scène.

Légitimer chaque scène

Concrètement, Robert McKee suggère de regarder attentivement chaque scène que vous avez écrite et de se demander : quelle valeur est en jeu dans la vie de mon personnage en ce moment ? est-ce de l’amour ? Est-ce que la vérité soudain fait jour ? Comment cette valeur est-elle chargée (c’est l’expression qu’emploie McKee pour désigner la valeur en tant que positive ou négative) au début de la scène ?
Positive ? Négative ? Un peu des deux ?

Notez-le. Ensuite, tournez-vous vers la fin de la scène et demandez-vous : « Où est cette valeur maintenant ? Positive ? Négative ? Les deux ? Prenez-en note également et comparez. Si la réponse que vous avez notée à la fin de la scène est la même que celle que vous avez notée à l’ouverture, vous avez maintenant une autre question importante à vous poser : Pourquoi cette scène figure-t-elle dans mon scénario ?

Si l’état affectif du personnage reste inchangé d’un bout à l’autre de la scène, il ne se passe rien de significatif. La scène comporte de l’action – parler de ceci, faire cela – mais rien ne change en valeur. Il s’agit d’un non-événement.

Pourquoi alors la scène est-elle dans l’histoire ? Il est presque certain que la réponse est l’exposition, affirme Robert McKee. Elle est là pour transmettre des informations sur les personnages, le monde ou l’histoire. Si l’exposition est la seule justification d’une scène, un scénariste discipliné la supprimera et tissera les informations ailleurs dans d’autres scènes, par petites touches. Il s’agit de redistribuer l’information au moment où celle-ci est la plus pertinente pour le récit.

Ainsi pour Robert McKee, l’auteur devrait s’efforcer de faire en sorte qu’il n’y ait aucune scène qui ne change pas de valeur entre le début et la fin de la scène en faisant passer une valeur en jeu dans la vie d’un personnage du positif au négatif ou du négatif au positif.

L’adhésion à ce principe peut être difficile, mais elle n’est en aucun cas impossible, insiste Robert McKee.

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