Avec : Lidiya Liberman, Denise Carrizo, Agustina Malale, Isabella Cilia,...
Distributeur : Memento Films Distribution
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Italien, Argentin
Durée : 1h29min
Synopsis :
Paola quitte l'Italie pour Buenos Aires où elle doit terminer sa formation de Sœur au sein d'un foyer pour mères adolescentes. Elle y rencontre Luciana et Fatima, deux jeunes mères de 17 ans. A une période de leur vie où chacune se trouve confrontée à des choix, ces trois jeunes femmes que tout oppose vont devoir s’entraider et repenser leur rapport à la maternité.
Par son silence et sa caméra fixe, #Maternal aurait pu être un film d’une condescendance crasse sur le questionnement de la maternité, mais Maura Delpero déjoue le piège de ce cinéma rogue grâce à un propos puissant, complexifié par différents point de vue. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/AfL16duFqF
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) October 9, 2020
La documentariste italienne Maura Delpero fait son premier pas dans la fiction, avec un long métrage qui se passe dans un couvent en Argentine accueillant des mères-filles.
La réalisatrice prend le temps de regarder ces jeunes femmes, non pas pour les juger, ni même pour les comprendre, mais uniquement pour les faire exister. Maternal pourrait être mis en parallèle avec le brillant documentaire de Juan Solanas Que Sea Ley sorti en mars cette année, qui s’intéresse au combat des femmes argentines pour que l’IVG, interdite encore aujourd’hui, soit légale. Des centaines de femmes meurent encore des suites d’un IVG clandestin. Ces femmes, parfois très jeunes, se retrouvent donc enceinte, la plupart du temps seule et sans ressources. Elles sont donc mises dans ces couvents, où elles apprennent tant bien que mal à devenir mère. Maternal lève le voile sur un mensonge de la maternité : l’instinct maternel n’est pas inné, être mère s’apprend. Alors que le film s’ouvre sur sœur Paola (Lidiya Liberman), nouvelle arrivante au couvent, la caméra s’intéresse vite à deux jeunes femmes. Luciana (Agustina Malale), mère d’une petite fille, qui s’apprête à enfreindre le couvre feu pour sortir faire la fête avec son nouveau petit copain. Et Fatima (Denise Carizzo), enceinte de son deuxième enfant, les deux issus de viols comme on le comprend assez vite. La réalisatrice les filme dans la salle de bain, une intimité où elles se livrent dans toute leur entièreté, leur façon de réagir. Lu n’a pas de barrière, se montre nue, s’épilant le pubis avant son rendez-vous devant Fati, qui pudique ne laisse pas tomber sa serviette. C’est par ces petits détails que la cinéaste construit son film, passant d’un regard à un autre, ce qui amène une pluralité de point de vue : Lu, Fati, mais aussi sœur Paola, la Mère Supérieure et les même les enfants, Michael le fils de Fati et Nina, la fille de Lu. Les deux femmes s’occupent de leurs enfants comme elles le peuvent : Lu laisse sa fille volontiers à sa colocataire ou aux sœurs pour sortir, Fati a du mal à exprimer sa tendresse envers son fils et n’est en aucun cas épanouie par cette seconde grossesse. Après cette première partie, où le film s’est échiné à nous montrer les tenants et aboutissants, le récit apparaît : Lu s'enfuit pour vivre avec son copain et abandonne sa fille au couvent.
Laura Enjolvy