LES SEPT DE CHICAGO (Critique)

LES SEPT DE CHICAGO (Critique)LES SEPT DE CHICAGO (Critique)SYNOPSIS: Lorsque la manifestation en marge de la convention démocrate de 1968 tourne à l'affrontement, ses organisateurs sont accusés de conspiration et d'incitation à la révolte.

Le projet des Sept de Chicago date de plus d'une décennie. Aaron Sorkin signe le scénario en 2007, et est originellement attaché à Steven Spielberg. Mais la grève des scénaristes empêche la production du projet, qui restera dans les cartons jusqu'en 2018, quand il est annoncé qu' Aaron Sorkin mettra finalement en images son propre scénario. Les Sept de Chicago (ou The Trial of the Chicago 7 en version originale) signe donc la deuxième occurence du scénariste préféré du moment à Hollywood (il est derrière les scénarios de The Social Network pour David Fincher, ou encore du biopic de Steve Jobs réalisé par Danny Boyle) derrière la caméra après Le Grand Jeu. L'amoureux des joutes verbales et des amples logorrhées s'attaque ici à un procès majeur de l'Histoire américaine : le procès des 7 de Chicago en 1969.
1968. Le militant Martin Luther King est assassiné à Memphis. Le Président Johnson déploie toujours plus d'unités américaines au Vietnam. Des manifestations pacifistes florissent partout à travers le pays, dénonçant la politique du Président Américain. Le Parti Démocrate tient à Chicago sa Convention Nationale visant à désigner son candidat pour concourir à l'élection présidentielle. La répression policière sur place est forte, alors qu'une manifestation aux abords du Congrès est prévue par un assemblage d'associations pacifistes fortement opposées à l'implication de l'armée américaine au Vietnam. Parmi ces manifestants, Abbie Hoffman et Jerry Rubin (members du Youth International Party, surnommé " yippies "), David Dellinger (militant pacifiste non-violent), Tom Hayden et Rennie Davis (membres de la Nouvelle Gauche et d'associations étudiantes pacifistes), John Froines et Lee Weiner (deux universitaires opposés à la Guerre du VietNam) et Bobby Seale (co-fondateur du Black Panther Party). On leur octroiera le surnom des " Huit de Chicago " lorsqu'un gigantesque procès médiatique et politique sera organisé contre eux pour " conspiracy ". Pour complot - les 8 militants étant accusés d'avoir rassemblé une foule autour du Congrès dans l'unique but de provoquer une émeute contre la police. Par la suite, Nixon est élu Président, et le nouveau Ministre de la Justice John Mitchell leur intente ce procès en 1969, procès qui deviendra le Procès des Sept de Chicago lorsque le Juge consentira à organiser un procès à part pour juger Bobby Seale, accusé d'homicide, privé d'avocat et victime de discrimination par le Juge Hoffman. Aaron Sorkin analyse donc ce fait-divers particulièrement marquant en prenant d'abord le point de vue de ces fameux " Huit de Chicago " et de leurs deux avocats William Kunstler et Leonard Weingless, tout en s'attardant sur l'assistant du procureur, Richard Schultz, questionnant ainsi le manichéisme du système. En s'attaquant de front au film de procès, Aaron Sorkin se retrouve dans son élément, laissant ses dialogues hauts en couleurs inonder l'écran dans des plaidoiries riches en rebondissements et en questionnements. Car avant d'être un film crucifiant le système judiciaire américain et son impartialité, Les 7 de Chicago est un questionnement idéologique sur une lutte à vocation non-violente.

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Et cette question est abordée dans le film par la dualité créée par Abbie Hoffman et Tom Hayden, rassemblés par leurs objectifs pacifistes, mais séparés par leur vision de cette révolution qui devrait (ou ne devrait pas) exploser, par leurs parcours sociaux et par leurs idéologies politiques. En traitant ce procès de la sorte, Sorkin adapte l'histoire en la focalisant sur ce combat féroce que ces militants entament contre un système inflexible qu'ils tentent chacun à leur manière de changer. Pendant plus de 2 heures, on suit de l'intérieur ce procès terrible d'injustices et d'impartialité, qui voit le Juge troquer son professionnalisme contre un favoritisme envers le procureur.

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En rassemblant ces personnalités très différentes qui composent les " Sept de Chicago " dans un groupe qui, même s'il menace par instant de s'écrouler, se montre soudé pour atteindre leur but d'origine, à savoir lutter contre la Guerre au Vietnam et les nombreux morts que cette politique engendre. Sorkin déploie une mise en scène efficace, à coup de huis-clos qui enferment les personnages dans leurs idées et leurs combats, menant à des flash-backs des émeutes de 68 particulièrement percutants et dérangeants par leur violence et par le recul sur les personnages qu'a le spectateur à ce moment-là du film. Le long-métrage dissèque ces idéologies en les combinant dans un sens. Anarchistes, Étudiants Socialistes, Mouvements Black Panther et militants pacifistes... Avec cette reconstitution précise et lourde de sens, Aaron Sorkin livre un film qui, en plus d'être important pour le bagage historique qu'il porte, se montre on-ne-peut-plus actuel. Les Sept de Chicago dresse un étrange miroir à la réalité, vers ces luttes politico-sociales qui enflamment les États-Unis depuis quelques années. Et sortir un tel cri d'alarme dressant un point levé aux hautes institutions américaines à l'approche des prochaines élections présidentielles paraît logique et important. Le film est à sa sortie habillé d'un souffle puissant qui vient frapper en plein dans cette actualité brûlante. Et cette puissance est également due à la précision de son casting 5 étoiles, qui embrase le propos politique du long-métrage. On retrouve en tête d'affiche les brillants Sacha Baron Cohen et Eddie Redmayne en Abbie Hoffman et Tom Hayden, qui - bien que leurs talents respectifs ne soient plus à prouver - incarnent avec beaucoup de nuances ces personnages riches en idées. On retrouve également parmi les Sept John Caroll LyncDavid Dellinger), Jeremy Strong ( Jerry Rubin), Noah Robbins ( Lee Weiner), Daniel Flaherty ( John Froines) et Alex Sharp ( Rennie Davis), qui se montrent chacun à leur façon très précis dans leurs interprétations. A eux s'ajoutent Yahya Abdul-Mateen II, déjà excellent dans la série h ( Bobby Seale, à qui il fournit à merveille cette interprétation lourde de sens aujourd'hui autant qu'à l'époque. On pourra aussi citer Frank Langella dans le rôle du terrible Juge Hoffman, le génial Joseph Gordon-Levitt dans le rôle du procureur Richard Schultz, Kelvin Harrison Jr ( Fred Hampton, le leader des Black Panthers), Mark Rylance et Ben Shenkman incarnant les deux avocats de la défense, ainsi qu'un petit rôle (mais pourtant majeur) pour Michael Keaton en Ramsey Clark. La richesse thématique des rôles proposés au fantastique casting du film (même si dans le fond, il manque de présence féminine) permet de rendre le film aussi dense qu'il est possible de rendre une telle histoire. Watchmen, dans le rôle de

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Car Les Sept de Chicago est une reconstitution brûlante, révoltante et terriblement puissante de ce procès phare de l'histoire américaine. Aaron Sorkin propose un long-métrage très réussi qui fait cruellement écho à l'actualité politique, très enflammée par ses injustices et ses débats idéologiques, qui ne manquera pas de questionner le système judiciaire des États-Unis en mettant en image ses dérives. Les Sept de Chicago est un coup de pied adressé aux institutions américaines qui trouve un souffle très moderne dans la façon dont son propos et son point de vue sont perçus par son scénario.

LES SEPT DE CHICAGO (Critique)

Titre original: THE TRIAL OF THE CHICAGO 7

Réalisé par: Aaron Sorkin

Casting: ... Yahya Abdul-Mateen II, Sacha Baron Cohen, Joseph Gordon-Levitt

Sortie le: 16 octobre 2020

Distribué par : Netflix France

LES SEPT DE CHICAGO (Critique)

EXCELLENT