LA RÉVOLUTION (Critique Saison 1) Entre l’ennui et le déjà-vu …

Par Cliffhanger @cliffhangertwit

SYNOPSIS: Royaume de France, 1787. Enquêtant sur une série de meurtres mystérieux, Joseph Guillotin - futur inventeur de la guillotine - découvre l'existence d'un nouveau virus : le sang bleu. La maladie se propage au sein de l'aristocratie et pousse la noblesse à attaquer le peuple. C'est le début d'une révolte ... Et si on nous avait menti depuis plus de deux siècles ? Voici la véritable histoire de la Révolution Française...
Nouvelle création de la plateforme qui ne révolutionne plus grand-chose depuis un moment, La Révolution est sur le papier une proposition alléchante : avec son action basée en 1787, le show souhaite revisiter les causes de l'histoire de la Révolution Française sur fond de fantastique et d'horreur, une étrange maladie (2020 est décidemment l'année des contaminations qui ont la cote) se propageant mystérieusement. La série n'est donc pas une proposition historique en tant que telle, elle prend simplement la Révolution comme prétexte afin de proposer une histoire qui s'avère d'ailleurs en termes d'ambition largement en deçà de ce que nous étions en droit d'attendre à la lecture du synopsis. La Révolution met peu de temps à dévoiler qu'elle n'a pas grand-chose sous le capot : si la bande annonce et la séquence d'ouverture du premier épisode se sont avérées suffisamment efficaces et esthétiquement inspirées pour capter notre attention, rapidement la vacuité s'installe...sans voyage retour, malgré une ou deux fulgurances en cours de route ; des fulgurances de toute manière davantage esthétiques qu'autre chose, qui peuvent par ailleurs remercier les musiques qui les enrobent généreusement.

Oscillant entre des épisodes allant en moyenne de 40 à 50 minutes le show pédale dans la semoule avec une galerie de personnages d'une rare insipidité, des relations bricolées qui font chou blanc, ainsi que des dialogues grotesques et parfois tellement calibrés que nous nous sommes demandés si les scénaristes n'étaient pas allés les piocher dans une boîte de dialogues-types ou dans un clausier mis à disposition par un groupe de scénaristes anonymes. Malgré un casting qui n'a pas particulièrement à rougir, le couperet de la guillotine est sans appel : le sort des personnages, " gentils " comme " méchants " indiffère au plus haut point, de même pour l'intrigue qui brasse plus de vent que de bonnes idées.


Le casting parlons-en tout de même : si quelques éléments interprètent leurs personnages de façon un peu caricaturale, les recrues sont globalement de qualité, surtout du côté des bad guys. Si Dimitri Storoge et Laurent Lucas sont des atouts indéniables, Julien Frison est celui qui tire réellement son épingle du jeu tant il survole le reste de ses compères. Son jeu est parfait et saisissant mais il faut aussi probablement souligner qu'il est le seul personnage suffisamment intéressant, excentrique et fantaisiste à jouer au milieu d'un florilège de pions fades et totalement inintéressants et ce peu importe la qualité de leurs différents interprètes. Isabel Aimé Gonzalez Sola a par exemple un potentiel indéniable...mais lorsqu'on hérite d'un personnage aussi fade que celui de Katell il est difficile de faire des miracles. La série tente, et parfois réussit, à proposer quelques belles séquences comme par exemple celle de la fin d'épisode 3 où la mise en scène et la musique s'allient judicieusement pour enfin produire un ensemble d'images digne d'intérêt. Le problème étant que même lorsque cette symbiose se révèle, elle n'est qu'une réussite de forme. En effet le téléspectateur se retrouve tellement détaché de toute émotion ou affect vis-à-vis des personnages, que les moments " dramatiques " ou supposés " choquer " nous procurent plutôt une indifférence côtoyant l'anesthésie générale. Ces rares interludes de divertissement sont de toute manière bien rares, le tout étant noyé dans des dialogues superficiels, quelques scènes de décapitations où l'hémoglobine règne en maître, sans compter des moments quant à eux tout bonnement ridicules comme ce passage de l'épisode 4 où Joseph, qui à l'écouter n'a que des rudiments de connaissances en langage des signes, comprend néanmoins aisément toute la conversation alambiquée qu'il entretien avec la petite fille, tout cela agrémenté d'effets d'annonces éculés, et épaulés lourdement par l'insistance d'une musique largement meilleure que la scène qu'elle recouvre. D'ailleurs soyons fair-play, s'il y a bien quelque chose à sauver de cet ensemble au goût de papier crépon c'est l'aspect musical : les compositions sont en effet particulièrement inspirées et jouent énormément dans la réussite de tel ou tel moment " fort " du scénario et c'est important de le souligner.

La Révolution est donc un ratage dans les grandes largeurs, que nous avons terminé par bonne conscience davantage que par envie ou entrain tant l'ensemble est ennuyeux, dénué de toute vie, émotion et intérêt. Pas particulièrement divertissante, encore moins intelligente puisqu'elle pointe sur le fond vers les limbes, la série navigue entre l'ennui, le déjà-vu et le ridicule. Si deuxième saison il y a, nous ne serons guère au rendez-vous, l'atterrement ressenti à l'issue de cette première salve d'épisodes étant déjà totalement rédhibitoire. C'est d'autant plus dommage que la série lorgnait sur l'horreur et sur le fantastique, une proposition qui par sa seule existence aurait mérité des encouragements. A découvrir (ou pas) ce vendredi 16 octobre sur Netflix. Nous vous suggérons toutefois de profiter de votre éventuel couvre-feu pour déguster des programmes plus qualitatifs que cette triste Révolution.

Crédits: Netflix