[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #110. Semaine du 18 au 24 octobre 2020

Par Fuckcinephiles

Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.

Semaine du 18 Octobre au 24 Octobre

Dimanche 18 Octobre. Les Animaux Fantastiques de David Yates sur TF1.
Norbert Dragonneau rentre à peine d’un périple à travers le monde où il a répertorié un bestiaire extraordinaire de créatures fantastiques. Il pense faire une courte halte à New York, mais une série d’évènements et de rencontres inattendues risquent de prolonger son séjour. Désormais, le monde de la magie est menacé.
On évitera ici d’évoquer le nom de l’autrice, qui ces derniers mois semble s’acharner à montrer à chaque tweet une transphobie des plus dégoutantes. Alors, concentrons-nous plutôt cette extension, un terme qui d’ailleurs souligne bien la plus grande réussite qui entoure cette nouvelle saga. En effet, Les Animaux Fantastiques parvienne à tirer profit de l’univers de Harry Potter tout en élargissant considérablement ce dernier. Nous voici donc projeter dans le New York du monde magique, qui répond avec ses propres codes et quelques affrontements de culture souvent drôle. Au milieu de cela on trouve tout de même des réflexions quant au rapport aux libertés des individus et à la richesse des mélanges (entre moldus et non-moldus). Mais, l’œuvre qui se dessine en arrière plan, et celui d’un monde sur la bascule, les années 20 et l’obscurantisme sonnent comme un écho lointain de notre propre époque. Ainsi, le film parvient avec une fluidité caustique et des ombres inquiétantes à se démarquer autant qu’embrasser un héritage afin de construire autre chose.
Mais aussi... Arte programme Spy Game de Tony Scott. Un film qui, indéniablement, a la patte de son auteur. Le cinéaste électrise son récit avec son sens pour l’image qui tache, ça secoue de droite à gauche, ça farfouille, amoncèle, comprime les idées de montage pour créer un labyrinthe ludique et décomplexé. En ressort un film d’espionnage aussi fun que adrénalitique, autrement dit du pur Tony Scott.


Lundi 19 Octobre. 
Chantons sous la Pluie de Stanley Donen & Gene Kelly sur France5.
1927, dans les studios de la Monumental Pictures à Hollywood. Don Lockwood et Lina Lamont forment le couple phare du cinéma muet. Adulés du public, perpétuellement amoureux à l’écran, ils ne peuvent en réalité pas se supporter. L’arrivée du cinéma parlant provoque un drame. Car, malgré son port de reine, Lina a une voix de crécelle.
Parler de Chantons sous la Pluie c’est évoquer quelque chose de quasiment irrationnel. Pourquoi ? Car son visionnage vous donnera l’envie d’aller prendre des cours de claquettes avec Gene Kelly pour chanter votre amour sous une pluie diluvienne. Dans un certain sens, les deux réalisateurs ont fait un spectacle total, aussi flamboyant que sincère. Bien sûr, il y a ces numéros musicaux aux chorégraphies à la rythmique enivrante, et qui, comme le film lui-même ne cesse de changer de couleur, à la fois burlesque et bouleversante, frivole et précieuse. Il se niche dans cette œuvre une joie de vivre étincelante et une mélancolie brumeuse. Évoquant avec amour et amertume une époque pivot pour Hollywood où vient éclore une romance sensiblement attachante. Tout cela avec l’énergie d’un Gene Kelly, la causticité d’un Donald O’Connor et la malice d’une Debbie Reynolds qui viennent ensemble ensoleiller n’importe quel jour de pluie.
Mais également... TMC propose Les Gardiens de la Galaxie Vol 2 de James Gunn. Le long-métrage prend l’allure d’un L’Empire contrattaque avec cette quête sur la filiation qui va pousser le personnage à faire des choix ; tout en continuant à faire planer ici et là une ambiance à la Cowboy Beboop. Si la réalisation inventive du cinéaste et les environnements foisonnants assurent le show, l’humour est parfois moins impactant, trop mécanique. Mais, étonnamment, ce que le film perd en drôlerie il le gagne en émotion, certaines séquences parviennent même a faire monter les larmes ou écraser une larme selon votre sensibilité.


Mercredi 21 Octobre. 
Moonrise Kingdom de Wes Anderson sur Arte.
Sur une ile au large de la Nouvelle-Angleterre, au cœur de l’été 1965, Suzy et Sam, douze ans, tombent amoureux, concluent un pacte secret et s’enfuient ensemble. Alors que chacun se mobilise pour les retrouver, une violente tempête s’approche des côtes et va bouleverser davantage encore la vie de la communauté.
Un Wes Anderson c’est un peu comme une maison de poupée dont on ouvrirait pour la première fois la façade. En effet, chacune de ces œuvres à cette préciosité maquettée et son propre petit univers, Moonrise Kingdom sera donc celui de l’aventure scoutienne. Dans une rythmique prodigieuse, le cinéaste artisan exécute une romance enfantine dont la force des sentiments vient ébranler nos certitudes d’adultes. Car, chez Anderson, les sentiments de ces petits êtres sont les seuls qui peuvent résister aux affres du temps, car ils sont d’une douce innocence. Mais, au milieu de cela, le réalisateur, comme souvent, confronte la beauté de cette jeunesse à ceux plus laids de la vie, on y parle de familles dysfontielles et d’enfants orphelins avec une grâce touchante. Peut-être bien le plus sincère et beau de Wes Anderson.
Thibaut Ciavarella