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Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's ; mais surtout montrer un brin la richesse d'un cinéma fantastique aussi abondant qu'il est passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !#30. House de Nobihuko Obayashi (1977)
Il y a des oeuvres qui, quoiqu'on dise ou fasse, nous marque de manière profondément indélébile, tel un cauchemar enfantin qui n'aurait de cesse de nous suivre même une fois pleinement ancré dans la vie d'adulte.
Le singulier House du tout aussi singulier Nobihuko Obayashi, est de ce fer là, une une pièce surréaliste et indéfinissable d'horreur/comédie proto-japonaise qui relève du petit miracle sur pellicule (la Toho à la production !), produit à une époque ou le cinéma nippon n'était plus que l'ombre de lui-même, tout comme ses figures de proue - coucou Godzilla.
Oeuvre pop d'une richesse visuelle proprement incroyable, il emprunte les coutures du film de maison hanté le olus frappé qui soit, et du teen movie (ton décomplexé et décontracté, personnages volontairement caricaturaux et superficiels,...) pour mieux exploser toutes les conventions de ses deux genres, à tel point qu'il en devient tout simplement inclassable.
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Coloré comme les 60's, dingue et imprévisible comme un songe iconoclaste de Jodowrosky, House est un put*** de trip visuel et psychique, un mash-up fourre-tout d'exception qui ferait pâlir de jalousie Sam Raimi (impossible de ne pas imaginer qu'il s'en est inspiré pour Evil Dead et sa suite), suintant de splendides décors et débordant d'un amour du cinéma férocement enthousiaste (citations passionnées à Leone et Morricone en prime), voire même tout simplement de la culture populaire, Obayashi n'ayant nullement honte de puiser dans sa substance souvent dégoulinante, pour nourrir son art (et ils ne sont pas nombreux à l'assumer), dénué de toute intellectualisation ou réflexions lourdingues.
Se servant de son intrigue facile (sept lycéennes passent leurs vacances d'été dans la maison de la tante de l'une d'elles, mais leur repos tourné vite au vinaigre quand elles réalisent que la maison est hantée), pour mieux épouser une fantasmagorie kitsch et psychédélique sans nulle égal, Obayashi fait de House une oeuvre sans équivalent, poétique, sensuelle, gore, humoristique et folle; une apologie de la bizarrerie façon ticket d'entrée dans l'esprit d'un cinéaste aux mille et une pensées et facettes.
Un chef-d'oeuvre traumatisant et jouissif, qu'il faudrait vite réhabiliter, tout comme son orfèvre.
Jonathan Chevrier