Un grand merci à Gaumont pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « #Jesuislà » de Eric Lartigau.
« Tout le monde est au courant et moi pendant ce temps-là je fais la cuisine ? C’est ça la répartition des tâches ? Pourquoi me personne ne me dit jamais rien à moi ? »
Stéphane mène une vie paisible au Pays Basque entre ses deux fils, aujourd’hui adultes, son ex-femme et son métier de chef cuisinier. Le petit frisson dont chacun rêve, il le trouve sur les réseaux sociaux où il échange au quotidien avec Soo, une jeune sud-coréenne. Sur un coup de tête, il décide de s’envoler pour la Corée dans l’espoir de la rencontrer. Dès son arrivée à l’aéroport de Séoul, un nouveau monde s’ouvre à lui…
« C’est quoi l’inverse d’un film d’amour ? »
Disciple de Pascal Thomas dont il fut longtemps l'assistant, Éric Lartigau débute sa carrière de réalisateur dans le milieu de la publicité avant d'intégrer l'équipe de Canal+ où il fera ses classes sur divers programme de la chaine, des « Guignols de l'info » jusque sur la série « H ». De fait, au cinéma, son nom est d'abord associé à Kad et Olivier dont il réalise les premiers films (« Mais qui a tué Pamela Rose ? », « Un ticket pour l'espace »). Mais c'est avec « Prête-moi ta main », comédie portée par le couple Alain Chabat et Charlotte Gainsbourg, qu'il obtient véritablement une reconnaissance publique. Au tournant des années 2010, le cinéaste fait le choix d’abandonner progressivement la comédie pour s'aventurer sur des sentiers plus dramatiques. C'est le cas avec « L'homme qui voulait vivre sa vie » d'après Douglas Kennedy et avec « La famille Bélier » qui cartonne au box-office après près de 10 millions de spectateurs. Un succès qu'il prendra le temps de digérer, puisqu’il lui faudra six années avant de revenir sur le devant de la scène avec un nouveau film,« #Jesuislà », qui marque ses retrouvailles avec Alain Chabat mais aussi avec Thomas Bidegain, scénariste attitré de Jacques Audiard avec lequel il avait déjà travaillé sur « La famille Bélier ».
« Je viens voir les cerisiers en fleurs. Par le prochain vol ? »
« #Jesuislà ». Trois mots très courts. Une sorte de cri à la face du monde, comme pour rappeler et/ou se convaincre de sa propre existence. On l’aura vite compris, le nouveau film d’Éric Lartigau parle d’une crise existentielle. Plus précisément de celle que traverse Stéphane, restaurateur basque à la croisée des chemins qui prend conscience du chemin parcouru et de toute ce qu’il n’a pas été ni fait. A la soixantaine débutante, il décide donc – pour la première fois de sa vie – de lâcher prise et de prendre des risques en tentant de retrouver à Séoul une coréenne avec qui il correspond en ligne. Comme le souligne le hashtag du titre, Lartigau confronte ici dans cette comédie existentielle douce-amère le réel et le virtuel, pointant l’absurdité et le paradoxe de cette époque où les réseaux sociaux font croire à un rapprochement inédit entre les gens alors même que le sentiment de solitude n’a jamais été aussi fort. Mais comme le rappelle au fond le cinéaste, il faut parfois savoir se perdre pour mieux se retrouver. Et, confronté à une culture en tout point différente de la sienne, Stéphane verra dans ce voyage un moyen de se recentrer sur lui-même, de faire le point sur sa vie et de renouer avec les siens des liens qui avaient pu se distendre au fil des années. Pour une paix intérieure retrouvée. De tous les plans ou presque, Alain Chabat porte élégamment le film avec sa douceur nonchalante et son émotion retenue. Et si la balade coréenne se révèle au final touchante et dépaysante, tout juste regrettera-t-on que le scénario se perde quelque peu en circonvolutions inutiles dans son dernier tiers, signes de la difficulté pour le réalisateur à conclure son récit et à retomber sur ses pattes.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale française (5.1) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles. Aucun bonus ne vient compléter cette édition.
Édité par Gaumont, « #Jesuislà » est disponible en DVD depuis le 17 juin 2020.
Le site Internet de Gaumont est ici. Sa page Facebook est ici.