Scénario et réalisation de Marc Fitoussi, Le film Les apparences, issu du livre Trahie de Karin Alvtegen, aborde plusieurs facettes des faux semblants personnels ou en société.
On suit ainsi, Henri chef d'orchestre, sa femme Eve responsable de la médiathèque et leur enfant Milo. Tous trois expatriés français à Vienne pour le travail de l'époux, ils évoluent dans les hautes sphères de la bourgeoise viennoise. De ce bel aspect premier, se cache en réalité non-dits, trahisons, peurs, ennuis qui vont finalement être révélés.
Si l'idée première n'est pas nouvelle, une trahison de l'époux face à une vie qu'il qualifie d'ennui, la première partie du film reste pourtant bien exploitée. La découverte de cette infidélité va révéler une nouvelle facette de l'épouse, et sa vengeance qui prendra plusieurs visages n'aura pas les mêmes conséquences. La seconde partie, en revanche nous entraine dans des méandres de maladresse qui appesanti l'histoire. On peut comprendre que le scandale éclate l'image, les apparences du couple mais dans ces cas là autant aller dans les détails, fouiller un peu plus le couple dans des situations entrainant encore plus de tension, de froideur, de rancœur, d'illusions et de désillusions. La fin du film passe complètement au-dessus de cette possibilité pour nous entrainer dans une conclusion mal amenée... Finalement, sans avoir d'ennui, il n'y a pas vraiment de surprise non plus, même la personnalité psychotique de cet homme rencontré un soir dans un bar, ne donne pas au film un caractère particulier.
L'évolution dans les hautes sphères est très bien réalisée, les contrariétés des uns et des autres, les conversations, le déroulement d'une journée, la vision que l'on a de soi et des autres quitte à se renier soi-même. Plaisir de se plonger dans cette marée d'apparences où pointe un fort regard critique.
Des personnages, celui de Karin Viard et le mieux (le seul ?) réellement exploité et tout se passe, se concentre sur elle. La performance est sublime, les émotions retenues jusqu'au dernier moment. Les pièces de l'échiquier s'imbriquent doucement et l'on peut comprendre tout le cheminement, ce qui l'amène à avancer ainsi jusqu'à palper son ressenti. Dommage que le pendant masculin Benjamin Biolay ne rende pas autant d'émotions, mur de glace, froid à ce qui l'entoure. On retrouve la même émotion sur son visage quand il est en société, que quand il passe du temps avec sa maîtresse ou qu'il fait l'amour à sa femme.La maîtresse Tina (Laëticia Dosch) comme l'amoureux psychotique Jonas (Lucas Englander) vont être des personnages révélateurs de la personnalité d'Eve et de ce qu'elle va faire, ce qu'elle va endurer, ce qu'elle va taire, ce qu'elle va montrer pour sauver son couple et l'image que l'on a d'eux. Une toute petite mise en lumière de l'époux face à Jonas, quelques minutes pour montrer son honneur et sa place dans le couple et dans la vie, peut-être pas assez long et développé pour être aussi révélateur que pour Eve.
Film moyen dans son ensemble sur le fil entre le drame personnel et la fiction une péripétie finale mal amenée, impression de manquer d'une forme de réalité dans cette histoire. Mais très belle performance de Karin Viard qui rend le film très vivant dans un cadre viennois peu commun.
Note indulgente car film vu avec une amie qui a pris un plaisir communicatif à la vision de celui-ci.
Avis de Selenie ICI !