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Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's ; mais surtout montrer un brin la richesse d'un cinéma fantastique aussi abondant qu'il est passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !
#36. Six Femmes pour l'assassin de Mario Bava (1964)
Si c'est résolument avec La fille qui en savait trop, une commande qui pastiche sans vergogne - et ce, dès le titre - le cinéma d'Hitchcock, que le grand Mario Bava esquissé les premières strates des codes du giallo (tueur sadique, nombreuses victimes féminines, atmosphère macabre et perverse,...), c'est veritablement un an plus tard, en 1964, qu'il les gravera dans le marbre du septième art avec le merveilleux Six Femmes pour l'assassin, définition absolue et totale de ce sous-genre du cinéma horrifique, mais surtout le modèle ultime pour toute la vague de bis ritals qui lui emboîteront le pas plusieurs années plus tard - les péloches de Dario Argento en tête.
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Trip sensoriel grandiose d'une ambition grisante (et ce dès son incroyable pré-générique), prenant les contours d'un thriller faussement conventionnel mais réellement déstabilisant, Bava, tel un orfèvre clinique, concocte un ballet sensuel et mortifère totalement distancié de ses personnages - volontairement sans trop d'épaisseur -, en s'appuyant sur l'écriture millimétré de Mario Fondato, terreau tendu parfait pour qu'il laisse exploser tous les spécificités si reconnaissable (parce que passablement usées jusqu'à la moelle par le cinoche transalpin - mais pas que - la décennie suivante) du genre : fétichisme, sadisme, un poil d'érotisme et de gore, le tout imbibé d'une photographie aussi coloré que son cadre (ou chaque décor, couleur et même lumière, à un rôle à jouer), et hanté par un tueur masqué et ganté, usant de l'arme blanche avec une gourmandise dérangeante, sur de séduisantes jeunes femmes - ici des mannequins.
S'efforçant de tirer un profit maximal de chacun de ses atouts (merde à la partition hasardeuse du casting donc), et de dérouler son intrigue avec un maximum d'efficacité (malgré des rebondissements un chouïa faisandés), le cinéaste ne s'ampute d'aucun bout de gras superflu, peint chaque plan comme des tableaux de maîtres et plonge sans réserve son auditoire dans un cauchemar misanthropique et fondateur ou, comme chez Hitchcock, tout le monde semble avoir quelque chose à se reprocher, ou personne n'est inattaquable ou exemplaire.
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Une vision du monde paranoïaque et pessimiste certes, mais surtout une mécanique perverse et ludique merveilleuse pour Bava, pédagogue élégant aux gants de velours autant qu'esthète baroque de la violence, qui dans un silence rouge et enivrant, transperce brutalement les courbes de l'horreur pour l'abreuver de cette rasade de sang inventive et moderne, qu'elle a cruellement besoin chaque décennie pour rester immortelle.
Et comme elle, les grands rois ne meurent jamais, et Mario Bava est clairement de ce rang.
Jonathan Chevrier