© 1989 Paramount Pictures
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se baladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leur mot à dire...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#130. Indiana Jones et la Dernière Croisade de Steven Spielberg (1989)
Impossible pour tout fan de Sean Connery, de ne pas penser autant à son rôle iconique de James Bond, qu'à celui d'Henry Jones, à une heure ou le deuil est encore plus qu'à vif.
Uniquement présent durant deux petites heures d'une saga qui en compte quatre fois plus - Spielberg avait imposé sa présence au scénario, alors que Lucas était plus que réticent -, le comédien a su imprégner de son aura élégante La Dernière Croisade, mais surtout lui offrir ce petit sentiment d'âme qui manquait cruellement aux deux premiers opus : le sentiment de famille, Indy n'étant plus qu'un simple aventurier, mais aussi et surtout un fils constamment en quête d'un amour paternel qui d'après lui, l'avait toujours fui alors qu'il n'était que, simplement, peu démonstratif.
© 1989 Paramount Pictures
Après l'Arche d'Alliance et les pierres de Shankara, Jones se lance pour cette troisième aventure à la recherche du Saint Graal (ici plus proche des écrits de Robert de Boron que de la légende, puisque rapproché au fameux " Saint Calice ", la coupe utilisée par le Christ lors de la Cène, et dans laquelle Joseph d'Arimathie a récupéré son sang après la descente de la Croix), objet légendaire ayant monopolisé toute l'attention de son père pendant des décennies, et raccroché au mythe de la vie éternelle - La Fontaine de Jouvence fut même un temps considéré par le tandem Lucas/Spielberg.
Passé une introduction enthousiasmante avec un Indy adolescent (River Phoenix 💔), démontrant que son goût pour l'aventure ne date pas d'hier (tout comme l'obsession de son paternel pour le Graal), retour au présent - en fait au passé, mais passons -, en 1938, à une époque où le nazisme monte cruellement en puissance, et où l'humanité commence peu à peu à se préparer à un affrontement dévastateur.
Deux ans après avoir trouvé l'Arche, Indiana Jones doit cette fois retrouvé son père, enlevé par ses nationaux-socialistes qui le considère comme le plus grand expert médiéviste en rapport au légendaire calice.
De Venise à Petra en passant par Berlin, le célèbre aventurier et son patriarche, vont donc se lancer au péril de leur vie dans une lutte contre leurs pires ennemis, pour les empêcher de mettre la main sur le Graal...
© 1989 Paramount Pictures
Retour formidable aux fondamentaux de la saga (les traumas fantastico-expérimentaux du Temple Maudit sont loin), prenant quasiment les contours d'un opus de conclusion (l'avenir nous prouvera que non, malheureusement), entre retours chaleureux - Marcus Brody et Sallah -, pur esprit de séries B (jusque dans les SFX bricolés et un peu vieillot) et une exposition des thèmes chers à la filmo de Spielberg (la Seconde Guerre mondiale, la famille et plus directement la relation père/fils compliquée), Indiana Jones et la Dernière Croisade fait cependant un pas plus prononcé dans le divertissement d'aventure familial, en privilégiant l'humour avec une bonhomie joliment bienveillante.
Totalement conscient que dans la forme, la franchise fait du surplace (le souci d'un aventurier : courir constamment après les quêtes et les trésors qui se ressemblent), il mise tout sur le fond, dans sa dynamique nouvelle : le tandem Jones, dont les retrouvailles délirantes - moment clé ou le film bascule du divertissant au génial - laissent vite pointer tous les travers de leur relation (faussé générationnel jusque dans leurs apparences, non-dits, malentendus et affections difficilement exprimés), avant que la force des choses et les travers dingues de leur épopée, ne viennent les rapprocher (la scène de la " fausse mort " d'Indiana, émue aux larmes autant qu'elle fait rire) et leur faire réaliser que le plus important des Graals, c'est le lien du sang et la famille (Indy n'ira d'ailleurs cueillir le Graal n'ont plus pour le retirer des mains des nazis, mais pour sauver son père).
© 1989 Paramount Pictures
Sublimé par l'alchimie folle entre Ford et Connery, laissant joliment respirer ses personnages avec des caracterisations plus fine qu'il n'y paraît (ou amère, comme celui d'Elsa), Indiana Jones et la Dernière Croisade est l'opus le plus doux, généreux et intelligent de la saga, une vraie madeleine de Proust qui ne perd pas une once de sa magie et de sa grandeur au fil des visions (même frénétiques, surtout en période de fêtes), tout comme les sonorités héroïques et si reconnaissables du roi John Williams.
Indy, même s'il a le nom du chien - true story -, n'a strictement pas besoin du Graal pour rester immortel dans nos coeurs, et son papa de cinéma, aussi bien devant que derrière la caméra, encore moins...
Jonathan Chevrier