Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 1er Novembre au 7 Novembre
Dimanche 1er Novembre.
James Bond affronte ici la terrible organisation Spectre dans une course pour s'emparer d'un décodeur soviétique. Sa mission l'emmène dans une excitante course de hors-bord, une brutale attaque en hélicoptère et une bagarre inoubliable.
Les chaines bousculent leurs programmations afin de rendre hommage à Sean Connery. A l’heure où j’écris cet article, seul France 2 a dégainé deux volets de James Bond. Alors oui, le service public aurait pu se montrer plus inspiré en diffusant par exemple Goldfinger, Opération Tonerre ou Bons Baisers de Russie qui se classe aisément dans leurs meilleurs Bond de l’ére Sean Connery. Mais tout à un début, et en l’occurence ici c’est donc Dr No. Si le film porte sur lui les traces du temps, il demeure doté d’un scénario précis, entre dialogues pimpant et suspens affriolant. Le cinéaste Terrence Young parvient a s’empare de ce matériau de base afin d’en dégager une mise en scéne souvent splendide, parfois chatoyante qui pose les motifs récurrents de la saga en construction. Quant à Sean Connery, il enfile son costume avec une aisance certaine et reste à jamais le premier à avoir dit : Bond. James Bond.
Mais également...TF1SeriesFilms propose 21 Jump Street de Chris Miller et Phil Lord. Parvenant a capter le ton juste, le long-métrage vogue entre respect de l’œuvre originale – la série des 80’s – et émancipation de cette dernière lui permettant/autorisant d’exister par lui-même. Ainsi, Miller et Lord impose leurs pattes, 21 Jump Street vient adroitement se nicher au carrefour entre un Edgar Wright de la trilogie Cornetto et un Adam McKay époque Very Bad Cops. Autrement dit, un film foutrement extravagant, déjanté le plus souvent, parvenant a se faire habilement burlesque et doté d’une réalisation ébouriffante de créativité.
Lundi 2 Novembre. Autopsie d’un Meurtre de Otto Preminger sur Arte.
Paul Biegler accepte de prendre la défense d'un militaire, Frederick Manion, suspecté d'avoir assassiné l'homme qui a violé son épouse. Biegler plaide non coupable, arguant que Frederick a tué sous l'emprise d'une impulsion irrésistible.
Plus que l’autopsie d’un meurtre, Otto Preminger vient scruter, décortiquer, examiner le systéme juridique américain. Et le moins que l’on puise dire c’est qu’il dresse un portrait cynique des rouages d’une Justice dont la vérité objective n’existe pas. En effet, le cinéaste y montre qu’un procés est avant tout une minutueuse manipulation de la part de l’avocat et du procureur afin d’influencer un verdict. Tout cela vient articuler une œuvre complexe et passionnante où vient se nicher l’humain. Car oui, dans cette machine juridique, Otto Preminger vient dépeindre l’humain dans sa richesse et sa noirceur, à la fois noble et immonde, poignant et caustique. Le tout est emballé par un James Stewart impeccable et d’une Lee Remick nappée d’une aura mystérieuse.
Jeudi 5 Novembre. Le Prestige de Christopher Nolan sur Cherie25.
À la fin du XIXe siècle, Alfred Borden et Robert Angier assistent un magicien pour un tour très dangereux : Julia, l’épouse d’Angier, ligotée dans une cuve remplie d’eau et hermétiquement close, doit se libérer. Un soir, Julia se noie sous les yeux de son mari, Angier accuse Borden de l’avoir attachée avec un nœud inédit.
Dans une temporalité toute Nolanienne — entendait par là que le temps n’est pas linaire, le cinéaste offre un film qui au travers des codes du tour de magie — la Promesse, le Tour et le Prestige — embrasse tout autant le fantastique que le thriller. Telle une poupée russe, l’œuvre n’a de cesse de se laisser découvrir, quand un mystère semble s’éclaircir un autre vient assombrir l’horizon. C’est dans cette structure que réside toute la puissance du film, puisqu’il apporte complexité, richesse et malice à un récit qui, pourront dire certains, est assez simple quand la résolution vient nous happer. Pourtant, comme un gamin devant un tour de magie, on se laisse avoir et on en redemande.
Mais aussi...TMC propose Split de M.Night Shyamalan. Oeuvre de la renaissance où le cinéaste opérait une sorte de retour aux sources au travers d’un film aussi déstabilisant que passionnant. Shyamalan y travaille une ambiance qui peu à peu fait émerger une œuvre bien plus riche, complexe et exaltante que ce qu’elle peut laisser penser. Split, derrière son impeccable thriller lorgnant vers un sens du suspens hitchcockien en diable, est un grand film sur les traumatismes et comment chacun tente de gérer l’ingérable.
Thibaut Ciavarella