(Critique - avec spoilers - de la saison 1)
Comme un peu tout le monde, lorsque la nouvelle est tombée qu'Amazon allait héberger une nouvelle sitcom signée par le tandem Simon Pegg/Nick Frost, notre niveau d'excitation est grimpé à un niveau rarement atteint depuis longtemps, et encore plus pour une comédie télévisée.
Même s'il manque un pied important du trépied de la Cornetto Trilogy - Edgar Wright -, et qu'il est évident que Truth Seekers ne pouvait pas atteindre ne serait-ce qu'une strate du génie fou et attendrissant de la vénéré Spaced (l'une des meilleurs sitcoms de l'histoire de la télévision... minimum), l'attente était à son paroxysme, et force est d'avouer que pour un Halloween salement amputée - même culturellement - par la pandémie, la série fait le boulot, et vaut clairement son petit pesant de popcorn - ou de bonbons.
Copyright Colin Hutton/Amazon Prime Video/Stolen Pictures
Sitcom comico-horrifique, Truth Seekers suit une équipe d'enquêteurs paranormaux à temps partiel qui s'associent pour découvrir et filmer des observations de fantômes à travers le Royaume-Uni, partageant leurs aventures sur une chaîne en ligne pour tous. Cependant, alors qu'ils jalonnent des églises hantées, des bunkers souterrains et des hôpitaux abandonnés avec leur gamme de gadgets de détection de fantômes faits maison, leurs expériences surnaturelles deviennent de plus en plus terrifiantes et même mortelles, alors qu'ils commencent à découvrir une conspiration qui pourrait entraîner - litteralement - la fin du monde...
Très loin de la série qui les a fait connaître à la face du monde (ce n'est pas un clone de Spaced... Et HEUREUSEMENT), tout en étant un peu trompeuse sur son annonce (Frost et Pegg son rarement ensemble à l'écran), le show ne répond pas à toutes les attentes du fan hardcore des deux lascars qui est en nous, tout en ouvrant des portes férocement intéressantes, notamment sur la manière dont ils dirigent les thèmes chers de leur cinéma.
Copyright Colin Hutton/Amazon Prime Video/Stolen PicturesCopyright Colin Hutton/Amazon Prime Video/Stolen Pictures
Si l'amitié a toujours été au coeur de la Cornetto Trilogy, que ce soit dans sa naissance touchante (Hot Fuzz), sa manière de transcender le temps malgré les aléas de la vie (Le Dernier pub avant la fin du monde), ou même d'aller au-delà de la mort (Shaun of The Dead), avec Truth Seekers, elle prend un versant plus universel mais surtout plus... pluriel, en pariant sur la transmission et la création de nouvelles connections - même si l'esprit de camaraderie n'a jamais quitté leurs projets -, ce qui explique d'autant plus la nécessité de ne pas laisser l'alchimie géniale entre Pegg et Frost, vampiriser toute l'attention (même si cela ne nous aurait pas dérangé non plus).
Une maturité qui se ressent d'autant plus dans le soin opéré dans l'écriture des personnages, comme si le duo, capable de faire bien plus que leurs personnages requiert, se mettait un poil en retrait pour mieux mettre en lumière les autres.
Comme la légende Malcolm McDowell qui troque ici ses rôles de vilains ou de personnages profondément arrogant, pour lui préférer le costume touchant d'un vieil homme légèrement maladroit et nerveux, qui lui va formidablement bien.
Plus centré sur ses personnages que sur l'originalité même de son histoire (une pluie de rebondissements plutôt bien amenés, viennent trancher une accumulation de tropes faciles et prévisibles), tout en réservant quelques excentricités plutôt fun (théories du complot, fantômes, poupées possédées, radios hantées de la Seconde Guerre mondiale, chiens «zombies»,...), Truth Seekers est un petit bout de série comme on les aime, une sitcom comique qui ne renie jamais - et honore même - l'horreur de son histoire (le surnaturel n'est pas qu'une gimmick scénaristique - malgré quelques références évidentes -, il est vraiment au coeur de l'intrigue et de la mise en scène).
Une petite friandise pimentée, finement charpentée et accrocheuse, qui nous sert clairement de mise en bouche avant que l'on pleure tous comme des madeleines avec l'arrivée prochaine du final de la vénéré Supernatural...
Jonathan Chevrier