L’HOMME DU PRESIDENT (Critique)

L’HOMME DU PRESIDENT (Critique)L’HOMME DU PRESIDENT (Critique)

SYNOPSIS: Dans les années 1970, la Corée est sous la houlette du président Park, qui contrôle d'une main de fer la KCIA, l'agence de renseignements coréens. KIM Gyu-Pyeong, un commandant prometteur de la KCIA, voit sa vie être bouleversée lorsque l'ancien directeur de l'agence refait surface, avouant qu'il connaît toutes les affaires louches dans lesquelles a trempé le gouvernement. Alors que la tension monte, chaque parti tente de dissimuler son , avant que n'éclate au grand jour la vérité...
Dans L'Homme du Président, le réalisateur WOO Min-ho adapte un moment crucial de l'Histoire sud-coréenne en modifiant les noms des véritables protagonistes du fait divers : l'assassinant du président PARK. Mais le film l'annonce dès son ouverture avec un carton. L'histoire que nous nous apprêtons à voir est inspirée de faits réels, tout en proposant une reconstitution parfois romancée de la réalité (on ne sait pas réellement ce qui s'est passé ce 26 octobre 1979). A travers cette volonté d'adaptation du réel, le metteur en scène met en lumière une bascule de la Politique sud-coréenne, le moment précis où la poudrière a pris feu. L'Homme du Président met en scène le Président sud-coréen PARK (inspiré du Président PARK Chung-hee), en poste à la tête du pays depuis le coup d'état de 1961, qui mène une politique de plus en plus répressive, corrompue, dictatoriale. A la tête des services de renseignements sud-coréens, la KCIA, KIM Gyu-pyeong, proche du Président, est mis dans une position délicate lorsque le précédent directeur de l'agence PARK Yong-gak décide de témoigner à Washington DC au sujet de toutes les affaires illégales ayant lieu autour du président PARK lorsqu'il était à la tête de la KCIA (affaire qui prendra le surnom de " koreagate "). KIM se confrontera au chef de la sécurité présidentielle GWAK Sang-cheon, convaincu que l'usage de la violence est nécessaire et bénéfique pour maintenir le Président à la tête du pays. Poussé dans ses derniers retranchements, KIM ne voit qu'une seul façon d'arrêter cette dictature : assassiner le Président.

L’HOMME DU PRESIDENT (Critique)
En jouant de cette façon avec la réalité historique (qui reste encore aujourd'hui un mystère), WOO Min-ho propose une relecture sous forme d'enquête. Il dirige son récit vers un questionnement du système politique de l'époque, proposant une version certes romancée de l'évènement mais surtout contextuelle. Il met en place des éléments réels (la place de la KCIA dans la politique du président PARK, le koreagate, sa relation avec KIM et GWAK, les guerres d'espionnage avec les États-Unis, les émeutes de civils et d'étudiants à Busan...), tout en se concentrant sur les principaux protagonistes de l'affaire. KIM est notre protagoniste, à la tête de la KCIA, mais victime de la toute puissance du Président PARK qui a la main basse sur toutes les organisations majeures du pays. Il prend au fur et à mesure de l'intrigue conscience de sa place au sein du gouvernement. Et d'un complot dont il n'est lui-même pas au courant, étant pourtant le directeur des services de renseignements coréens. Puis, le " koreagate " et la rédaction des mémoires de son prédécesseur vont enclencher une réaction en chaîne faisant tomber les pièces une à une, jusqu'à l'explosion. Mais en attendant cette explosion finale, L'Homme du Président pose une tension constante, jouant de procédés techniques nerveux. En particulier une bande-son impressionnante d'ampleur, qui soutient le suspense mis en place par l'écriture du scénario. La mise en scène de WOO Min-ho se montre très précise, jouant avec des décors immenses et grandioses, constituant pourtant des plans amples posant une solitude et un vide significatifs. Le Président PARK, pourtant personnalisation à lui seul de l'entièreté du gouvernement sud-coréen est souvent montré seul dans un gigantesque bureau bien trop grand pour lui. Car même si la volonté du film est d'explorer un contexte politique, ce sont les personnages qui sont au centre de l'intrigue. Le metteur en scène les sonde pour mettre en image cette bascule, ce moment précis où la décision d'en finir avec cette dictature a été prise.

L’HOMME DU PRESIDENT (Critique)
Et c'est de cette façon qu'une des réussites principales du film est son casting. En tête LEE Byung-jun dans le rôle de KIM Gyu-pyeong, chef de la KCIA stoïque et concentré, qui préfèrera suivre sa morale que sa loyauté. Il est redoutablement précis dans ce rôle de figure nationale majeure, devenu l'espace de quelques temps un libérateur. Le long du film, LEE montre avec justesse et force cet état d'esprit et cette suite d'évènements primordiaux dans l'Histoire sud-coréenne. On retrouve également LEE Sung-min dans le rôle de PARK, Figure historique importante, Président en fin de règne fatigué mais tout-puissant, sorte de dieu sur terre effrayant. Suivent KWAK Do-won dans le rôle de l'ancien directeur de la KCIA et LEE Hee-jun, le chef de la sécurité du président, d'une froideur et d'une sournoiserie inquiétante.

L’HOMME DU PRESIDENT (Critique)
Avec cette reconstitution adaptée du réel, WOO Min-ho propose un thriller politique nerveux et dense, qui s'accapare une bascule majeure de l'Histoire Coréenne pour en faire un récit à l'esthétique léchée qui ausculte de l'intérieur les entrailles d'un gouvernement en pleine implosion même si le film se montre parfois trop sobre dans sa volonté de reconstituer le contexte social qu'il souhaite traiter. Malgré cet aspect un peu timoré dans l'adaptation historique et dans sa portée politique, L'Homme du Président est un récit intéressant et fort, paraissant à certains instants pencher vers le film de gangster. En résulte une production sud-coréenne puissante et très bien dirigée, qui emporte, qui tend et qui questionne.

L’HOMME DU PRESIDENT (Critique)

Titre Original: NAMSAN UI BUJANGDEUL

Réalisé par: Min-ho Woo

Casting : Lee Byung-Hun, Sung-min Lee, Do-Won Kwak...

Genre: Espionnage, Historique, Thriller

Date de sortie en DVD, Blu-Ray et VOD le 04 novembre 2020

Distribué par: Lonesome Bear

L’HOMME DU PRESIDENT (Critique)

TRÈS BIEN