[CRITIQUE] : L’Homme du Président

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Woo Min-ho
Avec : Lee Byung-Hun, Lee Sung-min, Kwak Do-Won,...
Distributeur : The Jokers Films/Lonesome Bear
Budget : -
Genre : Espionnage, Historique, Thriller.
Nationalité : Sud-Coréen.
Durée : 1h54min.
Synopsis :
Dans les années 1970, la Corée est sous la houlette du président Park, qui contrôle d’une main de fer la KCIA, l’agence de renseignements coréens. KIM Gyu-Pyeong, un commandant prometteur de la KCIA, voit sa vie être bouleversée lorsque l’ancien directeur de l’agence refait surface, avouant qu’il connaît toutes les affaires louches dans lesquelles a trempé le gouvernement. Alors que la tension monte, chaque parti tente de dissimuler son jeu, avant que n’éclate au grand jour la vérité…


Critique :

Plongée au coeur d'un fait événement historique proprement dingue dans l'histoire politique sud-coréenne, #LHommeduPresident, entre la tragédie Shakespearienne complexe et le thriller d'espionnage paranoïaque et intense, est un petit bijou de séance nerveuse et anxiogène. pic.twitter.com/Zj9boVMnip

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) November 5, 2020

Après un court passage au dernier Étrange Festival, mais avant tout et surtout après un succès tel sur ses terres, que la Corée du Sud envisagerait sérieusement à en faire son futur prétendant à la course à l'oscar du meilleur film étranger, L'homme du Président débarque en ces temps sombres directement par la petite porte de la VOD, une sacrée injustice vu la qualité du dernier long de Woo Min-Ho, pour lequel il retrouve le trop rare Lee Byung-Hun.
Plongée au coeur d'un fait historique proprement dingue, soit les arcanes/événements qui ont menés à l’assassinat du président Park Chung-hee, articulé autour d'une chronologie on ne peut plus maline pour instaurer son climat intense et urgent, et subtilement vissé sur ses personnages.

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En 1961, un coup d’État militaire a conduit à la présidence du chef militaire Park Jung-Hee. Pendant ce temps, il a créé l'Agence centrale coréenne de renseignement et a nommé Kim Kyu-Pyung comme directeur de la KCIA.
En 1979, Park Yong-Gak, un membre de la KCIA, a des preuves contre Park, qui serait corrompu, et les présente à Washington DC en échange de l'asile. Lorsque Park a vent de la situation, il ordonne à Kim de se rendre à Washington pour régler l'affaire... sauf qu'après plusieurs rencontres avec l'ambassadeur américain en Corée, Kim se retrouve lentement mais sûrement à la croisée des chemins, et sa loyauté envers son président vascille (lui qui envisage de déclarer la loi martiale).
D'autant plus lorsqu'il apprend que le garde du corps en chef du président, Kwak Sang-Cheon, commence à se rapprocher de Park dans l'espoir de reprendre son poste en tant que big boss de la KCIA et de bras droit number one du chef de l'état.
Kim se rend compte qu'il doit y avoir un changement politique en Corée, et dans l'espoir que cela se produise, il va prendre une décision qui changera à jamais l'histoire de son pays...
Percutant dans sa manière d'emboîter une à une les pièces du puzzle chaotique qu'il narre, sans jamais obscurcir sa narration d'une pluie d'informations souvent difficile à assimiler, rentrant dans le lard de son sujet dans une sorte de rencontre virtuose entre la tragédie Shakespearienne complexe et le thriller d'espionnage paranoïaque et tendu comme la ficelle d'un string; Min-Ho croque sa vision des événements, personnelle et nerveuse, dont on ne peut détourner le regard.

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Questionnant constamment son auditoire et ses personnages sur la notion de loyauté et de devoir, jouant autant sur les interprétations millimétrés de ses interprètes (Kwak Do-Hong, solide en catalyseur de la série d'événements qui ont conduit à l'assassinat, mais surtout de Lee Byung-Hun, absolument parfait dans la peau d'un homme de conviction en complet conflit intérieur) que sur sa mise en scène pleine ample et aérienne, L'homme du Président est un bijou de séance épurée et anxiogène comme le cinéma sud-coréen sait si bien nous les offrir.
Dommage que cette fois-ci, l'offrande ne se déroule pas dans une salle obscure...
Jonathan Chevrier