Dernier film du réalisateur-scénariste Philippe Garrel qui continue sur ses thématiques au sein d'un cycle en Noir et Blanc débuté avec "La Jalousie" (2013) et qu'il a poursuivi jusque là avec "L'Ombre des Femmes" (2015) et "L'Amant d'un Jour" (2017). Le cinéaste précise : "Ces films ont en commun l'absence de mégalomanie dans la mise en scène et les moyens utilisés. J'ai compris qu'on était pas meilleur avec dse budgets trois fois supérieurs et tout ce que cela impliquait. On a autant sa chance de faire un très bon film avec un petit budget, pour peu qu'on soit très pratique et qu'on sache bêtir ce type de film. Cette contingence économique a récréé un style, un style que je garde." Donc Philippe Garrel aura attendu des décennies après "Marie pour Mémoire" (1967) jusqu'à avoir les cheveux blancs pour comprendre que la qualité d'un film n'a rien à voir avec le montant du budget (?!). Néanmoins cohérent avec ces dernières oeuvres il aborde les thématiques du couple et de la famille en collaboration avec la même équipe depuis 2013 dont Renato Berta à la Photographie, Jean-Louis Aubert à la musique, et ses deux co-scénaristes Jean-Claude Carrière et Arlette Langmann...
Un jeune provincial qui est très proche de son père, attend de pouvoir entrer à la prestigieuse école Boulle à Paris. À la capitale il rencontre Djemila une jeune femme avec qui il a une aventure avant de rentrer en province où l'attend sa fiancée avec qui il est depuis l'adolescence. Alors qu'il est admis à l'école Boulle il dtoi repartir à Paris où il rencontre une autre jeune femme aux moeurs libres et auprès de qui il délaisse sa fiancée malgré qu'elle lui apprend être enceinte... Philippe Garrel a fait appel essentiellement à des comédiens issus du Conservatoire où il enseigne, soit de ses élèves soit issus d'autres promos. Ainsi, le rôle principal est-il le premier rôle au cinéma de Logann Antuofermo qui, physiquement, n'est pas sans rappeler un miwte entre Stanislas Merhar (qui était dans "L'Ombre dse Femmes") et Jocelyn Quivrin. Le père est incarné par l'excellent André Wilms, acteur fétiche de Etienne Chatiliez de "La Vie est un Long Fleuve Tranquille" (1988) à "La Confiance Règne" (2004) et de Aki Kaurismaki de "La Vie de Bohème" (1992) à (2011). Le "héros" est donc entouré de jolis femmes interprétées par Oulaya Amamra révélation du très bon (2016) de Houda Benyamina pour lequel elle a reçu le César du meilleur espoir, Louise Chevillotte déjà repérée et révélée par Garrel dans "L'Amant d'un Jour", puis Souhaila Yacoub vue dans (2018) de Gaspard Noé et "Les Affamés" (2018) de Léa Frédeval... Noir et Blanc donc, style toujours très influencé par la Nouvelle Vague, Garrel impose une nouvelle fois le canevas où un homme se confronte aux sels féminins. Le titre est joliment poétique mais ne reflète pas franchement le contenu du film. Garrel use une nouvelle fois d'une voix Off superflu qui rappelle surtout que le spectateur est peut-être trop stupide pour comprendre ce qu'il voit. Un homme qui trompe sa conjointe est courant, un jeune homme proche de son père n'a rien de nouveau, mais Garrel cette fois ne semble pas vraiment savoir ce qu'l veut raconter vraiment.
D'un côté un jeune homme qui ne semble pas savoir ce qu'il veut vraiment niveau sentimental, inconstant comme peut l'être la jeunesse, d'un autre côté sa relation privilégiée avec son père avec qui il partage notamment une passion pour l'ébénisterie. On cherche encore le lien entre ces deux récits, on serait presque dans deux films en un, deux courts que le réalisateur aurait imbriqués l'un à l'autre pour pouvoir sortir un long métrage. Ce qui gêne le plus est cette sensation anachronique autour de l'amour, car des dialogues aux actions et réactions des personnages (trois femmes trois symboles féministes, un jeune homme égoïste voir d'un machisme classique) bien aidé par le N&B donne un côté suranné à tel point qu'on croirait sans mal à un film de la fin des années 60. Pas désagréable en soit il n'en demeure pas moins que la nostalgie n'est clairement pas le sujet du film ! Et quitte à jouer avec le charme d'une autre époque Emmanuel Mouret paraît plus intéressant en mêlant intelligence et modernité dans le fond comme sur la forme ; voir son tout récent "Les Choses qu'on Dit, les Choses qu'on Fait" (2020). Donc on suit un jeune homme qui semble séduire un peu par accident, sans réfléchir, il prend comme ça vient sans qu'on puisse franchement le comprendre tant il ne montre aucun réel intérêt à l'un ou à l'autre . Les jeunes femmes sont nettement plus intéressantes (une libertaire, une fidèle, une jeune prude) mais peu exploitées puisque c'est bien lui qui compte alors même qu'il est inintéressant car sans passion, sans envie, sans bonheur... L'émotion vient surtout des femmes et du père (merveilleux André Wilms !). Le personnage principal est inepte, sans doute mal écrit ou acteur mal dirigé (?!), ce qui crée d'autant plus un décalage entre la partie conquête féminine et la partie paternelle. Outre le style très peu moderne de Garrel on n'est surtout perplexe devant l'histoire même du film ne sachant jamais ce que veut raconter le cinéaste. De vrais instant de grâce, mais pas suffisant pour combler un sentiment de vide sur l'ensemble du long métrage. Dommage...