Premier long métrage de Didier Le Pêcheur, d'abord connu pour avoir réalisé plusieurs clips notamment pour Zazie, Dany Brillant ou encore Johnny Hallyday, mais aussi pour des romans dont il adapte cic son 3ème au titre éponyme. Cette histoire de quête de Dieu fait d'ores et déjà sourire, le nom du cinéaste n'y étant sans doute pas pour rien (?!). Le réalisateur-scénariste-auteur collabore avec deux autres scénaristes pour écrire son projet, Pascal Arnold qui réalisera plus tard des films comme "Lovers" (1999) et "American Translation" (2011), puis avec Artus De Penguern qui signera lui les films "Grégoire Moulin contre l'Humanité" (2000) et "La Clinique de l'Amour" (2012). À noter que Didier Le Pêcheur travaillera surtout pour la télévision mais réalisera néanmoins d'autres films avec "J'aimerais pas Crever un Dimanche" (1998), "Home Sweet Home" (2008) et "La Liste de mes Envies" (2013)... Nord et Evangile sont tracassés par une question qui leur revient sans cesse depuis unmoment : "Qu'est-ce qui prouve que nous ne sommes pas des personnages de roman ?! Est-ce que nous existons vraiment ?! Et si nous sommes les personnages d'un auteur qui cela peut-il être à part Dieu ?!" Nord et Evangile n'aime pas leur vie, ils décident donc de partir à la rencontre de ce Dieu pour lui en toucher deux mots. Pendant leur quête ils vont être rejoint au fur et à mesure par une femme qui veut se suicider, un curé érotomane, une policière et un voyant...
Nord et Evangile sont incarnés respectivement par Christian Charmetant et Marie Trintignant qui se retrouve après "Les Marmottes" (1993) de Elie Chouraqui. Leurs compagnons de route sont joués par Maria de Medeiros qui venait de participer au succès culte "Pulp Fiction" (1994) de Quentin Tarantino, Michel Vuillermoz et Isabelle Candelier qui se retrouveront sur "Dieu Seul me Voit" (1998) de Bruno Podalydès et "Le Créateur" (1998) de Albert Dupontel, Serge Riaboukine qui retrouvera plusieurs partenaires dans "Grégoire Moulin contre l'Humanité" (2001) de et avec Artus de Penguern dans lequel joueront également Christian Charmetant et Vuillemoz, ces deux derniers se retrouvent d'ailleurs après "Un Père et Passe" (1989) de Sébastien Grall dans lequel était aussi Florence Thomassin qui joue ici un tout petit rôle. La troupe vont rencontrer d'autres personnages interprétés par exemple par Artus De Penguern qui, outre son film "Grégoire Moulin..." retrouve Maria De Medeiros après "Henry and June" (1990) de Philip Kaufman, un infirmier joué par Mathieu Kassovitz alors auréolé du succès avec son film (1995) et qui retrouve Jean Yanne après "Regarde les Hommes Tomber" (1994) de Jacques Audiard, ce dernier incarnant Dieu, puis enfin on reconnaîtra un pompier joué par le chanteur Dany Brillant... De la question du destin, de quoi on sert dans ce monde, qui ne s'est jamais posé des questions existentielles sur le pourquoi du comment ?! La vie est-elle ce qu'on croit ?! Sommes-nous les maîtres de notre destin ou sommes-nous les jouets d'un être suprême ?! Tant de questions qui entourent cette histoire où Nord et Evangile nous emmène sur les routes incertaines d'une quête qui ne peut que nous interpeller, nous interroger.
L'idée de départ est originale, intéressante assez du moins pour nous emporter facilement dans ce road movie improbable, une aventure surréaliste où l'humour noir se doit d'être omniprésent. Mais le film a clairement des difficultés à trouver sa voie. Le premier soucis reste les personnages auxquels on a bien du mal à s'attacher, ils sont pour la plupart insupportables, pas aimables, on ne peut avoir d'empathie à l'exception notable de Karenine/De Medeiros, la seule qui demeure touchante et émouvante. Ensuite, l'humour (même noir !) ne fonctionne jamais franchement, trop timoré, trop simpliste et/ou trop en filigrane et qui finit surtout par reposer uniquement sur un paramètre : le sexe. Le sexe devient le seul chemin vers Dieu à priori, simpliste et primaire, ce paramètre prend unetelle importance qu'on y perçoit surtout les limites de la créativité de l'ensemble. L'idée de départ ne semble pas avoir étoffer l'inspiration des auteurs. Cette fable philosophiques et théologiques montrent très vite ses limites. On pense beaucoup à Bertrand Blier, sauf que Didier Le Pêcheur n'est pas Blier. Le réalisateur manque d'audace, il aurait fallu aller plus loin dans le gag, soigner des dialogues plus acérés, ne pas se reposer autant sur la dimension sexuelle... etc... Et surtout jouer beaucoup plus sur les doutes sur les différentes théories, dans le récit les personnages ne s'en posent pas tant, ils sont d'ores et déjà sûr que c'est Dieu qui mène le bal. L'humour noir ne prend toute son ampleur que dans les 15-20 dernières minutes ce qui crée aussi un décalage. Pourtant le casting est séduisant, certaines séquences sont prometteuses mais sont rarement transformées par les minutes suivantes, on reste finalement sur notre faim malgré le potentiel évident. Dommage...