Nouveau film de Sofia Coppola, fille du maestro derrière la fresque (1972-1991) et de "Apocalypse Now" (1979), et qui a décollé avec le sublime et tragique "Virgin Suicides" (1999). Au vu de sa filmo particulièrement prometteuse à ses débuts on constate une thématique récurrente et cohérente, à savoir la solitude et le passage de l'adolescence à la vie adulte chez les jeunes filles/femmes. La réalisatrice-scénariste a confirmé tout son talent avec le très beau "Lost in Translation" (2003) et le mésestimé "Marie-Antoinette" (2006) mais malheureusement elle s'est fourvoyée avec (2010) et "The Bling Ring" (2013) où ses histoires ineptes ont surtout montré qu'elle n'avait plus grand chose à raconter, sans doute la raison d'ailleurs pour laquelle elle est revenue à l'adaptation d'un roman qui avait déjà fait ses preuves avec (2017). Vu la grande déception de se seconde partie de sa filmo, on n'est donc un peu sur la défensive surtout que ce nouveau projet à un faux airs de redondance avec "Lost in Translation". Le film est prévu hors salles obscures puisqu'il est siglé Appel TV, mais produit par Sofia Coppola via la société de production familiale fondée par papa... Une jeune mère de famille commence à penser que son époux qui a tout de l'homme idéal la trompe peut-être. Y pensant constamment, elle se retrouve aussi avec la panne d'inspiration pour son roman. Elle voit aussi son père, riche oisif et séducteur qui a quitté sa mère il ya longtemps et qui lui dit franchement que certains actes de son époux prouve qu'il voit une autre femme. Sans conviction, sans y croire, elle suit pourtant les conseils avisés de son père qui s'y connaît forcément dans le domaine...
La femme qui doute est incarnée par Rashida Jones (fille de Quincy Jones et de l'actrice Peggy Lipton morte juste avant le tournage) vue entre autres dans "I Love You, Man" (2009) de John Hamburg et "The Social Network" (2010) de David Fincher, le père est interprété par l'inénarrable Bill Murray qui revient à plus sage après les zombies de "The Dead Don't Die" (2019) de Jim Jarmush et "Retour à Zombieland" (2019) de Ruben Fleischer. Père et fille qui se retrouve ainsi avec Sofia Coppola après le moyen métrage télé "A Very Murray Christmas" (2015), Murray avait aussi joué dans "Lost in Translation". Le mari est joué par Marlon Wayans célèbre pour ses comédies parodiques avec ses frères comme la saga "Scary Movie" (2000-2013) mais qui a de temps en temps joué dans des films plus "sérieux" comme le chef d'oeuvre "Requiem for a Dream" (2000) de Darren Aronofsky et "Ladykillers" (2004) des frères Coen. On croise trois autres femmes, jouées par Jessica Henwick aperçue dans la série TV "Game of Thrones" (2015-2017) mais surtout vue dans "Star Wars VII : le Réveil de la Force" (2015) de J.J. Abrams et "Underwater" (2020) de William Eubank, Jenny Slate vue dans "Hotel Artemis" (2018) de Drew Pearce et (2018) de Ruben Fleischer, et enfin une courte apparition de Barbara Bain, madame Martin Landau à la ville avec qui elle a joué dans la série TV "Mission Impossible" (1966-1969) couronnée entre autre de 3 Emmy Awards... Deux choses interpellent durant le film. D'abord la thématique habituelle n'est plus présente, plus de filles/femmes entre deux âges, plus franchement de solitude mais un simple suspense sur un adultère somme toute banal. Ensuite, on constate que la cinéaste lorgne clairement sur le film qui est souvent considéré comme son meilleur, "Lost in Translation", mégalopole, monde nocturne, un couple et surtout le retour de Bill Murray.
Comme si Sofia Coppola voulait se rassurer tout en tentant d'explorer autre chose ses comédies cela même si c'est pas forcément très original. Mais pour un film qui ne dure que 1h30 le scénario peut paraître surprenant car on ne sait jamais vers quoi veut tendre la cinéaste. En effet, deux paramètres mènent le récit, le suspense autour de l'éventuelle infidélité et le relation père/fille. Malheureusement le suspense est fantoche car le mari/Wayans force tant les "indices" qu'on y croit forcément pas (le code modifié de son portable, sa gêne quand il parle de sa collaboratrice), et la relation père/fille n'est pas franchement traitée (papa divorcé et évidemment safaute au goujat !) le personnage de Bill Murray n'arrive pas avant une demi-heure et son personnage repose sur le charme de l'acteur qui s'amuse à jouer au dandy sans franchement y croire. La première heure est une constante tergiversion, oui il me trompe non ce n'est pas possible, le tout semé régulièrement d'une séquence redondante où cette maman attend dans un couloir d'école à écouter les déboires inintéressants d'une autre maman qu'on devine être sans doute une amie, une amie dont on se fout royalement mais qui permet à miss Coppola de meubler ses petites 90 mn. La dernière demi-heure se scinde en deux, dont la dernière partie qui reste la seule qui offre un réel intérêt dont un dénouement drôle et bien amené. Les 5 meilleures minutes du film. C'est peu. Sofia Coppola surnage, on n'est pas dans les limbes des "Somewhere"-"The Bling Ring" mais l'ennui est désormais un peu trop du côté du spectateur. Les quelques instant de grâce sont trop peu nombreux, le propos trop sage et sans enjeu, pas très intéressant en somme.