[Pushing the boundaries]
De quoi ça parle ?
De trois « galériens » de région parisienne qui partent à l’abordage de la Drôme et plus exactement de ses belles naïades.
Tout commence quand Félix (Eric Nantchouang) tombe amoureux d’Alma (Asma Messaoudene) après un bal d’été sur les quais de Seine. Mais après la courte nuit qu’ils passent ensemble à la belle étoile, la jeune femme court rejoindre ses parents dans la Drôme, entre Valence et Montélimar, pour y passer ses vacances. Persuadé qu’Alma est son âme-sœur, Félix décide de la surprendre en lui rendant visite. Il persuade son pote Chérif (Salif Cissé) de venir le soutenir dans sa folle épopée et organise le séjour. Évidemment, sans budget, cela signifie camping, tentes empruntées à des colonies de vacances et trajet en covoiturage. C’est Édouard (Edouard Sulpice), un « babtou » BCBG un peu coincé qui « accepte » de les emmener.
Si le trio arrive finalement à bon port après une traversée houleuse, leur séjour ne va pas tout à fait se dérouler comme prévu. Mais il est des écueils qui font grandir et des naufragés salutaires…
Pourquoi on aime ce film au cœur de pirate ?
Parce qu’il s’agit de l’anti-Camping par excellence.
Sur un thème assez similaire – les vacances estivales d’un parisien au camping, de belles rencontres, des histoires d’amour et d’amitié naissantes – Guillaume Brac signe un film à l’exact opposé du film de Fabien Onteniente : léger, fin et sobre, drôle sans être lourd, porté par des dialogues qui sonnent constamment juste.
Le cinéaste respecte pourtant les codes de la comédie à la française, exécute sans trembler les figures imposées du genre, sauf qu’ici, c’est d’un tout autre niveau.
Au bar-karaoké du camping, les jeunes gens chantent sans fausse note « Aline », du regretté Christophe, et non pas une abêtissante « Danse des tongs ».
Il n’y a pas de Dubosc en roue libre, pas de Mathilde Seigner en mode poissonnière, juste de jeunes comédiens dynamiques, sobres et justes, à l’image des quatre acteurs cités plus haut, auxquels il convient d’ajouter la lumineuse Ana Blagojevic. Quelle bouffée d’oxygène!
Ici, pas de réalisation tapageuse mais une mise en scène qui se laisse porter par le courant, solaire et paisible, comme de vraies vacances.
À l’abordage est la preuve éclatante que, quand elle est traitée par des auteurs intelligents, la comédie made in France peut, sans se montrer élitiste, être autre chose qu’un divertissement paresseux et vulgaire.
C’est une oeuvre franchement sympathique, peuplée de personnages attachants et lumineux, qui prône la mixité, le partage, la communication avec les autres, loue les rencontres de fortune et semble faire de “carpe diem” sa devise. Bref, il s’agit du film parfait pour jeter la sinistrose par dessus bord et éviter le vague-à-l’âme de l’ère Covid.
Alors, ahoy moussaillons cinéphiles, montez tous à bord de la barque de Brac et à l’abordage !
Autres avis sur le film
”À l’abordage, au rythme savoureusement sinueux et au ton gentiment improvisé, est une merveilleuse vitrine pour les talents de sa distribution diversifiée et fraîche”
(John Chevrier, Fucking cinephiles)
”Un des meilleurs films français de l’année et une comédie estivale rafraîchissante. Des personnages attachants, un été qu’on aimerait vivre sans qu’il s’arrête, une légèreté très agréable”
(@stanpvine sur Twitter)
Crédits photos : copyright Guillaume Brac / Jour2fête