Le prolifique artiste de cinéma James Franco, réalisateur-acteur revient avec une oeuvre toujours aussi originale à défaut d'être toujours réussie. Adapté du roman éponyme (2007) de Steve Erickson, le scénario est signé de deux compères, Paul Felten et Ian Olds avec qui Franco a collaboré notamment sur le documentaire "Francophrenia" (2012) et "Burn Country" (2016). James Franco réalisant ainsi un énième film (une bonne vingtaine depuis "The Ape" en 2005) et jouant le rôle principal. Précisons que le dernier rôle devant la caméra de Franco était dans "La Ballade de Buster Scruggs" (2018) des frères Coen. Le film fut présenté au Festival de Saint-Sebastian où James Franco avait été primé en 2017 pour "The Disaster Artist" mais il fut disqualifier car le film fut projeté avant en Russie. Néanmoins, le film ne fut pas oublier par les Razzie Awards 2020 (l'anti-thèse des Oscars) avec des nominations pour James Franco et son acolyte Seth Rogen... 1969, Vikar un ancien séminariste se décide à partir pour Hollywood et tenter sa chance après avoir vu son premier film, "Une Place au Soleil" de George Stevens dont il devient un fan inconditionnel au point de se tatouer sur le crâne le couple star et Monty Clift. Après quelques rencontres, Vikar devient monteur dans un Hollywood qui n'est pourtant plus à l'image qu'il s'en est fait et voit arriver le Nouvel Hollywood...
Comme à son habitude, Franco réunit une bonne partie de ses fidèles avec pêle-mêle Seth Rogen (dans le rôle de Viking Man), Danny McBride, Scott Haze, Tamzin Brown, Craig Robinson et son frère Dave Franco. La vedette qui tape dans l'oeil de Vikar est incarnée par le "sex symbol" , révélation de "Transformers" (2007) de Michael Bay et dont les derniers rôles notables sont dans le dyptique "Ninja Turtles" (2014-2016). Les autres rôles sont tenus par Will Ferrell (non crédité) vu dernièrement dans "Eurovision Song Contest" (2020) de David Dobkin, Jacki Weaver qui retrouve Franco après "The Disaster Artist" et pas vue depuis (2018) de Susanne Bier, Mike Starr gueule récurrente de mafieux notamment dans "Les Affranchis" (1990) de Martin Scorcese et "Irish Gangster" (2011) de Jonathan Hensleigh, Joey King jeune espoir vue récemment dans (2020) de Veena Sud, et Thomas Ian Nicholas dont l'heure de gloire se résume à la saga "American Pie" (1999-2012)... L'histoire de Vikar nous permet surtout de traverser la période de 1969 et l'émergence du Nouvel Hollywood (arrivée de la génération Spielberg, de Palma, Coppola, Friedkin... etc...) jusqu'au début des années 80. Un hommage au Septième Art plutôt nostalgique puisque le personne principal est hanté par le cinéma dit de l'Âge d'Or symbolisé par son film favori, "Une Place au Soleil" (réel chef d'oeuvre soit dit en passant !). Ainsi Vikar peut débattre, discuter, échanger sur une multitude de films au gré de ses rencontres. Pêle-mêle on entend des titres comme "Casablanca" et "La Passion de Jeanne d'Arc" sans compter ceux qu'on devine comme "Les Dents de la Mer", "Taxi Driver", "Apocalypse Now" ou encore "Star Wars". Vikar croise dès 1969 des inconnus qu'on devne être Steven Spielberg, George Lucas, Francis Ford Coppola dont la plupart apparaissent dans ce qui est sans doute la scène la plus jouissive du film.. Sans compter une évocation d'un certain Viking Man qui n'est autre que le cinéaste John Milius alias Seth Rogen.
Pour n'importe quel cinéphile, certains passages du film sont un fantasme qui méritent un détour mais malheureusement la trame générale demeure trop fouillie, trop opaque pour convaincre pleinement. Vikar ne semble jamais heureux alors même qu'il vit le rêve qu'il espérait, il semble toujours en burn-out, tandis qu'on ne sait jamais rien de ses envies ou de ses désirs, surtout après qu'il soit devenu monteur et à l'exception de la vedette Solidad/Fox. Tout le récit tourne autour de sa passion pour cette actrice qui lui permet surtout de rêver d'elle en lieu et place de Liz Taylor, comme si elle lui permettait d'intégrer le film de ses rêves ("Une Place au Soleil" donc). La chronologie est peu fiable (clairement on est en 79, puis environ 81-82 avant de revenir en 79) et participe au flou artistique tandis que James Franco semble s'amuser à créer des rêves tous interchangeables car si peu inspirés. Le plus décevant est que le cinéaste occulte sa propre tagline "Sex, cinema and punk rock" dont on attend toujours le sexe et le punk. Par là même, le livre est doté d'un humour certain qui mêle mélancolie et fantaisie alors que le film n'est que très rarement drôle et repose essentiellement sur l'amour que cherche en quelque sorte Vikar dans une quête de nostalgie éternelle. James Franco est inspiré, il y a des idées sans aucun doute pour une belle déclaration d'amour au cinéma avant tout avec en prime quelques passages savoureux mais l'ensemble est tout aussi clairement bancal et/ou maladroit notamment et surtout à cause d'un personnage principal amorphe et qui biaise le propos général. Dommage, mais certaines séquences restent pourtant d'un charme fou.