De son vrai titre à rallonge "Borat : Leçons Culturelles sur l'Amérique au Profit de la Glorieuse Nation du Kazakhstan", est un documentaire du 4ème meilleur journaliste kazakh Borat Sagdiyev en voyage aux Etats-Unis. En vérité, il s'agit de l'acteur Sacha Baron Cohen qui porte sur grand écran un de ses personnages fétiches issus de ses sketchs dans un docu-fiction satirique et parodique où un journaliste kazakh est envoyé aux Etats-Unis pour qu'ensuite le Kazakhstan puisse s'inspirer de la grande nation étoilée. Après le joli succès de "Ali G" (2002) de Mark Mylod film adapté d'un autre de ses personnages, Sacha Baron Cohen s'entoure donc de quelques collaborateurs pour adapter cette histoire. Il retrouve donc en co-scénaristes les nommés Anthony Hines et Dan Mazer collaborateurs récurrents sur le matériau d'origine, l'émission "Da Ali G Show" (2000-2004), Mazer ayant déjà été scénariste sur le film "Ali G" également. Ils ont co-écrit également avec Peter Baynham auteur entre autre pour le célèbre "The Saturday Night Live" et pour Steve Coogan, puis un certain Todd Phillips futur réalisateur de la trilogie "Very Bad Trip" (2009-2013) et surtout auteur du chef d'oeuvre (2019). Et enfin, parmi la production, avec aussi Baron Cohen, Mazer et Baynham on peut citer Jay Roach réalisateur de la trilogie "Austin Powers" (1997-2002). À la réalisation, exit Mark Mylod qui laisse sa place à Larry Charles qui a déjà signé le long métrage "Masked and Anonymous" (2003) co-écrit avec Bob Dylan mais qui est surtout connu comme auteur sur la série TV "Seinfeld" (1989-1998)... Un reporter kazakh, Borat, est envoyé par son gouvernement aux Etats-Unis que son pays considère comme un exemple à suivre. Le reporter part donc aux Etats-Unis accompagné du producteur de son émission Azamat Bagatov. Les deux compères vont donc croiser et rencontrer plusieurs vrais américains qu'ils vont interviewés et confrontés aux idées et modes de vie kazakh. Un vrai choc des cultures... La grande majorité de scènes sont joués par des amateurs comme les villageois (en fait tournés en Roumanie), les autres sont de vrais "personnes" qui ont dû signer un contrat pour éviter des attaques en justice, ce qui on le verra n'a pas empêché plusieurs procès.
Mais il y a tout de même quatre acteurs pros, Sacha Baron Cohan alias Borat évidemment, son producteur est interprété par Ken Davitian aperçu dans des films comme "S.W.A.T. Unité d'Elite" (2003) de Clark Johnson, "Un Homme à Part" (2003) de F. Gary Gray et même dans (2011) de Michel Hazanavicius. Une prostituée jouée par Lluenell Campbell vue entre autre dans "American Bluff" (2013) de David O. Russell et "Dolemite is my Name" (2019) de Craig Brewer. Et enfin dans son propre rôle mis "Alerte à Malibu" Pamela Anderson... La première idée de génie du film est d'avoir tourné aux Etats-Unis comme s'il s'agissait réellement d'un documentaire organisé par une équipe kazakh, ainsi Baron Cohen n'est jamais sorti de son personnage de reporter kazakh un peu original. Le mot est d'ailleurs faible car Borat est un homme de son pays pourrait-on dire, il est misogyne (y-a-t-il pire ?!), raciste (surtout contre les juifs, les gitans et les ouzbekhs) et homophobes (mais curieusement curieux !). À travers ce personnage abject (jusqu'à son hygiène de vie !) Sacha Baron Cohen met les américains face à leurs contradictions et/ou face à un alter ego qui ne dit pas son nom tout en dépeignant une face pas joli joli d'une moitié de population qui a voté pour leur président Bush. Le reporter kazakh rencontre un professeur d'humour pour tenter de comprendre les blagues américaines, tombe amoureux de Pamela Anderson grâce au petit écran, discute avec les féministes rappelant que les femmes ont un plus petit cerveau que les hommes, participe à la gay pride, parlent avec deux politiciens, chante à un rodéo allant jusqu'à créer une émeute, loge dans un gîte tenu "malheureusement" par des juifs, prend des leçons de savoir-vivre pour aller à un dîner mondain qui ne va pas se dérouler selon les convenances, fait un bout de route avec trois étudiants d'une fraternité sudiste, participe à une séance de l'Eglise Pentecôtiste (secte ?!)... etc... Le reporter va loin s'en se rendre compte de ses abus ou de ses moeurs choquantes pour le citoyen américain pas si lambda car Baron Cohen vise assez nettement une certaine catégorie de la population, on dira pour résumer la base Républicaine qui ont voté pour le président Bush notamment. Le reportage kazakh est particulièrement efficace car Baron Cohen tourne la plupart de séquences sans écritures au préalable (exception faite de celle avec la prostituée, Pamela Anderson, la bagarre entre Borat et son producteur et le passage chez l'antiquaire) ce qui montre un certaine réalité sur ce que sont les américains "pure souche" (?!) ; d'ailleurs on ne manquera pas de rester éberlué par les réactions si peu choquées et/ou si indifférents des américains devant les bêtises et les propos d'un Borat touriste d'un autre monde, ou pas finalement !
Il est particulièrement amusant de remarquer que Borat fera scandale après la sortie du film surtout, bien plus finalement que quand Borat effectuait son reportage ! Ainsi si la police fut appelé pas moins de 91 fois au cours du tournage (pas tant que ça pour plus de 400 heures de tournées !), le film fut censuré dans les pays arabes, en Russie, et on dénonça le caractère homophobe, raciste... etc... du film alors même que c'est ce pourquoi Sacha Baron Cohen (rappelons qu'il est juif comme le réalisateur Larry Charles) créa ce personnage à la manière du roman épistolaire "Lettres Persanes" (1721) de Montesquieu où deux perses visitaient la France de Louis XV, en plus potache et plus frontal pour Borat en Amérique on le concède ! En tous cas, Borat a été si démonstratif que certains personnages rencontrés ont finalement déposé plainte par la suite (le concessionnaire auto, deux des étudiants..) allant même jusqu'à créer un mini incident diplomatique avec le Kazakhstan. P resque plus drôle que le film demeure la promo toute en provocation de Borat/Baron Cohen d'abord en invitant plusieurs personnalités à la projection du film dont George W. Bush, Bill gates, O.J. Simpson, Mel Gibson, Donald Rumsfeld qui ton tous "poliment refusé". Alors que le président kazakh était en visite officielle aux Etats-Unis, Borat ira même jusqu'à publier un communiqué "officiel" affirmant que le président était en fait venu pour la promotion du film !!! Si Borat est kazakh on peut aussi s'amuser à déchiffrer les langues écrites ou orales employées pendant le film. En bref, Borat parle en réalité hébreux, que le producteur parle arménien, que les textes sont en majorité en cyrillique russe, que certains vocabulaires empruntent aux langues slaves comme le tchèque et le polonais. Par là même, la musique traditionnel kazakh entendu dans le film (et signée de Erran Baron Cohen frère du Borat) reprend en partie des musiques signées de Goran Bregovic des films "Le Temps des Gitans" (1989) "Arizona Dream" (1993) tous deux de Emir Kusturica, mais aussi des musiques signés Gabriel Yared des films "La Reine Margot" (1994) de patrice Chéreau et "Le Patient Anglais" (1996) de Anthony Minghella. À noter que suite au tournage, pour remercier les gitans du village roumain il a été offert en plus des ordinateurs, de slivres, du matériel scolaire... etc... Le succès du film est à l'image de la provocation énorme et judicieusement parsemée par le film et Borat lui-même. Sacha Baron Cohen remporte tout de même le Golden Globe 2007 du meilleur acteur dans une comédie, le film étant proposé aussi pour le meilleur film et le meilleur scénario. Une réussite qui poussera Sacha Baron Cohen à continuer sur cette voie avec les futurs "Brüno" (2009), "The Dictator" (2012), sans compter le moins polémique "Grimsby" (2016) et une suite attendue avec le "Borat II" (2020). Rarement un acteur, comique ou réalisateur aura été aussi loin dans la provocation, un pamphlet qui ne peut laisser insensible ou froid. Humour potache, grossier parfois vulgaire même (nuance !) ce n'est pourtant que pour frapper les esprits même si parfois c'est juste gratuit (la bagarre nue). En tous cas Sacha Baron Cohen frappe fort, très fort mais c'est aussi horripilant que choquant (pas Borat, les américains !!!). Pour finir, fier de son film, citons Borat une dernière fois : "Aucune dépense n'a été épargnée pour porter le film à l'écran. Ce documentaire être film le plus cher fait au Kazakhstan. Il a coûté 48 millions de tenge - à peu près 5000 dollars américains. Le Ministère de l'Information a participé budget en vendant uranium à hommes au teint marron."
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :