Après une saison 3 soyeuse mais un brin anecdotique dans les sujets qu’elle traitait, le joyau de Netflix revient et se pose de nouveau en majesté. Un récit accrocheur et une exécution invariablement somptueuse (cette photographie…) servent un scénario d’une formidable richesse, qui couvre à la fois l’arrivée de Diana dans la famille royale pour l’intime et celle de Thatcher au pouvoir pour le politique.
En ce sens, la série doit gérer un cap sensible dans sa narration, car elle s’empare désormais d’évènements encore frais dans la mémoire collective. Mais elle parvient encore à surprendre et à maintenir le délicat équilibre entre fresque historique et soap royal, entre faits réels et nécessité fictionnelle. Si elle tape un peu plus fort sur les membres de la couronne, et en particulier sur Charles, Prince immature, egocentrique et jaloux de la popularité de se femme, on est loin de la violence des tabloïds anglais que la famille royale endure quotidiennement. The Crown continue malgré tout à humaniser une institution rigide et à vulgariser l’image d’Elisabeth II.
La mise en scène est toujours flamboyante, ne se contentant jamais d’exposer les faits mais les faisant résonner auprès de chaque personnage. Des incarnations magnifiques, entre confirmation (Oliva Colman, Helena Bonham Carter) et révélations. La jeune Emma Corrin capture parfaitement les désillusions et le mal être de Lady Di, figure dramatique sacrificielle intensément romanesque. L’interprétation très ampoulée de Thatcher par Gillian Anderson peut faire débat, mais elle donne corps avec force et conviction à ce personnage controversé qui aura profondément transformé le Royaume-Uni. Et son jeu très expressif n’empêche par les nuances. Elle ne fait pas de la Dame de Fer un robot déshumanisé, mais ne la rend pas sympathique pour autant.
Cette quatrième saison de The Crown, la dernière avant un nouveau et ultime changement de cast, s’avère donc d’une extraordinaire densité, jouant souvent sur un fil avec les faits historiques et rompue à des exigences formelles toujours plus élevées.
Plus ROYALE que jamais.