Plusieurs années après "Borat" (2006) de Larry Charles et porté par Sachon Baron Cohen voici donc une suite prometteuse tant l'ère Trump peut sembler bien plus vaste à explorer que le Bush du début du siècle. Comme pour le premier du nom, le titre officiel de cette suite est une vraie rallonge : "Borat, nouvelle mission filmée : Livraison bakchich prodigieux pour régime de l'Amérique au Profit Autrefois Glorieuse Nation Kazakhstan" ! Il semble que les artistes derrière ce projet avaient une collection d'idées tant la liste des co-scénaristes a elle aussi était rallongée. Outre Baron Cohen on retrouve donc ses acolytes du premier et collaborateurs récurrents de Baron Cohen, Peter Baynham, Anthony Hines et Dan Mazer, mais exit Todd Philipps, tandis qu'on voit arriver des noms comme Jena Friedman, Lee Kern, Erica Rivinoja, Dan Swimer, Nina Pedrad qui ont tous surtout travaillé pour la télévision, diverses séries TV et entre autre beaucoup pour les émissions MTV Awards. Mais après "Borat" (2006), "Brüno" (2009) et "The Dictator" (2012) Larry Charles ne poursuit pas l'aventure cette fois, ayant déjà quitté son partenaire sur (2016) de Louis Leterrier, et laisse cette fois sa place à Jason Woliner, inconnu qui a fait ses armes sur des séries TV comme "Shutterbugs" (2005-2010), "Eagleheart" (2011-2014) ou encore "The Last Man on Earth" (2015-2018)... On retrouve donc Borat au Kazakhstan alors qu'il est emprisonné au goulag depuis 2006, son gouvernement n'ayant que peu apprécié que Borat Sagdiyev humilie autant son apys aux yeux du monde entier. Mais étonnament, il est libéré pour une mission qui paraît trop belle pour être vraie, à savoir retourner aux Etats-Unis pour livrer Johnny le Singe au président Trump afin de resserrer les liens entre le "grand" président américain. Avant de partir, Borat retourne à son village où il apprend qu'il est toujours haï sauf par l'un de ses enfants, sa fille Tutar qui a 15 ans...
Sacha Baron Cohen incarne logiquement de nouveau son personnage fétiche de Borat Sagdiyev, mais cette fois sans son producteur (on va voir ce qu'il est devenu !), mais a un nouveau partenaire pour son nouveau périple, sa fille Tutar incarnée par la méconnue Maria Bakalova (petit air de Alison Lohman !), actrice bulgare vue dans "Transgression" (2018) de Val Todorov et "Last Call" (2020) de Ivaylo Penchev et Radoslav Iliev. Comme sur le premier, le grande majorité des protagonistes sont filmés en caméra cachée parfois, où filmés façon reportage et sont donc pour la plupart des protagonistes sans expérience, sans à priori sur le délire de ces étrangers père et fille. On peut citer la caméo de Tom Hanks, et surtout la rencontre avec deux hommes politiques majeurs, Mark Pence et Rudolph Guiliani... Trois grands changements pour Borat à sa sortie de prison et durant son voyage jusqu'en Amérique : d'abord il a une fille hideuse qui va lui coller aux basques, il s'aperçoit que malgré les années Borat est devenue une célébrité ce qui le pousse à se déguiser et ce n'est plus Bush mais un certain Trump qui est président des USA. Evidemment, Trump est un peu difficile à atteindre, Borat va donc tenter d'offrir le cadeau à un proche, dans un premier temps M. Pence. Après un "accident", ce n'est plus le singe qu'il faut offrir mais sa propre fille Tutar que Borat tente d'éduquer" afin qu'elle soit au goût de l'américain. La grande différence avec la premier film demeure la présence de Tutar, fille hideuse et parfaitement kazakh qui va pourtant s'éveiller peu à peu à une certaine idée du féminisme ce qui ne va pas aider Borat dans sa mission. Borat recherche beaucoup moins le contact avec les américains, il n'est plus en reportage mais en mission diplomatique dont l'issue aura un impact important sur l'avenir de Borat. Borat offre un relookage à sa fille, lui offre une cage pour dormir, l'emmène à un bal des débutantes dont ils seront les vedettes à l'insu de leur plein gré, jusqu'à l'opportunité enfn d'offrir sa fille à Pence lors d'une convention Républicaine Borat se déguisant en Trump pour pouvoir pénétrer dans les lieux. Après l'échec auprès de Pence, Borat décide qu'il offrira sa fille à Giuliani, ex-maire de New-York et proche de Trump mais entre temps, Tutar apprend de nouvelles idées sur l'Holocauste, sur les droits des femmes (de travailler, de parler, de conduire... etc...) jusqu'à aller à une rupture entre Borat et sa fille. Le Covid impose de nouvelles règles qui pousse Borat à vivre un temps avec deux rednecks. Durant son jour il retrouve sa fille via internet et la persuade d'être enfin le cadeau pour Giuliani, ce qu'elle accepte pour sauver la vie de son père. Finalement, après bien des rebondissements, Borate et sa fille retourneront au Kazakhstan où ils vont apprendre l'origine du Coronavirus !...
Plusieurs bonnes idées fusent dans les premières minutes du film, l'emprisonnement, la réalité du culte Borat après 2006, une fille surprise qui va s'avérer être la prostituée idéale pour sauver Borat de la peine capitale... Par contre, on s'aperçoit bien vite qu'il n'y a pas assez de matière pour une suite aussi folle et foisonnante que le premier. En effet, la population qui a voté pour Bush des années auparavant est en fait le même électorat qui a voté pour Trump, bref, rien de neuf finalement de ce côté là. Alors Tutar, fille de 15 ans provenant d'une contrée "arriérée" devient l'atout du film, en mettant en avant tout un pan du féminisme qui devient le fil conducteur. Problème : particulièrement opportuniste vu ces 3-4 dernières années mouvementées sur le sujet, on voit que les auteurs n'osent pas franchement y aller à fond, et malheureusement tout ce qui touche au féminisme et/ou aux droits des femmes demeure très démago, très sage ce qui est le comble ! On constate que cette fois la trame générale pose ces limites. On peut se poser la question de la caméra (présente, donc toujours accepter par les gens ?! Reportage ou non ?!) mais surtout parfois le projet se trompe parfois un peu de cible. Le plus frappant est la séquence Guiliani qui sent bon le pur guet-apens, le procédé est ici aussi malsain que pourrait l'être un homme de pouvoir face à une jolie fille. Quitte à faire ça, il aurait fallu un peu plus de subtilité (?!) et peut-être aurait-il été plus judicieux de choisir une autre cible plutôt qu'un homme de loi qui a fait un boulot monstre à New-York. Si on y regarde de plus près les idées et trouvailles sont beaucoup moins nombreuses, moins drôles, et moins directes dans le propos de fond. Des scénaristes à la pelle pour faire moindre que ce soit dans les effets que dans les résultats, dommage... Pourtant il y a encore des passages énormes, dont un twist final aussi malin qu'efficace. Mais cette fois l'inspiration n'était pas au rendez-vous, c'est marrant, c'est satirique juste un peu, potache mais finalement ce film frôlerait presque le politiquement correct ! Est-ce à dire que la censure et/ou la liberté d'expression n'a pas évolué dans le bon sens ?!... Borat, premier du nom, reste donc imbattable sur tous les critères. Sans être complètement râté, cette suite risque fort d'être le dernier Borat sur grand écran. Néanmoins, le film aura eût le mérite de révéler l'actrice Maria Bakalova, future star sans aucun doute...