Réalisateur : Matthew Michael Carnahan
Avec : Adam Bessa, Suhail Dabbach, Is’haq Elias,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Action, Thriller, Guerre.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h26min.
Synopsis :
Après avoir été sauvé par des combattants irakiens, un jeune policier se joint à eux pour lutter contre l'État islamique dans leur ville décimée.
Critique :
Plongée rugueuse, viscérale et violente dans la guerre entre l'unité d'élite des forces spéciales irakiennes et l'État Islamique, #Mosul est un pur B movie brutal et frontal, fleurant bon la poussière et le sang. Il y a désormais deux excellents cinéastes dans la famille Carnahan pic.twitter.com/PZ3ELpoDwr
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) November 29, 2020
Et si Anthony et Joe Russo étaient finalement, en train de réussir leur transition post-MCU ?
Si le tandem reste toujours férocement attaché au studio aux grandes oreilles, gageons que leur choix en tant que cinéaste (le potentiellement puissant Cherry) mais surtout en tant que producteur (Tyler Rake avec Chris Hemsworth, 21 Bridges avec feu Chadwick Boseman), laisse à penser qu'il pourrait retrouver une seconde jeunesse loin des blockbusters boursouflés aux CGI, et proche de la série B burnée à l'ancienne.
Preuve en est avec leur nouvelle prod en date, toujours balancée du côté de chez Netflix : Mosul, premier passage derrière la caméra du frangin du génial Joe Carnahan, le scénariste Matthew Michael Carnahan, bien décidé à bousculer - en partie - le giron du film de guerre en croquant la lutte contre le terrorisme en Irak, tourné du point de vue des irakiens et en arabe (fait plus que rare pour être notifié), mais tout en gardant un mécanisme très américain.
© DR
Plongée rugueuse et violente dans la guerre entre l'unité d'élite des forces spéciales irakiennes et l'État Islamique, qui a le bon ton de ne pas faire intervenir l'armée pro-démocratie (sic) américaine ni même ses services secrets (soit 99% des cas de figures du genre dans une production américaine), Mosul fleurait bon la poussière et le sang dès son excellente bande annonce, laissant à penser que le petit frère du Joe avait bien retenu la leçon de ses incursions chez Peter Berg, autant que sa manière à férocement décortiquer les arcanes politico-militaires à travers ses scripts.
Bonne nouvelle, il a aussi hérité du penchant du papa des Larmes et du Sang, pour les chroniques brutales et sans concessions sur les travers de notre monde, flanquant judicieusement sa caméra nerveuse au coeur de l'action et de ses personnages pour rendre l'expérience encore plus immersive et spectaculaire, et faire de son premier film une véritable descente aux portes de l'enfer dans un territoire hostile.
Si la réalité est piquante, le cinéaste - également derrière le scénario - ne se prive pas de le montrer de manière profondément viscérale, cherchant à marquer les rétines autant que de les violenter avec un conflit filmé sans fioritures, et aux scènes d'action chirurgicale.
Formellement mature impressionnant (une fois encore, c'est un premier film et Matthew Michael Carnahan n'a pas eu une formation de cascadeur comme Sam Hargrave pour Tyler Rake), tout autant qu'il est bien incarné (Suhail Dabbach et Adam Bessa en impose), Mosul manque peut-être un poil le coche dans sa chair scénaristique, tant il transpire le divertissement américain de tous ses pores (traitement fragile des questions induites par son sujet bouillant et twist final facile à la clé), à tel point que l'on pourrait peu ou proue reprendre la trame telle qu'elle, et la plaquer sur un autre conflit destructeur (on te voit Hollywood), ni vu ni connu je t'embrouille (même si ses héros ne sont pas des supers soldats, un travers qu'il se garde bien d'épouser aveuglément).
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Si le cadre oriental ne se fait justement ressentir que dans son cadre (ici principalement chaotique), difficile tout de même de bouder son plaisir face à ce petit bout de cinéma dense et tendu comme la ficelle d'un string, un vrai uppercut musclé et tragique qui ne paye pas de mine et que l'on n'a résolument pas vu venir; mais qui laisse désormais l'agréable pensée qu'il y a, sans doute, deux put**** de bons cinéastes dans la famille Carnahan.
Jonathan Chevrier