Mort de Philippe Clair, ponte du nanar franchouillard à l'instar d'un Max Pécas qu'il s'en va rejoindre au Paradis de Nanarland. Philippe Clair est mort ce 28 novembre 2020 à l'âge de 90 ans.
Né en 1930 au Maroc de parents français, Prosper Bensoussan a d'abord pas mal bourlingué de petits boulots à petits boulots comme mécanicien, camelot, magasinier... etc... jusqu'à ce qu'il se décide à monter sur Paris au début des années 50.
Il étudie au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris (ci-dessous avec Jean-Paul Belmondo) et trouve assez vite quelques rôles. sa première apparition sur un écran est non créditée comme joueur de baby-foot dans "Des Gens sans Importance" (1956) de Henri Verneuil avec et Françoise Arnoul. Il joue dans la pièce de théâtre "Le Jeu de la Vérité" (1957) de José Luis de Vilallonga avant de retrouver un petit rôle non crédité dans "Babette s'en va-t-en guerre" (1959) de Christian-Jaque avec Brigitte Bardot.
Il joue aussi bien à la télévision comme dans les téléfilms "Cyrano de Bergerac" (1960) et "Le Chevalier de Maison-Rouge" (1963) tous deux de Claude Barma, et au cinéma notamment dans "Les Petits matins" (1962) de Jacqueline Audry et "Du Rififi à Paname" (1965) de Denys de La Patellière mais surtout il commence à écrire ses propres pièces de théâtre comme "Purée de nous z'otres" (1963) qu'il met en scène et dans lequel il joue au théâtre des 3 Baudets.
Un premier pas donc, où il place d'ores et déjà son humour judéo-arabe qui en inspirera bien d'autres ensuite. Des planches et un humour qui vont donc le mener tout logiquement sur grand écran en signant son premier long métrage avec "Déclic et des Claques" (1965 - ci-dessous Clair et son actrice) dans lequel il joue aux côtés de Annie Girardot et qui raconte les mésaventures de jeunes pieds-noirs qui débarquent à Paris. Le film est un joli succès d'estime. Philippe Clair jouera désormais dans la grande majorité de ses films.
En parallèle il écrit aussi des chansons, sortant même un disque s'inspirant de la guerre des Six Jours, "Rien Nasser de courir" qui est interdit par la censure car trop politique et mettant en porte-à-faux le gouvernement français sur sa position lors des événements.
Il revient avec un second long métrage, "La Grande Java" (1970) avec Francis Blanche et surtout la troupe Les Charlots qu'il fait ainsi débuter au cinéma. Cette comédie franchouille est à l'image de sa filmo, un accueil froid et condescendant de la critique professionnelle mais un succès commercial certain.
Philippe Clair enchaîne alors les tournages avec pas loin d'un film par an. Il retrouve Francis Blanche dans "La Grande Maffia" (1971) mais aussi avec Aldo Maccione, Michel Galabru, Sim et Carlos ! Un casting qui annonce là aussi les futurs génériques de ses films.
Suit ensuite "La Brigade en Folie" et surtout l'inénarrable "Le Führer en Folie" (1974) avec Henri Tisot en Hitler et Alice Sapritch en Eva Braun !
Souvent avec des acteurs fidèles à ses délires, le cinéaste continue de tourner à un bon rythme de croisière avec "Le Grand Fanfaron" connu aussi sous "Les Bidasses en Cavale" (1976 - ci-dessous), puis avec le dyptique "Comment se Faire Réformer" (1978) et "Les Réformés se Portent Bien" (1978) qui révèlent un certain Richard Anconina.
Le tournant des années 80 sont une plongée dans le nanar encore plus flagrant avec des titres symptomatiques et cultes comme "Ces Flics venus d'Ailleurs" (1979) et surtout "Rodriguez au Pays des Merguez" (1981) !... Une période bien moins inspirée faut bien l'avouer avec une collaboration "fructueuse" (ou pas !) avec Aldo Maccione dont "Tais-Toi quand tu Parles" (1981 - ci-dessous) et "Plus que Moi tu Meurs" (1982).
Malgré tout le cinéaste réussit un coup de buzz énorme en engageant la star comique américaine Jerry Lewis pour jouer dans "Par où t'es Rentré ? On t'as pas vu Sortir" (1984 - ci-dessous, Lewis et Clair). La star accepta à la condition néanmoins que le film ne soit pas distribué aux Etats-Unis !!!
Mais les films de Philippe Clair fonctionne de moins en moins au box-office, la faute sans doute à l'émergence d'une nouvelle génération menée par la troupe du Splendid.
Il tourne encore "Si t'as Besoin de Rien... Fais-moi Signe" (1986) avant de retrouver Aldo Maccione qui est également dans le déclin, ce seront les films "Si tu vas à Rio... Tu Meurs" (1987) et "L'Aventure Extraordinaire d'un Papa peu Ordinaire" (1989 - ci-dessous) qui signeront le chant du cygne du comédien et surtout du réalisateur, Philippe Clair annonce sa retraite dès 1989.
Pourtant, le cinéaste va revenir par le biais du théâtre avec une pièce, "Au Secours, Philippe Clair revient" (2013). La même année il apparaît dans le documentaire "Plus Drôle que lui, tu Meurs" de Gilles Botineau.
Il rédige ses mémoires "Quel Métier Etrange !" (2014), puis il collabore à nouveau avec Gilles Botineau pour le livre d'entretien "Authentique mais Vrai !" (2021) qui devrait donc sortir à titre posthume.
Philippe Clair est à l'instar de Max pécas ou Richard Balducci un des maîtres de la comédie franchouille, souvent proche du nanard mais qui aura connu ses heures de gloires malgré les critiques. Philippe Clair aura été aussi et surtout un des précurseurs de l'humour "judéo-pied-noir" qui aura plus tard ses adeptes avec entre autre Patrick Timsit ou la trilogie "La Vérité si je Mens" (1997-2012) de Thomas Gilou dans laquelle jouera un certain Richard Anconina.
Philippe Clair est mort ce samedi 28 novembre 2020 à l'âge de 90 ans.