[CRITIQUE] : Noelle

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Marc Lawrence
Avec : Anna Kendrick, Bill Hader, Shirley MacLaine, Julie Hagerty,...
Distributeur : Disney Plus France
Budget : -
Genre : Famille, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h40min
Synopsis :
La fille de Kris Kringle est emplie d'esprit de Noël, mais souhaite faire quelque chose de tout aussi important que son frère Nick, qui pour la première fois prendra la relève de leur père ce Noël. Sentant son frère sous pression, Noëlle lui suggère de faire une pause et de s'évader. Mais comme il ne revient pas, elle doit désormais le retrouver et le ramener à temps pour sauver Noël.

Critique :

Film chaleureux et tendre, #Noelle défie les traditions dans un progressisme forcé et hypocrite. On ne boude cependant pas notre plaisir, aidé par une Anna Kendrick en forme et une magie de Noël charmante. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/EpdfmAadya

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) December 1, 2020

Disney + trouve doucement son chemin au travers des nombreuses propositions de plateformes SVOD. Entre Netflix, Amazon Prime Video, maintenant Salto, difficile de choisir. Vu pendant un temps comme une plateforme idéale pour revoir nos classiques d’animation tant aimés, mais avec peu de nouveauté attrayante, la plateforme commence doucement mais sûrement à trouver son public et son fonctionnement. Avec les séries des différents univers (The Mandalorian pour Star Wars, WandaVision bientôt du côté Marvel), Disney + voit en sa plateforme un endroit parfait pour y mettre leurs films qui ne fonctionneraient pas au box-office. La belle et le clochard nouvelle version, Artemis Fowl, cet été et depuis le 27 novembre, Noëlle, film de Noël, réalisé par Marc Lawrence (Miss Détective). Parce que, oui, même s’il est indéniable que nous avions besoin d'Anna Kendrick en costume de père Noël, le film n'aurait peut-être pas trouvé son public dans nos salles obscures. Il ne nous reste plus qu’à profiter de nos plaids et de nos écrans de télévision, pour un adorable conte, formel dans son fond comme dans sa forme.

Copyright Walt Disney Germany

Au Pôle Nord, le père Noël possède une famille. Une femme bienveillante et deux enfants merveilleux, la famille Kringle est parfaite. Comme le veut la tradition, l’aîné, Nick (Bill Hader) prendra la relève au décès du père, tandis que la cadette Noëlle (Anna Kendrick) devra faire en sorte d’aider au mieux son frère dans sa tâche. Un système patriarcal, mais qui fait ses preuves depuis la nuit des temps : le père Noël a toujours été un homme et les femmes qui l’entourent sont uniquement un soutien matériel et émotionnel. Le problème : Nick n’est pas prêt à endosser la responsabilité et décide de partir se ressourcer à Phoenix, dans l’Arizona, à peine quelques jours avant Noël. Le drame. Noelle doit aller le chercher. Première fois qu’elle sort de son pays natal, elle va rencontrer des gens pour qui Noël n’est pas une partie de plaisir. Et se rendre compte qu’elle est peut-être plus apte que son frère à endosser le célèbre costume rouge.

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Comme le titre du film l’indique, ce n’est pas de Nick dont il sera question, mais bien de Noëlle. Très proche de son père, elle adore  la fête de Noël mais ne sait pas bien où se placer dans la famille. À sa mort, elle essaye tant bien que mal d’aider son frère dans la lourde tâche d’incarner le personnage mythique, de gérer les soucis de cadeaux avec les elfes et de découvrir ses pouvoirs de père Noël. Même si cette période a toujours prôné l’acceptation de tous et toutes, dans un bonbon de bienveillance, il faut souligner que les films de Noël sont entourés de misogynie institutionnelle et Noëlle en fait les frais. D’après le décret de la famille Kringle, elle ne pourra jamais remplacer son père. Une loi pas si genrée que cela, mais qui l’est devenue à force de tradition et d’un conseil exclusivement masculin. Le patriarcat existe, même aux confins du Pôle Nord. De là à considérer Noëlle comme un film féministe, un pas que nous ne franchirons pas. Il ne faut pas oublier que le film est produit par Disney, qui depuis quelques temps maintenant, surfe sur la tendance progressiste, sans toutefois y prendre part entièrement dans leur propre production. Si la morale du film dégomme les idées reçues, elle le fait d’une manière très superficielle, plaisante certes, mais trop faible. Le film n’a aucune ambition de dépoussiérer un genre de film encore trop conservateur et délivre un message d’un féminisme marketé hypocrite. Avec un humour bien dosé, le film dénonce le côté capitaliste de cette période, où les cadeaux n’ont plus autant de valeur qu’avant. Les enfants réclament des Ipad à grand cri, le cousin Gabe essaye de transformer le Pôle Nord en une sorte d’Amazon gouvernemental, qui déciderait avec un logiciel quel enfant mériterait un cadeau ou non. Noëlle met l’accent sur la symbolique des cadeaux, qui ne sont pas seulement des objets matériels. Une famille réunie, se sortir de la misère, prendre des vacances bien méritées sont d’autant de beaux cadeaux de Noël. Encore une fois, c’est Disney qui nous dit que les objets ne sont pas importants. L’ironie est risible.

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Cependant, Noëlle reste un sympathique film de fin d’année. En grande partie aidé par Anna Kendrick, qui incarne parfaitement le personnage principal, qui se découvre un talent et s’épanouit enfin. Marc Lawrence ne transcende rien par sa mise en scène, qui suit point par point un cahier des charges codé. Plan épuré, décors chargés de décorations de Noël, effets spéciaux limités. Mais il y a tout ce qu'il nous plait dans un film de Noël : un personnage naïf et attachant, des costumes qui seraient ridicules dans la vie réelle, de l’amour chamallow et surtout une bienveillance mielleuse, avec un mignon petit happy-end. Le film coche toutes les cases.
Film chaleureux et tendre, Noëlle défie les traditions, dans un progressisme forcé et hypocrite. On ne boude cependant pas notre plaisir, aidé par une Anna Kendrick en forme et une magie de Noël charmante.

Laura Enjolvy