Ce film se veut un biopic du célèbre Ned Kelly (Tout savoir ICI !), bandit légendaire du far-west australien, le pendant d'un Billy the Kid en quelque sorte. Si il est un personnage historique très connu en Australie (aujourd'hui encore 91% des australiens pensent qu'il n' pas eu de procès équitable) il demeure très peu connu dans le monde. Il a pourtant déjà eu droit à quatre précédents films avec "The Story of the Kelly Gang" (1906) de Charles Tait, "The Glenrowan Affair" (1951) de Rupert Kathner, "Ned Kelly" (1970) de Tony Richardson avec un certain Mick Jagger dans le rôle titre et enfin "Ned Kelly" (2003) de Gregor Jordan avec Heath Ledger. Ce nouveau biopic est adapté du roman "The True History of the Kelly Gang" (2000) de Peter Carey par Shaun Grant, auquel on doit les scénarios de "Jasper Jones" (2017) de Rachel Perkins et "Berlin Syndrome" (2017) de Cate Shortland. Le film est réalisé par Justin Kurzel qui signe là son quatrième long métrage après le très bon "Les Crimes de Snowtown" (2011), l'excellent (2015) et son plus décevant "Assassin's Creed" (2016)...
Entre 1864 environ jusqu'à sa mort en 1880, on suit le destin de Ned Kelly, enfant issu de bushrangers (bandits australiens) qui va petit à petit devenir un justicier face à l'oppresseur britannique, une sorte de Robin des Bois surtout engoncé par le mode de vie qu'on lui a inculqué dans un zone sauvage et rude... Le personnage central de Ned Kelly est incarné par George MacKay, star en devenir qu'on a vu grandir en passant notamment par les films "Captain Fantastic" (2016) de Matt Ross, "Le Secret des Marrowbone" (2017) de Sergio G. Sanchez et le récent (2020) de Sam Mendes. À noter que Ned Kelly est interprété jeune par Orlando Schwerdt qu'on verra bientôt dans une nouvelle adaptation de Stephen King, "Les Démons du Maïs" (2020) de Kurt Wimmer. Sa mère est jouée par Essie Davis qui n'est autre que madame Kurzel à la ville déjà vue dans "La Jeune Fille à la Perle" (2003) de Peter Webber, "The Badadook" (2014) de Jennifer Kent et logiquement dans "Assassin's Creed". Les Kelly croisent la route de Russell Crowe vu récemment dans (2020) de Derrick Borte, Nicholas Hoult qui sembler attiré que par les costumes du Fauve des aux récents (2019) de Dome Karukoski et le sublime "La Favorite" (2019) de Yorgos Lanthimos, puis Charlie Hunman vu récemment dans l'efficace "The Gentlemen" (2020) de Guy Ritchie. Côté dame, citons Claudia Karvan surtout présente à la télévision mais vue dans "Long Week-End" (2008) de Jamie Blanks et "Daybreakers" (2009) des frères Spiering, et la belle du héros jouée par Thomasin McKenzie qu'on reverra assurément après avoir déjà été remarquée dans (2019) de David Michôd et "Jojo Rabbit" (2020) de Taika Waititi... Le film démarre par une scène malaisante, dans un environnement pauvre et rustre qui nous force forcément à l'empathie mais qui s'avère très hagiographique en ce qui concerne la mère. D'ailleurs, le personnage du policier O'Neill/Hunman est à priori fictif juste ajouté pour accentuer le côté injustice et tragique qui pourrait justifier les passages à l'acte de ned Kelly, renvoyant ainsi au parallèle évident avec Billy The Kid. Ned Kelly est entré dans l'histoire surtout par une fin devenue légendaire (l'armure) et parce qu'il est forcément icônique entre le gangster sans peur et le côté Robin des Bois.
Mais la vérité est que sa famille était déjà dans le crime avant que Ned Kelly ne poursuive finalement la tradition familiale. Le film est en cela très dirigé, soumettant le fait que Ned Kelly aurait voulu suivre une voie légale et honnête contre l'avis de sa famille et, surtout, de sa mère sorte de sorcière marâtre. Tout est fait pour qu'on s'attache à lui comme un destin brisé et non choisi, comme un homme qui serait devenu gangster à l'insu de son plein gré. Le fait qu'un vol ait été commis par Ned enfant et non par son père tient du fantasme, comme sa relation "intime" avec Fitzpatrick, tandis que la scène centrale de l'incident avec Fitzpatrick n'est pas la version des Kelly mais de Fitzpatrick... etc... Trop de mensonges et/ou erreurs et/ou de fantasmes pour voir en ce film un quelconque biopic dont le seul réalisme pourrait être la reconstitution du bush et des conditions de vie difficile dans cette terre australe. D'ailleurs, Ned Kelly n'avait rien à voir avec ce jeune homme quasi imberbe, l'homme était un être rude qui portait la barbe façon "hipster" comme on dirait aujourd'hui. Justin Kurzel choisit une mise en scène comme mise en abymes, Ned Kelly devient une sorte de schizophrène tant il ne peut diriger sa vie comme il l'entend et plus le récit avance et plus le réalisateur matérialise la perte de repère, on frôle la fantasmagorie de Ned Kelly délirant. Mais encore une fois, Ned Kelly avait toute sa tête et surtout il était leader de son gang alors que le film le montre comme un membre qui semble présent par accident de la vie et qui assume que lorsqu'il veut sauver sa mère de la prison. Par contre on aime l'atmosphère baroque et viscéral à la "Macbeth", on aime les performances habitées des acteurs dont Kelly/McKay et la mère/Davis même si sur le fond on est dans la pure invention. Justin Kurzel signe un film qui se joue de la véracité des faits, il a préféré mettre en image un fantasme, un cauchemar où un enfant n'a pu se soustraire au poison familial et matriarchal. Intéressant, impressionnant même parfois, mais Ned Kelly devra encore attendre pour avoir droit enfin à un film digne de son destin.
Note :