Nouveau long métrage pour le réalisateur Phillip Noyce, cinéaste capable du pire et du très efficace (on évitera le "meilleur" tout de même), comme le prouve ses succès "Jeux de Guerre" (1992) et "Danger Immédiat" (1994) tous deux avec Harrison Ford ou encore le réussi "Un Américain bien Tranquille" (2002), mais on oubliera par exemple "Sliver" (1993), "Le Saint" (1997) ou "The Giver" (2014) ; ce dernier échec le poussa d'ailleurs à quitter le grand écran pour une période de purgatoire à la télévision. Pour son retour discret il porte à l'écran une histoire vraie, où plutôt "basé sur une histoire vraie" selon le carton de présentation. Le scénario est donc adapté du livre éponyme (1992) de Joe Sharkey qui retrace l'affaire Susan Smith menant à son meurtre par un agent du FBI, premier agent du FBI qui sera condamné pour meurtre. Le scénario est signé de Chris Gerolmo connu pour avoir signé une autre histoire vraie, l'excellent "Mississippi Burning" (1988) de Alan Parker, et pour avoir gagner le Prix Edagr Allan Poe pour son téléfilm "Citizen X" (1995). Précisons que le film fut présenté au dernier festival international du film policier de Beaune 2020... Un agent du FBI nouvellement affecté, Mark Putnam, fait en sorte de trouver une indic en la personne de Susan Smith, une junkie qui vit avec des criminels mais qui semblent vouloir s'en sortir pour l'amour de ses enfants. Mais Susan tombe amoureuse de l'agent alors que ce dernier n'est en fait conduit que par une ambition dévorante...
Le rôle de l'agent du FBI est interprété par Jack Huston (oui neveu et petit-fils de Anjelica et John Huston), souvent abonné aux seconds rôles plus ou moins importants comme récemment dans "The Irishman" (2019) de Martin Scorcese et "Antebellum" (2020) de Gerard Bush et Christopher Renz. Susan Smith est incarnée par Emilia Clarke, star depuis le succès monstre de la série TV "Games of Throne" (2011-2019) dont elle a justement bien du mal à se défaire avec des films accueillis tièdement au cinéma malgré des titres comme "Terminator Genisys" (2015) de Alan Taylor et "Solo : a Star Wars Story" (2018) de Ron Howard. Les seconds rôles sont tenus par Johnny Knoxville qui depuis ses 5 "Jackass" (2002-2013) apparaît régulièrement au cinéma avec entre autre "Les Seigneurs de Dogtown" (2005) de Catherine Hardwicke, "Le Dernier Rempart" (2013) de Jee-Woon Kim et (2019) de Jonas Âkerlund, Thora Birch qui retrouve le réalisateur après "Jeux de Guerre" et "Danger Immédiat" et qui a pratiquement disparu malgré une période faste entre "American Beauty" (1999) de Sam Mendes et "Ghost World" (200) en passant par "The Hole" (2001) de Nick Hamm, puis citons Sophie Lowe beauté singulière remarquée surtout dans les séries TV "Once Upon a Time in Wonderland" (2013-2014) et "The Returned" (2015), sinon aperçue sur grand écran dans "Perfect Mothers" (2013) de Anne Fontaine. Le casting est complété par quelques seconds couteaux bien connues comme Kevin Dunn, Chris Mulkey et Omar Benson Miller... L'histoire se déroule dans le tréfond du sud des Etats-Unis, dans le Kentucky sinistré par de multiples crises ce qui a créé chômage important et une explosion de la délinquance, braquages et stupéfiants. Bref, la ronde habituelle mais si actuelle. Dans cet univers sale et malsain où survit une junkie qui rêve de s'en sortir et où un jeune agent du FBI aux dents longues voit arriver cette jeune femme comme sa porte d'entrée dans le Hall of Fame du FBI.
Problème, il ne s'attendait pas à tomber sur une junkie qui allait tomber amoureuse aussi vite de lui et surtout il ne s'attendait à ce qu'elle soit aussi collante ! Pour bien dépeindre, ou plutôt, pour bien insister sur la misère qui règne sur le secteur le ton est mis sur la photographie (signée Elliott Davis, pas de grands films à son actif mais fidèle de la réalisatrice Catherine Hardwicke notamment sur "Thirteen" en 2003 et "Les Seigneurs de Dogtown") et les décors. Des tons très ternes, des décors dignes d'un bidonville, et pas une once de bonheur dans les environs. Mais le plus gênant reste le parti pris de faire parler Susan Smith/Clarke grâce à une voix Off omniprésente ; d'abord c'est forcément extrapoler ses dires et ses pensées ce qui pose un réel soucis de véracité et de subjectivité, ensuite ça retire tout le moindre petit suspense ou doute auprès du spectateur. Le plus décevant reste l'intrigue, ou les sous-intrigues, qui reposent de fait sur des affaires assez minces peu à même d'intéresser. Il s'agit presque de faits divers (petit braquage d'épicérie, dealer du dimanche...) et seul le fait qu'il s'agisse du premier agent du FBI condamné pour meurtre est susceptible de nous interpeller. Il manque au film deux points importants, celui qu'on ne connait rien de cet agent avant son arrivée ce qui nous empêche de nous y attacher car d'emblée il nous paraît arriviste et sans coeur, idem pour la pauvre junkie qui soudain semble s'attacher à un amour impossible alors qu'elle est soumise (à son ex, à la drogue, à sa routine) depuis toujours. D'un côté l'ambition et l'égoïsme bourgeois, de l'autre la loose naïve du rednek incarnés par des acteurs solides mais pas aidés par un scénario qui manque d'ampleur et de densité. Résultat un polar social glauque qui manque cruellement de fond et d'intérêt. Pas de sortie en salle logique pour ce film qui a tout du bon téléfilm, ni plus ni moins, à regarder un jour de pluie... terne...
Note :