Florian Henckel von Donnersmarck (ça c'est un nom !) s'y entend pour nous conter une bonne histoire et la façon de son cinéma y est pour beaucoup.
Après cette grande découverte émotionnelle et radieuse que fût son premier film : La vie des autres (06) nous retrouvons ici avec grand plaisir le cinéaste de Cologne. Je passe volontairement et pudiquement sur la désastreuse incartade hollywoodienne The Tourist (10) laquelle aurait pu flinguer ce talent.
FHvD (si vous permettez l'acronyme) revient à nouveau sur une période de l'Histoire allemande, et comme de coutume, avec le talent, c'est par la petite histoire que l'on y parvient le mieux.
Le tout jeune Kurt visite un musée avec sa tante, laquelle est quelque peu décalée, impulsive parfois, mal comprise toujours. Le gamin a déjà le goût du dessin, nous sommes en 1937, avec toute cette nauséeuse pensée qui infecte l'Allemagne : on parque, on rapte, on stérilise, on gaze... tant et tant encore. Kurt deviendra peintre, étudiant aux Beaux Arts en RDA.
FHvD montre deux choses d'abord : comment un jeune homme, jeune artiste, cherche sa voie, son style, son œuvre... Ce qui va résonner de lui; être Artiste c'est tendre sa résonance pour qu'elle trouve l'écho des nôtres. Et puis évidemment cette histoire d'amour qui naît de la rencontre de Kurt et de Ellie, dont le père -influent médecin- est lié au passé de Kurt.
Tom Schilling et Paula Beer incarnent avec talent, justesse et charisme leurs personnages.
On avait pu apercevoir Paula Beer dans Diplomatie (14) de Schlöndorf et Frantz (16) où elle tenait le premier rôle aux côtés de Pierre Niney; une belle trajectoire lui est promise, je n'en doute pas.
Tom Schilling a plus travaillé mais est moins connu. Des productions allemandes surtout, avant Suite française (14) ou La femme au tableau (15) déjà la peinture...
Si quelques réalisateurs/trices ont tant soit peu d'imagination, ils se jetteront sur ces deux jeunes comédiens plein de sève et de verve.
Tant à travers l'incarnation de cette belle histoire, écrite ciselée par FHvD, ils nous ont transportés dans leurs affres de vie, d'amour, de création.
Le cinéma allemand est trop rare pour passer à côté de ce joli film de plus de 3 heures.
Synopsis du film L'oeuvre sans auteur :
À Dresde en 1937, le tout jeune Kurt Barnet visite, grâce à sa tante Elisabeth, l'exposition sur " l'art dégénéré " organisée par le régime nazi. Il découvre alors sa vocation de peintre.
Dix ans plus tard en RDA, étudiant aux Beaux-arts, Kurt peine à s'adapter aux diktats du " réalisme socialiste ". Tandis qu'il cherche sa voie et tente d'affirmer son style, il tombe amoureux d'Ellie. Mais Kurt ignore que le père de celle-ci, le professeur Seeband, médecin influent, est lié à lui par un terrible passé.
Epris d'amour et de liberté, ils décident de passer à l'Ouest...