[COEURS D♡ARTICHAUTS] : #5. Her

Par Fuckcinephiles

Copyright Wild Bunch Distribution

Parce que l'overdose des téléfilms de Noël avant même que décembre ne commence, couplé à une envie soudaine de plonger tête la première dans tout ce qui est feel good et régressif, nous a motivé plus que de raison à papoter de cinéma sirupeux et tout plein de guimauve; la Fucking Team vient de créer une nouvelle section : #CoeursdArtichauts, une section ou on parlera évidemment de films/téléfilms romantiques, et de l'amour avec un grand A, dans ce qu'il a de plus beau, facile, kitsch et même parfois un peu tragique.
Parce qu'on a tous besoin d'amour pendant les fêtes (non surtout de chocolat, de bouffe et d'alcool), et même toute l'année, préparez votre mug de chocolat chaud, votre petite (bon grande) assiette de cookies et venez rechauffer vos petits coeurs de cinéphiles fragiles avec nous !


#5. Her de Spike Jonze (2013)
Quand Jonze fait de Her la mise en images intime d'un doux rêveur banal, déchiré par l'un des maux les plus destructeur du quotidien - le deuil sentimental -, vivant dans le regret d'avoir eu trop peur d'avancer sentimentalement avec l'être - supposément - élue, effrayé par tout ressenti (à tel point que son job est même d'écrire des lettres d'amour pour les autres, sans qu'il n'est lui même la force de dire ses mêmes mots); c'est un peu comme s'il faisait volontairement écho à nos existence à tous - la sur-présence d'Arcade Fire en prime -, à une heure ou trouver sa moitié revient à chercher une aiguille dans une botte de foin.

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Bien plus une romance des temps moderne faisant fit des normes sociétaires ou même des obstacles séparant l'être humain et une intelligence artificielle, qu'un vrai pamphlet technologique, la vraie intention du film va tout du long au-delà de la solitude, de l'enfermement et l'individualisme que celle-ci engendre (et ce, même s'il nous met d'une certaine manière, en garde contre nos propres inventions).
Car c'est purement et simplement dans ses questionnements existentiels et ses élans romanesques puissants que Her tire véritablement toute sa force, en décryptant (très) justement la relation amoureuse dans sa forme la plus classique : de l'excitation de la première rencontre au premier rapport sexuel, du premier je t'aime à la première dispute, de l'épanouissement commun à la possibilité de grandir ensemble, et à la volonté de bâtir un futur ensemble jusqu'au douloureux deuil de la séparation...

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Ancré dans un réalisme follement enivrant via un propos profondément contemporain - soit l'aliénation de toute sociabilité et de lien humain par les nouvelles technologies et les réseaux sociaux -, le cinéaste explose les barrières de la rationalisation des émotions, s'autorise tout et démontre qu'il n'y a point de conditions ni de règles pour catégoriser les sentiments et encore moins les relations amoureuses, et que l'on est tous capable d'aimer tout le monde (et tout à la fois), même l'impensable (Theodore et Samantha semblent toujours fait l'un pour l'autre sans que jamais rien ne vienne en contredire cette sincérité, puisque l'OS même qu'elle incarne, est une réelle conscience qui répond au mieux au besoin de Théodore).
Impossible alors après vision, pour toute âme naïve et fragile, de ne pas avoir envie de croire en nouveau à l'amour, de se séparer de l'étreinte asphyxiante de la solitude et de la mélancolie, même si la quête initiatique à arpenter est loin d'être de tout repos.

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Au moins autant que la vie, Her nous fait encore plus fait réaliser que la magie de l'amour parfait n'existe pas, que les silences et les blancs ne sont jamais embarrassants et qu'à chaque tragédie sentimentale, nous avons toujours la force en nous pour nous en sortir (même s'il faut la chercher très, très loin).
Question pansement sentimental sur pellicule façon romance douloureuse qui pousse à l'introspection, on n'a pas fait mieux avec 500 Days of Summer.
Jonathan Chevrier