[COEURS D♡ARTICHAUTS] : #6. Comet

Par Fuckcinephiles

IFC Films

Parce que l'overdose des téléfilms de Noël avant même que décembre ne commence, couplé à une envie soudaine de plonger tête la première dans tout ce qui est feel good et régressif, nous a motivé plus que de raison à papoter de cinéma sirupeux et tout plein de guimauve; la Fucking Team vient de créer une nouvelle section : #CoeursdArtichauts, une section ou on parlera évidemment de films/téléfilms romantiques, et de l'amour avec un grand A, dans ce qu'il a de plus beau, facile, kitsch et même parfois un peu tragique.
Parce qu'on a tous besoin d'amour pendant les fêtes (non surtout de chocolat, de bouffe et d'alcool), et même toute l'année, préparez votre mug de chocolat chaud, votre petite (bon grande) assiette de cookies et venez rechauffer vos petits coeurs de cinéphiles fragiles avec nous !


#6. Comet de Sam Esmail (2014)
Dominé par les (très) mésestimés Justin Long et la sublime Emmy Rossum, Comet suit l'histoire somme toute banale sur le papier, de la romance compliquée entre le névrosé (assumé) Dell et la jolie mais indécise Kimberley, qui s'aimeront et se déchireront sur six longues années.
D'une rencontre dans un cimetière pour mirer une pluie de comètes, à un voyage à Paris en passant par des retrouvailles sur les collines d'Hollywood, le métrage nous conte sans artifice leur tumultueuse et atypique relation.
Un véritable enchainement de montagnes russes émotionnelles, un réel coup de cœur sans concession et dévastateur dont on tombe instantanément amoureux au premier regard, pour peu que l'on accepte l'invitation de cinéma bouleversante qu'elle incarne.
Soit, sans l'ombre d'un doute, l'une des romances les plus poétiques, authentiques et déchirantes de la dernière décennie avec Blue Valentine et 500 Jours Ensemble - à qui il fait d'ailleurs parfois référence -; un putain de moment de cinéma unique et follement abouti à la beauté ravageuse, tout simplement.

IFC Films


Porté par une ambiance voguant constamment entre poésie, mélancolie et rêverie, on y suit les yeux fermés mais surtout le cœur battant les aléas sentimentaux de deux âmes douloureusement empathiques arpentant leur destin commun; dit destin semé d'embuches et complétement déstructuré par un cinéaste s'échinant à montrer face caméra la vérité d'une grande histoire d'amour, que ce soit dans ses hauts et ses bas, ses moments heureux ou malheureux, sa naissance pleine d'espoir ou sa conclusion abrupte.
Une conclusion qui n'est finalement pas une fin, comme la vision qu'à de la vie Kimberley, pour qui l'existence - comme l'amour - ne doit se voir que comme une peinture, sans début et sans fin, un simple instant hors du temps et pétri de grâce.
Magnifique conte moderne et onirique dans une réalité douloureusement dévastatrice (mais contradictoire, la présence de deux soleils laissant planer le doute sur le réel de cette histoire), rythmé comme une chute vers l'avant au réalisme touchant et à la finesse d'écriture absolument remarquable (de la narration non-chronologique et éclatée tel un puzzle jonglant sur plusieurs époques, aux dialogues incroyablement justes), le métrage interroge constamment aussi bien ses personnages que son auditoire, sur l'importance des choix pris - et de leurs conséquences - autant dans notre existence que dans une relation amoureuse avec ce qui est, visiblement, l'amour de toute une vie.

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L'implication et l'identification du spectateur ont rarement été aussi totale et le jeu, d'une perfection troublante, du tandem Emmy Rossum/Justin Long y est certainement pour beaucoup.
Ajouté à ça une bande originale enivrante et une mise en scène épousant chaque faits et gestes de ses protagonistes (et à l'approche visuelle étonnante), et il vous sera facile de convenir que Comet est une merveilleuse expérience de cinéma sensorielle, audacieuse et originale.
Une romance colorée aboutie de bout en bout, pourvu d'une identité qui lui est propre et qui aurait tellement mérité sa place dans les salles obscures hexagonales (et non une sortie DVD dans l'indifférence générale).
Jonathan Chevrier