Après avoir connu un très gros succès populaire en Suède, à tel point qu'une deuxième saison et un film ont déjà vu le jour afin d'en prolonger les péripéties, Une si belle famille débarque ce soir sur Arte pour quatre épisodes. Si le titre français s'avère d'une platitude extrême, l'original ( Bröllop, Begravning & Dop) en révèle déjà davantage sur les événements auxquels vous allez assister : mariage, enterrement et baptême sont au programme. Rien de bien folichon de prime abord mais, on ne vous rassure pas, en second lieu non plus. Ce n'est donc pas pour rien que la série débute lors d'un mariage et y prend place durant l'entièreté de son premier épisode. Difficile à ce moment-là de cerner le ton sur lequel mise le show qui semble vainement vouloir nous faire gober que les frasques présentées le seront de façon un poil loufoque ; en témoigne le gênant mariage qui avait vraisemblablement pour but d'être une sorte de joyeux bordel amusant et dynamique. La poudre de perlimpinpin ne fait donc pas effet bien longtemps : l'ensemble est un insipide mélange de niaiseries, de dialogues ponctués ou non d'humour mais qui ont pour constante de tomber systématiquement à plat, ainsi que de clichés vendus comme des pommes de terre (en filet). Le récapitulatif dudit épisode, en début d'épisode suivant, sur la chanson This is The Way d' E-Type semble vouloir enfoncer le clou pour achever de nous convaincre qu'il s'agit d'une série poilante au rythme effréné, centrée sur une famille dysfonctionnelle aussi attachante qu'amusante alors qu'il n'en est rien. Deux mots : au secours.
D'ailleurs le parti pris de la narration est lui aussi particulièrement agaçant : bien que les événements se déroulent de façon linéaire, ils sont entrecoupés par des passages où le personnage principal, Grace ( Helena Bergström), parle face caméra tout en en faisant des caisses afin de teaser les pseudo retournements de situation à venir, ainsi que pour expliquer le contenu de ses tiraillements psychologiques et émotionnels. Le résultat est au mieux tolérable, au pire (ce qui est souvent le cas) parfaitement ridicule, le tout frôlant la caricature. Dès son deuxième épisode la série change globalement de ton. Si nous alternons toujours entre des personnages aux répliques et comportements fonctionnels, incohérents et redondants, le tout devient mélodramatique à souhait, pour se focaliser sur des storylines un peu plus dramatiques, mais qui font toujours autant lever les yeux au ciel. Et la dynamique va rester ainsi, jusqu'à la fin.
Si nous devions décrire le public visé par Une si belle famille, nous serions tentés, faute de meilleure illustration, de ressortir des cartons l'obsolète notion de " ménagère de moins de 50 ans " (avec tout le respect que nous avons pour les ménagères, bien évidemment). Il nous est ainsi difficile d'extirper de l'ensemble des qualités qui justifieraient de vous recommander Une si belle famille, hormis peut-être les musiques utilisées pour habiller l'ensemble, les regrets du personnage incarné par Maria Lundqvist qui n'a jamais pu enfanter, et l'angle d'attaque consistant à aborder (mais de façon superficielle au final, ce n'est donc même pas un argument à part entière) la grossesse d'une cinquantenaire. Qu'il s'agisse des personnages tous plus clichés et inintéressants les uns que les autres, l'écriture qui sonne faux lors de chaque minute qui s'écoule, les tentatives d'humour et d'émotions ratées, rien ne semble vraiment aller. La série se regarde comme vous mâcheriez une feuille de papier : sans goût et surtout sans raison.
Une si belle famille est donc une série irritante et naïve qui veut se donner la consistance de quelque chose de meilleure qu'elle ne l'est réellement. Tandis que le premier épisode tente de travestir le terrain sur lequel nous avons mis les pieds, le téléspectateur averti découvrira bien assez tôt la supercherie de cette fresque familiale qui semble surtout se légitimer comme le produit adéquat à visionner afin de tuer un peu de temps entre deux lavages de vitres ou lors du fourrage de l'inévitable dinde de noël.
Crédits: Arte