[CRITIQUE] : Fatman

Par Fuckcinephiles

Réalisateurs : Eshom et Ian Nelms
Avec : Mel Gibson, Walton Goggins, Marianne Jean-Baptiste,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Comédie, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h40min.
Synopsis :
Un père Noël tapageur et peu orthodoxe lutte contre le déclin de son commerce. Au même moment, après avoir reçu un morceau de charbon dans sa chaussette de Noël, Billy, un adolescent de douze ans, engage un tueur à gages afin d'éliminer le père Noël.


Critique :

In fine plus proche de la comédie corrisive et absurde sur un Santa Claus misanthrope, que du polar hard boiled semblant tout droit sortie des bénies 70's/80's, #Fatman est une petite déception dans sa relecture 2.0 et déprimée du mythe du 🎅, malgré un Mel Gibson au diapason. pic.twitter.com/IpbitxAcQ6

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) December 28, 2020

Ce n'est un secret pour personne, et encore plus pour les cinéphiles biberonnés aux 80's et conscients que nous sommes : Hollywood est une véritable put*** qui recrache ses enfants chéris presque aussi vite qu'elle les propulse au sommet, et plus violemment encore, les talents ayant un trop net penchant pour l'auto-destruction.
Sans l'ombre d'un doute l'acteur-réalisateur le plus doué et insaisissable de sa génération - avec Kevin Costner -, Mel Gibson paye depuis plus d'une décennie maintenant, malgré un timide retour en grâce, une dette bien trop élevée pour un seul homme, oublié quasiment de toute part par une industrie qui ne veut plus vraiment de lui (autant pour ses frasques que son âge/date de péremption trop avancé au goût des producteurs visant la jeunesse éternelle), malgré des compositions toujours exemplaires (Hors de Contrôle, Le Complexe du Castor, Traîné sur le Bitume), et des talents de cinéastes toujours aussi intact (Hacksaw Ridge).

Copyright Splendid Film GmbH


Squattant un bon lot de péloches savamment exempté des salles, on le retrouve en ces dernières heures de l'année avec Fatman, second long-métrage d'Eshom et Ian Nelms - adapté de leur propre script -, B movie de luxe qui pousse le bouchon du high concept gentiment au fin fond du fun en faisant de l'éternel Martin Riggs, un père noël peu orthodoxe et tapageur, qui lutte contre le déclin de son entreprise (quitte à bosser avec l'armée US) tout en affichant un soutien officieux à la NRA.
Sur le papier, on dit vraiment pourquoi pas, d'autant plus que ce bad santa badass devient la cible de la vengeance d'un môme précoce et négligé de douze piges, qui suite à un sale cadeau de noël (du charbon, crise économique oblige), engage un tueur à gages pour lui faire la peau : Walton " FUCKING " Goggins, sorte de grand gamin sociopathe qui lui-même nourrit déjà une rencontre enfantine envers le papa noël.
Soit tous les voyants au vert pour que ce potentiel DTV de luxe réjouissant et régressif, s'offre un bel avenir de culte instantané pour tous les aficionados d'actionner qui tache, dès que les fêtes de fin d'année pointeraient le bout de leur nez.
Sur le papier, l'idée était on ne plus bonne que d'offrir une relecture 2.0 et déprimée du seul mythe populaire tenant encore debout au crépuscule d'une année 2020 ou tout est parti en cacahuète - pour être poli -, surtout avec en rôle-titre un Gibson qui porte à merveille les stigmates du temps et d'une carrière difficile sur son visage buriné et minéral, totalement prêt à soulever de la tête et des épaules un récit basique qui lui est totalement dévoué.

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À l'écran, l'effort est sans doute en deçà des espérances, tant le B movie à hauteur d'homme qui fait fit de la simplicité évidente de son scénario, s'avère in fine plus proche de la comédie corrisive et absurde sur un Santa Claus misanthrope (dont on met un point d'honneur à faire de sa vie conjugale, le coeur du récit), que du polar hard boiled semblant tout droit sortie des bénies 70's/80's.
Et pourtant, même s'il faut attendre le dernier tiers pour que les choses s'activent réellement au coeur d'un cadre enneigé fait pour faire parler le sang, difficile de totalement taper sur un film (gentiment) irrévérencieux, techniquement et scénaristiquement fragile (mais incarné avec prestance par le trio Gibson/Goggins/Jean-Baptiste), mais qui s'échine à proposer un point de vue sombre et original sur le père noël, à défaut de mettre la gomme sur le désespoir minimaliste et l'action brutale.
C'est dans ces moment-là qu'on aimerait que des cinéastes burnés tels que John Milius, John McTiernan ou Walter Hill, aient une DeLorean pour venir cornaquer les séries B d'aujourd'hui...
Jonathan Chevrier