S'il y avait un film à retenir pour cette fin d'année 2020, c'est sans aucun doute ce nouveau long métrage Disney/Pixar, le 23ème Pixar juste après (2020) de Dan Scanlon. Le film aurait dû sortir au printemps mais comme beaucop trop de films cette année la date a été repoussée avant d'être annoncé pour une sortie directe sur Disney+. L'idée originelle serait venue au réalisateur-scénariste Pete Docter il y a 23 ans : "Tout a commencé avec mon fils, qui a maintenant 23 ans. Dès sa naissance, j'ai ressenti qu'il avait déjà une personnalité. D'où venait-elle ? Je pensais qu'une personnalité se développait en fonction de l'interaction qu'on avait avec le monde qui nous entoure. Or je remarque que dès notre naissance, il y a quelque chose d'unique et de spécifique qui est déjà inscrit en nous." Pete Docter est l'artiste issu de l'écurie Pixar qui semble décidément bien inspiré par l'Au-delà et tout ce qui touche le subconscient comme le montre ses autres oeuvres comme "Monstres et Cie" (2001) ou "Vice Versa" (2015). Notons que "Soul" veut dire "âme" et que le terme indique aussi un style de musique essentiellement afro-américain post-jazz.
Au vu du contexte afro-américain le réalisateur-scénariste a engagé l'auteur Kemp Powers comme co-réalisateur et co-scénariste dont l'unique expérience pour le cinéma se résume au scénario de "One Night in Miami" (2020) de Regina King, puis un troisième co-scénariste Mike Jones membre de Pixar qui a travaillé sur (2017), "Les Indestructibles 2" (2018) et (2019)... Joe Gardner est un professeur de musique qui rêve de s'accomplir en tant que jazzman avant tout mais la vie en a décidément autrement. Un jour la chance lui sourit enfin et est engagé par une jazzwoman réputée mais le jour même il fait une chute qui le place entre la vie et la mort, se retrouvant dans le monde du "Grand Avant" et du "Grand Après". Il va alors tout faire pour retrouver son corps et le monde des vivants objectant avec conviction que c'est injuste, le jour même où la chance lui souriait enfin... Précisons que, outre Kemp Powers, Pete Docter s'est entouré de plusieurs artistes d'univers différents mais afro-américains afin de toucher du doigt leur culture teinté (évidemment !) de jazz ; citons parmi ces consultants la jazzwoman Terri Lyne Carrington, l'anthropologue Johnnetta Betsch Cole, les jazzmen Herbie Hancock et Questlove, ainsi que le pianiste Jon Batiste qui a composé et joué les morceaux du film. En parallèle la B.O. est signée du duo Trent Reznor-Atticus Ross auxquels on doit les compos de films comme "The Social Network" (2010) et (2014) de David Fincher, ou encore de (2018) de Jonah Hill et (2018) de Susanne Bier... D'emblée, on devine bien que derrière le film il y a ceux de "Vice Versa" tant la trame générale et la construction narrative est similaire. Les questions existentielles sont omniprésentes dans les oeuvres de Pixar, et c'est justement sans surprise qu'on découvre Pete Docter comme à l'origine de cette oeuvre. Le premier atout, la première claque repose dans l'esthétique du film, dans le graphisme éblouissant du film qui, comme toujours chez Pixar, reste bluffant de film en film.
Si les détails poils, reflets oculaires... etc... sont toujours aussi impressionnants, cette fois c'est le travail sur les ombres et lumières qui scotchent au fauteuil. Les nuances, les subtilités entre les mondes, entres jour/nuit et noir/blanc, mais aussi sur les rais de soleil, la lumière artificielle... etc... n'auront jamais été aussi précis et inspirés. Magique. Quand on passe du monde réel à l'"Au-delà" on a la petite appréhension que tout va se dérouler dans ce monde "parallèle" mais heureusement non ! Le scénario est judicieusement partagé entre la Terre et cette partie "Grand Avant" et "Grand Après", un bon et malin 50/50 qui correspond donc idéalement à Joe Gardner, qui est entre la vie et la mort. Malheureusement, si on reste bluffé par l'écrin et la technique, l'histoire est relativement basique et jamais l'histoire ne décolle vraiment. En effet, les paramètres au centre du récit (humour, émotion, musique) ne sont pas assumés à fond. Niveau humour les gags sont sympas et drôles mais sont finalement trop parcimonieux. Niveau émotion on est pas au niveau d'un "Coco", trop sage, trop simple peut-être. Puis niveau musique, qui renvoie aussi forcément aux émotions, on est très largement en-deça de ce qui aurait dû être ! Comment un film sur fond de jazz offre aussi peu de musique ?! Idem, on n'est pas au niveau d'un "Coco" qui assumait à fond musique, deuil et émotion dans un écrin de couleur et de magie absolument dément. Ensuite, on peut se poser des questions sur quelques choix qui laissent perplexes comme l'homme-sandwich qui atteint le nirvana !? Néanmoins, Pete Docter offre une nouvelle fois une fable intelligente et ludique pour nos chères petites têtes blondes sur des questions qu'on se posent tous un jour : que faire de notre vie ?! Faut-il aller chercher le bonheur plus loin que celui que nous avons ?! Est-ce que rêves et passions sont liés ?!... Un très beau moment de cinéma à défaut d'être le chef d'oeuvre tant attendu.
Avis de Llowenn ICI !
Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :