Dernier jour de l'année, et finalement pas surpris de finir sur un ultime deuil en apprenant la mort du realisateur-acteur-scénariste Robert Hossein ce jour du 31 décembre 2020 à l'âge de 93 ans.
Né en 1927 à Paris sous le nom de Abraham Hosseinoff, il est le fils du compositeur azéri zoroastrien André Hossein et d'une maman comédienne azéri de confession juive. Il suit très tôt des cours de théâtre notamment auprès au Cours Simon.
Il obtient un petit rôle dans le film "Les Souvenirs ne sont pas à Vendre" (1948) de Robert Hennion et enchaîne aussitôt avec des rôles secondaires dans "Le Diable Boiteux" (1948) de Sacha Guitry et "Aux Yeux du Souvenir" (1948) de Jean Delannoy. Mais intéressé aussi par la mise en scène il se lance en signant la pièce de théâtre "Les Voyous" (1949) qu'il met en scène et interprète sur scène avec un joli succès d'estime à la clef qui l'encourage à persévérer.
Il rencontre Frédéric Dard (ci-dessous) qui adapte la pièce "La Neige était Sale" (1949) de Georges Simenon, ainsi que le metteur en scène Raymond Rouleau, pour lesquels le jeune Robert Hossein joue. Débute alors une belle collaboration durant laquelle Hossein va jouer et mettre en scène plusieurs pièces signées de Frédéric Dard dont "Les Salauds vont en Enfer" (1954) et "Docteur Jekyll et Mister Hyde" (1954). Le metteur en scène et comédien Robert Hossein commence alors à être connu et profite de sa notoriété naissante pour aborder plus frontalement le grand écran.
Avec son comparse Frédéric Dard comme auteur, Hossein réalise son premier long métrage de cinéma en adaptant "Les Salauds vont en Enfer" (1955), tandis que la même année il joue dans "Du Rififi chez les Hommes" (1955 - ci-dessous) de Jules Dassin qui le fait particulièrement remarqué. Ainsi, s'il travaille toujours régulièrement pour et sur les planches la carrière cinéma de l'acteur prend une ampleur telle qu'il tourne souvent jusqu'à 5-6 films par an durant la décennie suivante.
De "Crime et Châtiment" (1956) de Georges Lampin à "Les Yeux Cernés" (1964) de lui-même en passant par des films aussi divers que "La Menace" (1960) de Gérard Oury, "Madame Sans-Gêne" (1961 - ci-dessous) de Christian-Jaque ou "Le Vice et la Vertu" (1963) de Roger Vadim l'acteur tourne de plus en plus à un rythme infernal qui l'impose de plsu en plus aux yeux du grand public et auprès de la profession.
Mais sa carrière prend une nouvelle dimension avec le succès populaire et mondial du film "Angélique, Marquise des Anges" (1964 - ci-dessous) de Bernard Borderie avec Michèle Mercier où il incarne le désormais célèbre Joffrey De Peyrac. Il s'agit là de son premier grand succès au box-office ce qui donne un second coup de fouet à sa carrière prolifique.
Il enchaîne avec pêle-mêle "Le Vampire de Düsseldorf" (1965) de lui-même, "Les Fabuleuse Aventure de Marco Polo" (1965) de Denys de La Patellière, "Mademoiselle de Maupin" (1966) de Mauro Bolognini, retrouve le 17ème siècle avec la suite "Angélique et le Roy" (1966) de Bernard Borderie qui confirme l'incroyable popularité de la saga (l'acteur est absent du second opus "Merveilleuse Angélique" en 1965), "J'ai Tué Raspoutine" (1967) de lui-même, poursuit l'aventure une troisième fois avec "Indomptable Angélique" (1967) et "Angélique et le Sultan" (1968) toujours de Bernard Borderie...
Il tourne de plus en plus en Italie également, avec "Le Temps des Loups" (1969) de Sergio Gobbi et "La Bataille d'El Alamein" (1969) de Giorgio Ferroni, ce qui le pousse sans doute à s'essayer au western spaghetti avec "Une Corde, Un Colt" (1969 - ci-dessous) qu'il réalise et joue en retrouvant une Michèle Mercier non plus rousse mais en brune latine.
1969, son année la plus prolifique avec pas moins de 10 films (!) avec entre autre "La Vie, l'Amour, la Mort" de Claude Lelouch, "Le Voleur de Crimes" de Nadine Trintignant ou encore "Sept Hommes pour Tobrouk" de Mino Loy. Etonnament, ce rythme de tournage infernal semble être aussi son coup d'arrêt. L'acteur va sensiblement ralentir ensuite...
Citons encore son "Point de Chute" (1970), il joue aux côtés de dans "Le Casse" (1971 - ci-dessous) de Henri Verneuil, il retrouve Vadim pour "Don Juan 73" (1973), et tourne à son tour pour un réalisateur-acteur avec "Le Protecteur" (1974) et "Le Faux-Cul" (1975) de Roger Hanin.
Désormais, Robert Hossein tourne de moins en moins et revient doucement mais sûrement vers les planches. Après une première expérience pour la télévision avec "Vogue la Galère" (1973) et "Le Tour d'Ecrou" (1974) qui lui permet de retravailler avec Raymond Rouleau, il fait la connaissance de Alain Decaux journaliste historique avec qui il prépare "Le Cuirassé Potemkine" (1975), spectacle ambitieux, sorte de superproduction de théâtre d'ampleur qui va vite devenir sa spécialité. Tout en jouant de plus en plus pour d'autres pièces, il continue sa collaboration pour des spectacle historique avec par exemple "Notre-Dame de Paris" (1978) et "Les Misérables" (1980).
Après encore quelques films comme "Les Uns et les Autres" (1981) de Claude Lelouch, "Le Professionnel" (1981 - ci-dessus) de Georges Lautner où il fait de nouveau face à Bébel et "Le Grand Pardon" (1982) de Alexandre Arcady il adapte son spectacle sur grand écran avec "Les Misérables" (1982 - ci-dessous) avec un casting prestigieux dont Lino Ventura et Michel Bouquet. Cette adaptation, qui reste un des seuls films où le réalisateur n'est pas acteur, est sans doute l'une des plus fidèles à l'oeuvre de Victor Hugo, qui obtiendra 5 nominations aux Césars dont un lauréat pour Jean Carmet dans un Second Rôle.
Le duo Hossein-Decaux signe ensuite le spectacle "Un Homme nommé Jésus" (1983), qui annonce désormais une réelle préférence de l'artiste pour le théâtre plutôt que pour le cinéma. Comédien et/ou metteur en scène Robert Hossein est sur les planches tous les ans.
Il joue encore régulièrement au cinéma même si on l'y verra de moins en moins et dans des rôles souvent secondaires. Citons "Liberté, Egalité, Choucroute" (1984) de Jean Yanne, son dernier film "Le caviar Rouge" (1986), "Lévy et Goliath" (1987) de Gérard Oury, "L'Affaire" (1994) de Sergio Gobbi, ainsi qu'un rôle symbolique dans la nouvelle version "Les Misérables" (1995) de Claude Lelouch, il apparaît dans "Vénus Beauté (Institut)" (1999 - ci-dessous) de Tonie Marshall, puis (malheureusement !) dans le nanard "San Antonio" (2003) de Frédéric Auburtin adapté d'après son ami Frédéric Dard mort en 2000.
Ses derniers films devant la caméra sont "La Disparue de Deauville" (2006) de et avec Sophie Marceau, "Un Homme et son Chien" (2009) de Francis Huster où il joue une ultime fois avec Jean-Paul Belmondo, et après de longues années d'absence son tout dernier rôle sera pourtant pour le cinéma dans "Le Fruit de l'Espoir" (2019) de Alain Williams.
Entre temps, il met en scène et joue dans sa dernière pièce "Dominici : un procès impitoyable" (2010), mais il sera surtout un maître du grand spectacle avec "Jésus la Résurrection" (2000), "Ben-Hur" (2006) et sa dernière oeuvre "Une Femme nommée Marie" (2011).
Outre sa qualité d'artiste, Robert Hossein a également dirigé le théâtre populaire de Reims à partir de 1970, puis le théâtre Marigny de 2000 à 2008.
Dans sa filmo, Robert Hossein déclarera que son favori est "Le Vampire de Düsseldorf" (1965) dans lequel jouait Marie-France Pisier, sa compagne d'alors.
Robert Hossein se maria une première fois en 1955 avec Marina Vlady avec qui il aura deux fils. Il épouse ensuite en 1962 le toute jeune Caroline Eliacheff, tout juste 15 ans et fille de Françoise Giroud avec qui il a un fils Nicolas qui deviendra Aaron Eliacheff rabbin à Strasbourg. À partir de 1973 il est en couple avec la jeune Michèle Watrin qui mourra à seulement 24 ans dans un accident de voiture duquel Robert Hossein réchappera. Enfin, il épousera l'actrice Candice Patou en 1976 dont il aura un fils.
Bien que né d'une mère juive et d'un père zoroastrien il semble que Robert Hossein ait débuté une évolution après sa rencontre avec l'aumonier du théâtre de Reims en 1970 avec qui il se lie d'amitié. Il se fait baptiser en même temps que son fils Julien à la fin des années 70, qui correspond avec ses projets de grands spectacles "Notre Dame de Paris" (1978) et "Un Homme nommé Jésus" (1983). Plusieurs de ses oeuvres indiquent une ferveur particulière et toujours plus pregnante pour sa foi catholique qui atteint une sorte de salut lorsqu'il est reçu par le Pape François en 2016.Robert Hossein aura écumé plus de 7 décennies devant et derrière la caméra, sur les planches comme dans les coulisses. La grande majorité de sa filmo et de ses meilleurs films sont surtout concentré dans les années 50 à 70, laissant ensuite place au théâtre et à ses spectacles souvent empreint de mysticisme et de foi.
Robert Hossein, artiste accompli et prolifique, trop souvent résumé à son rôle de Joffrey De Peyrac, est mort ce jour de jeudi 31 décembre 2020 à l'âge de 93 ans.