[COEURS D♡ARTICHAUTS] : #18. Sweet November

[COEURS D♡ARTICHAUTS] : #18. Sweet November

© 2001 - Warner Brothers et Bel Air Pictures. All Rights Reserved


Parce que l'overdose des téléfilms de Noël avant même que décembre ne commence, couplé à une envie soudaine de plonger tête la première dans tout ce qui est feel good et régressif, nous a motivé plus que de raison à papoter de cinéma sirupeux et tout plein de guimauve; la Fucking Team vient de créer une nouvelle section : #CoeursdArtichauts, une section ou on parlera évidemment de films/téléfilms romantiques, et de l'amour avec un grand A, dans ce qu'il a de plus beau, facile, kitsch et même parfois un peu tragique.
Parce qu'on a tous besoin d'amour pendant les fêtes (non surtout de chocolat, de bouffe et d'alcool), et même toute l'année, préparez votre mug de chocolat chaud, votre petite (bon grande) assiette de cookies et venez rechauffer vos petits coeurs de cinéphiles fragiles avec nous !

[COEURS D♡ARTICHAUTS] : #18. Sweet November
#18. Sweet November de Pat O'Connor (2001)
Pour tous ceux qui ont vu l'original de 1968, le Sweet November de Pat O'Connor doit avant tout et surtout rivaliser avec un souvenir, tantôt merveilleux et férocement lacrymale pour certains, tantôt cucul la praline pour d'autres; clairement de ces romances loin d'être cohérentes, qui jouent autant avec vos petits coeurs fragiles que votre degré de la suspension consentie de votre incrédulité.
Résolument moins aussi poignante que son aînée, la version moderne du film de Robert Ellis Miller (elle-même inspirée d'une pièce de théâtre d'Herman Raucher, dont Universal Pictures avait acheté les droits fissa avant son arrivée sur les planches), s'échine à aligner une carte assez improbable sur le papier : faire de Keanu Reeves le roi des connards (un publicitaire égocentrique, impertinent et carriériste), qui sous l'étroite et intime bienveillance d'une Charlize Theron, va changer et apprendre ou le vrai sens de la vie réside.

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Sur le papier, l'équilibre est aussi précaire que le concept même du film (et intact en comparaison à l'oeuvre originale) : une femme - Sara - s'offrant sans la moindre réserve, pendant un mois à un inconnu - Nelson -, qui lui-même doit lui consacrer toute son attention.
L'invitation de Sara n'est pas vraiment romantique - alors que le sexe en fait réellement partie -, puisque son véritable intérêt est de l'aider à devenir heureux, et que son hobby secret (mais pas vraiment secret en fait vu que tout le monde est au courant autour d'elle) est de trouver des mecs brisés et de passer un mois à les réparer.
Et elle est déterminée : il sera son projet de novembre.
Et il faut du temps, autant pour Nelson que pour le spectateur, de comprendre et d'être convaincu par cette dite proposition altruiste qui imbibe tous les bords d'une intrigue cousue de fil blanc, mais dont on se délecte de tous les passages obligés comme de petites sucreries qui pétillent sous le palai; car lorsque l'affaire est aussi lancée que le mois de novembre, Sweet November embrasse une flamme romantique que même le ridicule de certaines scènes voire l'océan de clichés qui la submerge parfois (que dire des voisins queers, campé par un excellent Jason Isaac et un Michael Rosenbaum un poil en retrait), ne viendra éteindre.
D'une façon purement cinématographique - et surtout infiniment poétique -, le film autant que son héroïne - dont la maladie ne sera montré que passé la première heure -, tentent de capter la particularité et la singularité de l'âme humaine, autant que la dureté du temps et d'en capturé la magie de son immédiateté; tentent naïvement d'arrêter la vie pour capter, emprisonner quelque chose de beau, en se donnant l'illusion de tout contrôler ne serait-ce qu'un instant - ici un simple mois dans toute une vie, aussi amputée soit-elle.
Mais Sweet November tout comme la vie, est éphémère et toute tentative de contrôle est impossible.

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Touchant même pas forcément là ou on l'attend (comme cette scène où dans la rue, Nelson tutoie l'extase de la " vie d'adulte simple " en bas de l'appartement de Sara, entre un contentement et une tendresse absolus face à une vie ou tout le superflu a été extrait avec tendresse), catapulté dans un San Francisco aussi familier qu'il est sublimé (même un simple petit quartier résidentiel, devient le cadre idyllique parfait dans lequel on veut se perdre), habillé par les couleurs d'un automne doux et chaud, Sweet November n'est ni un chef-d'œuvre du genre et encore moins une réussite imparable (même l'attachant couple Reeves/Theron semble plus souvent mal assortis qu'autre chose), mais sa mélancolie est douloureusement contagieuse et les bons sentiments qui l'habite, embués dans une bande originale langoureuse et jouant fortement sur notre corde sensible (que ce soit le tendre score de Christopher Young ou l'addictive mélodie " Only Time " d'Enya), en fond une séance plus que recommandable, tutoyant parfois la grâce Cupidon-eisque d'un Love Story (comme la scène des centaines de calendriers, pour que novembre dure éternellement).
D'autant plus qu'elle a le culot rare de ne pas donner à son auditoire la récompense qu'il veut (un happy end facile avec les deux héros finissant leur vie ensemble), mais celle frustrante dont l'histoire a besoin : elle va vivre ses derniers jours auprès des siens, lui devient un homme meilleur et les deux finiront leur jours avec le souvenir puissant d'avoir connu le véritable amour au moins une fois...
Jonathan Chevrier
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