Maxime

Un grand merci à Coin de Mire pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Maxime » de Henri Verneuil.

Maxime

« Je ne recommence pas. Je finis. C’est sans doute mon dernier amour »

Jacqueline Monneron, une riche et élégante célibataire, mène une vie brillante et mondaine dans ce Paris de la fin de la Belle époque. Elle est courtisée par Hubert, un jeune homme mal élevé qu’elle rejette et évite. Celui-ci charge Maxime, son homme à tout faire, vieux parisien spirituel, ironique et philosophe, de lui « arranger » une entrevue avec Jacqueline…

« Les femmes, je les connais. Il est des minutes où elles se ressemblent toutes. Et dans ces cas-là, il n’y a qu’un remède pour y faire face : l’absence »

Maxime_Michele_Morgan

En cette fin des années 50, Henri Verneuil est déjà un réalisateur bien établi dans le paysage cinématographique français. Et ce alors qu’il n’a même pas encore quarante ans. Prolifique, il a déjà tourné une bonne douzaine de films en l’espace d’à peine sept ans, la plupart sous le parrainage de la superstar du box-office Fernandel, comme lui natif des Bouches-du-Rhône. Mais las semble-t-il de tourner des comédies (« Le boulanger de Valorgue », « Carnaval », « Le mouton à cinq pattes »), le jeune cinéaste se cherche encore. Ce qui le poussera à s’essayer à différents genres avant de trouver sa voie dans les films d’aventures (« Cent mille dollars au soleil », « Week-end à Zuydcoote », « La vingt-cinquième heure ») et les polars virils (« Mélodie en sous-sol », « Le clan des siciliens », « Le casse », « Peur sur la ville ») qui feront son succès et deviendront sa marque de fabrique. Il signe ainsi à partir de la deuxième moitié des années 50 des romances impossibles (« Les amants du Tage », « Des gens sans importances ») et des comédies dramatiques (« La vache et le prisonnier », « Un singe en hiver ») qui ont en commun d’être portées par des antihéros qui peinent à échapper à leur destin. C’est dans ce contexte qu’il réalise en 1958 « Maxime », d’après le roman éponyme d’Henri Duvernois.

« Vous êtes une femme trop facile. Trop facile pour moi. Allez vous en. Je vous ai déjà oublié. Enfin presque. »

Maxime_Charles_Boyer

Pour le cinéaste, son héros Maxime est à l’image de la célèbre brasserie parisienne, à savoir une institution de la vie mondaine. Un homme à la foi élégant, affable et séducteur. L’image parfaite d’une certaine classe française. Et pourtant, Maxime a perdu de sa splendeur passée. Il est ainsi à l’image des évolutions de la société française : un vieil aristocrate né d’une famille nobiliaire qui se retrouve désormais ruiné, sans le sou, contraint de vivre des services qu’il rend à un homme sans manière mais plus fortuné que lui. Mais Maxime est avant tout un homme d’un autre temps, vestige d’une époque et d’une caste vouées à disparaitre. Son amour tout aussi soudain que fou pour une belle et riche veuve sera symptomatique de la confrontation entre l’ancien et le nouveau monde. Et s’il fera preuve d’élégance jusque dans ses mensonges, il ne récoltera en retour que cynisme et mépris. Loin de ses films d’aventures virils qui feront son succès et deviendront sa marque de fabrique, Verneuil signe ici un drame intimiste et maniériste, dans l'esprit de ceux de Max Ophüls (« La ronde », « Madame de… »). En contrepoint, il filme aussi (et surtout) le crépuscule d’un monde et d’une (belle) époque condamnés à disparaitre dans les tourments de métal et de sang d’une première guerre mondiale imminente. Un contraste saisissant entre le côté dérisoire de la déception sentimentale du héros et le drame humain sur le point de se jouer qui confère à l’ensemble une dimension formidablement tragique et élégiaque. Une réussite formelle portée par la belle prestation d’un Charles Boyer flamboyant.

Maxime_Henri_Verneuil

***

Le blu-ray : Le film est présenté dans une version restaurée en 4k par TF1 Studio, avec le CNC et Coin de Mire Cinéma. Il est proposé en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.

Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance d’époque. En mode « Séance complète », le film sera ainsi précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film ainsi que de publicités et bandes-annonces d’époque, le tout en HD. En mode film seul, « Maxime » se lancera directement.

Edité par Coin de Mire, « Maxime » est disponible depuis le 4 septembre 2020 dans une très belle édition Digibook, limité à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu’un livret reproduisant  des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitation (15,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira tous les cinéphiles.

Maxime_coffret

Le site Internet de Coin de Mire est ici. Sa page Facebook est ici.