Un grand merci à Pathé Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Tango » de Patrice Leconte.
« Je suis marié vous savez. Et c’est terrible d’ailleurs. Parce que je suis avec vous et je ne peux pas m’empêcher d’être amoureux de ma femme »
Bien que coupable, Vincent a été autrefois acquitté pour le meurtre de sa femme. En contrepartie, le juge de l’affaire, l’Elégant, le charge, quelques années plus tard, de tuer Marie, la femme de son neveu Paul. Le juge, éternel célibataire, Paul et Vincent partent à la recherche de l’infidèle. Leur périple sera émaillé de rencontres diverses, animé de discussions passionnées à propos des femmes et des relations qu’ils ont avec elles.
« Toutes les femmes empêchent leur homme de vivre. On ne veut pas les tuer toutes ! Juste celles qui nous emmerdent ! »
S'il a bâti son succès de réalisateur sur la base de comédies marquées par une grande liberté de ton (« Les bronzés », « Les bronzés du font du ski », « Viens chez moi j’habite chez une copine »), Patrice Leconte aborde la seconde moitié des années 80 avec une envie forte de faire autre chose. De s’essayer à d’autres registres. Une évolution qui prend forme dès 1985 lorsque son producteur lui donne l’opportunité de réaliser « Les spécialistes », film policier qui surfe sur la mode américaine du buddy movie. Fort de ce succès, le réalisateur se lance dès lors dans une série de films plus dramatiques et plus intimistes. A l’image de « Tandem », portrait affectueux et haut en couleurs d’une vieille gloire de la radio vieillissante ou de « Monsieur Hire », relecture particulièrement vénéneuse de l’un des Simenon les plus sombres et ambigus. Une période qui trouve son apogée avec « Le mari de la coiffeuse » (1990), qui restera comme l’un de ses plus grands succès critiques. Après quoi le cinéaste traversera la décennie de façon plus balbutiante – exception faite du succès de « Ridicule » - hésitant constamment entre comédie (« Les grands ducs ») et drame (« Le parfum d’Yvonne ») sans parvenir à retrouver son public avant le début des années 2000 et les succès relatifs de « Une chance sur deux » et « La fille sur le pont ».
« Une bonne branlette vaut mieux qu’un mauvais mariage ! »
C’est dans ce contexte que sort en 1993 « Tango », comédie gentiment misogyne en forme de road movie, dans laquelle trois hommes s’engagent dans une croisade vengeresse contre la femme de l’un d’eux qui vient de le quitter. A l’évidence, Patrice Leconte lorgne ici ouvertement vers le cinéma provocateur de son collègue Bertrand Blier. Et ce jusque dans sa forme très écrite, avec des dialogues très crus et des situations totalement absurdes. A l’image du stratagème élaboré par l’aviateur pour se débarrasser de sa femme adultère et de son amant, ou de la rencontre (un brin perverse) avec une drôle de cliente d’hôtel et son mari majordome. « Tango » apparait ainsi comme une étrange relecture de « Calmos », dont il reprend globalement l’argument principal (le rejet des femmes comme principe de vie) en y ajoutant une vision plus optimiste (la souffrance des hommes vient de ce qu’ils aiment trop les femmes). Il en résulte une grosse farce plutôt rigolote (notamment grâce à la truculence des dialogues) bien que manquant un peu de finesse et de légèreté. Surtout, contrairement à « Calmos » qui s’inscrivait dans un contexte sociétal bien précis (féminisme, retour à la terre), « Tango » semble déjà en décalage avec les préoccupations de son époque, perdant ainsi de sa fougue et de sa portée provocatrice. Pas certain cependant qu’un film aussi irrévérencieux puisse encore sortir dans une époque aussi conformiste que la nôtre. Un film à voir donc pour ce qu’il est, pour sa liberté de ton ainsi que pour la composition très drôle de Philippe Noiret.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants et anglais sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « Retour sur Tango » : entretiens avec Patrice Leconte et Thierry Lhermitte (32 min.).
Édité par Pathé Films, « Tango » est disponible en édition collector blu-ray + DVD depuis le 21 octobre 2020.
Le site Internet de Pathé Films est ici. Sa page Facebook est ici.