Si ce film est un film sur l'amitié, il est aussi un projet d'amis puisqu'il s'agit du premier long métrage de Michael Angelo Covino et Kyle Marvin. Le premier réalise et co-signe le scénario avec le second alors qu'ils sont tous deux habituellement producteurs comme sur les films indés "Babysitter" (2015) de Morgan Krantz et "Hunter Gatherer" (2017) de Josh Locy. Les deux amis se sont connus il y a dix ans sur le tournage de spots publicitaires. Mais à la base "The Climb" (2018) est un court métrage : "Quand on faut du vélo, on a l etemps d eréfléchir. Je me suis retrouvé confronté à un de mes plus proches amis qui avait couché avec mon-petite copine - et j'ai repensé à ça au cours d'une balade à vélo. C'est comme ça qu'est né le court métrage." Résultat un court présenté au festival de Sundance et dont l'accueil a poussé les deux compères à envisager un projet long métrage. Michael Angelo Covino précise : "J'ai de la famille en France et j'y ai passé pas mal de temps - et par ailleurs, mon ex-petite amie est française. J'ai découvert une passion et une fierté chez beaucoup de français, et dans la culture française en général, que je trouve magnifique. Par ailleurs, je tenais vraiment à avoir un prétexte pour faire du vélo dans le sud de la France." Le cinéaste est d'ailleurs assez amoureux pour avouer des références comme François Truffaut, Jean-Luc Godard, Agnès Varda et Eric Rohmer...
Kyle et Mike sont deux amis de longue date, et s'ils sont très différents leur amitié a toujours résisté aux épreuves. Tout change le jour où Mike avoue à Kyle qu'il a couché avec sa fiancée. Le temps passe, Mike a perdu sa femme, tandis que Kyle est une nouvelle fois proche de se marier à nouveau. Les amis se retrouvent mais un nouveau drame arrive ; va-t-il remettre en cause leur amitié ?... Les deux amis co-scénaristes s'octroient les deux rôles principaux, qu'on aurait aucun mal à y voir une histoire autobiographique (!). Michael Angelo Covino est donc Mike et Kyle Marvin est Kyle, si les deux ont déjà joué de temps à autre devant la caméra c'est la première fois pour des rôles aussi importants. Les fiancées sont interprétées par la frenchy Judith Godreche qui se fait rare en ayant tourné que 3 films à l'étranger depuis (2013) de Park Chan-Wook, et Eden Malyn remarquée dans la série TV "Orange is the New Black" (2015-2016). Pour le reste de la famille citons George Wendt qui a une collection de film de Noël plutôt inhabituelle dans sa filmo, Talia Balsam (fille de Martin Balsam) vue notamment dans "Wackness" (2008) de Jonathan Levine et "Brooklyn Village" (2016) de Ira Sachs, et Gayle Rankin vue dans "The Meyerowitz Story" (2017) de Noah Baumbach et "The Greatest Showman" (2018) de Michael Gracey... Le début impose un côté indé clair, avec sa dose humaniste, fantaisiste et de drame sous-jacent. La construction narrative est découpée en chapitre qui permet judicieusement de se focaliser sur des moments phares de l'histoire (qui se déroule sur une dizaine d'années à priori), et placer des ellipses qui n'ont nullement besoin d'un trop plein explicatif. Bien vu.
Ensuite on est assez conquis par des séquences décalées et chantées mais qui semblent peu assumées dans le concept, sinon on peut penser qu'il manque 1-2 intermèdes sur l'ensemble du film. Mais le vrai soucis vient plus des personnages principaux. D'abord on a bien du mal à voir en Mike un séducteur redoutable, ensuite il reste un individu toxique dont on a bien du mal à comprendre en quoi il est un "meilleur ami" indispensable ?! C'est un con égoïste dépressif qui n'est jamais drôle ou un temps soit peu cultivé et/ou intéressant. Aucune empathie pour cet énergumène donc, face à un Kyle bien plus sympathique mais si mou, si fade, si influençable qu'il peut certe être touchant mais n'apporte rien de consistant. Pas étonnant que les autres protagonistes les bousculent ou tentent de les bousculer dans leur train train tranquille et puéril. On est donc un peu frustré tant on perçoit un potentiel, une histoire qui a tout pour émouvoir et faire rire, mais les deux amis signent un film qui ne va pas au bout des choses (zygomatiques en berne, lacrymales en berne...), c'est monocorde et sans consistances comme si qu'à force de chercher la mesure les deux auteurs sont restés hors piste. Dommage.
Note :