3ème long métrage du japonais Nobuhiro Suwa après "2/Duo" (1997) et "M/Other" (1999), et son premier long métrage "français" pour le cinéaste que certain considère comme "le plus français des cinéastes japonais". Ce ci étant expliqué par l'importance de la culture française dans ses films notamment. Précisons que le réalisateur signera d'autres films chez nous comme "Un Couple Parfait" (2005) et surtout "Yuki et Nina" (2009). Au départ, le projet était un film en collaboration avec Robert Kramer ("Diesel" en 1985, "Route One/USA" en 1989 ou encore "Cités de la Plaine" en 1999) sur le bombardement atomique de Hiroshima qui aurait été montré via différents points de vue. Malheureusement la mort de Kramer a poussé Suwa à penser son projet différemment, et étant un amoureux de la France il s'est intéressé au célèbre film "Hiroshima, Mon Amour" (1959) de Alain Resnais d'après Marguerite Duras. Résultat, Nobuhiro Suwa a décidé de signer une sorte de melting-pot entre docu-fiction, remake et mise en abyme du film de Resnais...
Le réalisateur Suwa Nobuhiro réuni une équipe de tournage dans sa ville natale de Hiroshima afin de réalisé un remake du film "Hiroshima Mon Amour" de Resnais. L'actrice Béatrice Dalle a été choisie pour reprendre le rôle tenue à l'origine par Emmanuelle Riva, et le cinéaste s'entoure également de la Directrice Photo Caroline Champelier... Donc logiquement Nobuhiro Suwa est présent dans son propre rôle, ainsi que la Directrice Photo Caroline Champelier, accessoirement maman de l'actrice Alice De Lencquesaing qu'elle a eu avec Louis-Do de Lencquesaing, et qui a surtout travaillé sur des films comme "Toute une Nuit" (1982) de Chantal Ackerman, "La Bande des Quatre" (1988) de Jacques Rivette, "La Fille Seule" (1995) de Benoît Jacquot ou encore "Selon Matthieu" (2000) de Xavier Beauvois. L'homme est incarné par Ko Machida dans son seul et unique rôle, l'homme étant surtout connu comme un des artistes japonais les influents de sa génération, comme chanteur rock punk mais aussi et surtout comme écrivain ayant notamment reçu pour son livre "Charivari" le prix Akutagawa l'équivalent de notre prix Goncourt. La femme est incarnée par la star Béatrice Dalle, révélée par le culte "37°2 Le Matin" (1985) de Jean-Jacques Beinex et vue depuis entre autre dans "La Sorcière" (1988) de Marco Bellocchio, "The Blackout" (1997) de Abel Ferrara et "Trouble Every Day" (2001) de Claire Denis... La trame du film est donc pour résumé le tournage d'un film dans un film sur un film pré-existant, mais avec une réflexion qui renvoie forcément à Hiroshima mais aussi sur les raisons qui poussent à faire un film.
Rien de surprenant que le film passe du français au japonais en passant par les silences, et rien de surprenant que le film mêle documentaire et fiction, comme l'a fait Alain Resnais puisque, rappelons-le, "Hiroshima Mon Amour" débute par une première partie très documentaire avant de se focaliser sur le couple. Mais très vite, on constate des bizarretés comme le fait de couper le son soudainement sans raison évidente avant de le remettre de façon tout aussi aléatoire. Il alterne entre toute sorte de scènes, tous sortes de styles, passant de dialogues plus ou moins vains ou intéressants, passant de commentaires en plan fixe à des images d'archives à une séquence de tournage pur... etc... Mais le tout découpé de façon qui paraît alétaoire et/ou décousu qui donne l'impression d'un patchwork certe original mais incompréhensible et incohérent. Le film réunit en l'espace de 111 minutes une collection interminable de concept et d'idées de mise en scène allant du hors champ aux silences gratuits en passant par des plans fixes vides et des séquences plus ou moins contemplatifs. Finalement, on s'attend à chaque instant à une évolution narrative qui n'arrive jamais, car finalement Nobuhiro Suwa signe avant tout un exercice de style un brin nombriliste auquel le spectateur est invité fortement à accepter et, on s'en doute, à admirer. Mais en vérité, si l'invitation est alléchante le film s'avère un capharnaüm de tout et de rien qui laisse comme un grand vide. On s'amuse alors du clin d'oeil sans doute involontaire de la robe rouge de Béatrice Dalle avec "37°2...", tout en étant séduit par le jeu tout en sobriété et subtilité de l'actrice. Un film qui impose une certaine fascination, mais qui ne dure que trop peu de temps pour franchement apprécier un film qui ne semble pour personne d'autre que son auteur.
Note :