Depuis 2014, Jérémie Guez s'est fait un nom dans le milieu du cinéma en participant à de nombreux scénarios qui ont donné lieu à plusieurs réussites de Yves Saint Laurent à La nuit a dévoré le monde en passant par Carnivores ou La terre et le sang. En 2018, il a réalisé son premier long métrage Bluebird sorti simplement en VOD en 2020. Un film sec et tendu comme une arbalète, pas exempt de défauts, mais faisant montre d'un respect indéniable pour le genre. Sauf que Jérémie Guez n'est pas qu'un scénariste talentueux car c'est avant tout par ses romans qu'il s'est fait connaitre à partir de 2010 avec Paris la nuit, Balancé dans les cordes (adapté au cinéma pour donner le film Burn Out en 2017), Du vide plein les yeux et Le dernier tigre rouge paru en 2014. Sept ans après, Jérémie Guez revient à la littérature avec Les âmes sous les néons. Avec un style déconcertant au départ et très vite impressionnant de maîtrise, de par sa rythmique basée sur des phrases courtes et qui claquent comme un coup de feu dans la nuit, un style qui vous emporte ou qui vous rebute, mais qui ne peut pas laisser indifférent tant il s'éloigne des standards et surtout de la manière de les raconter.
Avec un récit à l'os, dépourvu de scories Jérémie Guez sait caractériser ses personnages avec peu de mots certes mais suffisamment bien choisis pour définir leur façon d'être et de se mouvoir dans ce monde. Sa faculté à peindre des situations, des décors, des sensations sans en faire trop est réellement incroyable. Ses deux héros se tournent autour tout du long mais jamais l'auteur n'enfonce des portes ouvertes et au contraire il déjoue nos attentes avec maestria. Avec ce style si brillant qui n'est jamais de l'esbroufe gratuite, Jérémie Guez propose un roman cinglant et atypique qui en impose. L'attente de son second film de réalisateur Sons Of Philadelphia qui sortira en 2021 n'en est que plus forte mais on attend son prochain opus littéraire avec au moins autant d'impatience.
Les âmes sous les néons de Jérémie Guez - La Tengo Editions